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30/08/1705 Thionville-Volkrange: La fête au village (suite 0)

Publié le par Persin Michel

Nous avons vu la relation de l'incident du 30/08/1705 à la fête de Volkrange:

Quels étaient donc ces notables impliqués dans cet incident à la fête patronale de Volkrange  le dimanche 30 août 1705.

Nous allons commencer par la personne qui a porté plainte devant le bailliage, je veux parler de Jean Mathias Bock :

Jean Mathias Bock était seigneur foncier de Volkrange [1] et d’Algrange. Il fut aussi procureur du roi au bailliage de Thionville de 1699 à 1727 et subdélégué de l’intendant de Metz.  Il était né le 15 décembre 1664, il avait donc 41 ans lors de cette fête.

[1]  Pour la moitié seulement de la seigneurie.

 

Armoiries de la famille de Bock : De gueules au bouc d’argent,

Armoiries de la famille de Bock : De gueules au bouc d’argent,

La famille de Bock :

Cette famille était déjà connue vers l’an 1000, on la retrouve au 13ème siècle à Strasbourg qu’un de ses membres, Valentin de Bock, quitta pour suivre l’empereur Charles-Quint avec qui il participa à de nombreuses actions armées. Le 9 novembre 1532, il est fait chevalier et reconnu comme noble de l’empire avec droit de siéger et droit au grand chapitre. Ce titre fut confirmé le 17 juin 1617 par Henri, duc de Lorraine.

Ce Valentin de Bock devint seigneur de Vance et d’Autel proche d’Arlon [1]  il est à l’origine de la branche dite d’Arlon. Il épousa une sœur de Mathias Hilt, conseiller et ministre d’état du Luxembourg. Il en eut  au moins deux fils : Nicolas et Eustache

Eustache de Bock fut à l’origine de la branche des seigneurs de Pétrange [2]

Nicolas de Bock, est qualifié de chevalier, seigneur de Vance et d’Autel [3] dans un partage de 1586. Il épousa Nicole de Varck, fille du noble Michel de Varck. Ils eurent au moins deux fils 

Rutgen de Bock, seigneur de Vance  qui n’eut qu’une fille, c’est son frère Jacob qui continua la filiation.

 

[1] Preuves par le diplôme du 9 novembre 1532 et par des copies expédiées par le magistrat de Luxembourg du 28 juillet 1636 et plusieurs traductions. Toutefois la branche alsacienne ne reconnut la branche Lorraine que comme une famille homonyme.

[2]  Pétrange proche de Boulay

[3] La famille d’Autel était très puissante et alliée à de nombreuses familles nobles du Luxembourg dont probablement la famille de Bock par une épouse, mais le lien n’est pas établi formellement. Toutefois, il n’était seigneur qu’en partie et seulement pour une partie foncière du domaine. Par exemple, la seigneurie de Vance était détenue par plus de 10 familles qui n’en détenait qu’une petite partie.

 

Jacob de Bock, seigneur d’Autel marié à  Anne de Lutzerat. Ils eurent plusieurs enfants dont François de Bock né le 24 octobre 1586, chevalier qui vendit la terre d’Autel, il épousa Marie Vilthem [1] et eut avec elle, un garçon et une fille.

La fille, Félicité de Bock fut Dame de Marienthal, couvent au Luxembourg qui possédait des biens à Thionville -Voir le lien suivant

Le garçon, François de Bock, chevalier, né le 27 janvier 1619. N’ayant plus de biens au pays d’Arlon, la terre d’Autel ayant été vendue par son père, il vint s’installer à Thionville. [2]. Son installation à Thionville se fit peu avant la guerre de Trente ans, où il commerça le bétail autour de la ville pendant les sièges de 1639 et 1643, gagnant beaucoup d’argent.  Le 5 juin 1683, il achète à Jean François de Gévigny [3] la seigneurie foncière de Volkrange pour 1450 écus blancs soit 4350 livres tournois. Il acheta aussi une partie de la seigneurie foncière d’Algrange. Il eut plusieurs enfants dont :

Jean Nicolas de Bock, chevalier et seigneur d’Algrange, né le 20 février 1648, c’est lui qui fit reconnaître en France sa famille, prouvant son ancienneté et sa noblesse dont il obtint confirmation avec tous les privilèges associés par des lettres patentes données à Versailles le 6 septembre 1722 et enregistrées au parlement de Metz le 25 février 1723. Il fut lieutenant particulier au bailliage de Thionville et décéda le 14 avril 1699. Il épousa Agnés Marie Scharff, dont il eut plusieurs enfants.

Et notre protagoniste de l’incident à la fête de Volkrange :

Jean Mathias de Bock, chevalier, seigneur foncier d’Algrange et de Volkrange, né le 15 décembre 1664 et décédé sans enfant.

La généalogie de la famille de Bock montre ensuite des alliances avec d’autres familles de notables thionvillois comme les « Hue de Saint-Rémy », les « de Gargan du Chatel », les « Baudet de Puymaigre », les « Blanchard » qui sont tous à des degrés divers impliqués dans la vie militaire de la région et de la France en général ainsi que dans les charges civiles municipales, du bailliage ou/et du parlement de Metz. [4].

 

Pour les spécialistes et érudits qui liraient cet article, je tiens à signaler que dans  le livret de Sylvain Chimello « Le château de Volkrange et ses chatelains » paru en 1991, la généalogie qu’il donne en page 15 concernant Jean Mathias Bock est erronée. Il en est de même pour les notes « Christiany » des archives municipales. La généalogie que je donne ci-dessus est reconstituée d’après des documents notariaux originaux des archives départementales de la Moselle.

 


[1] La famille Vilthem ou Wilthem était affiliée à d’autres seigneurs de Vance.

[2]  On ne sait pas pourquoi la famille de Bock vint s’installer à Thionville où elle acheta ou hérita la seigneurie foncière d’Algrange.

[3] Capitaine retraité d’un régiment de dragons, seigneur de Meilbourg et grand bailli d’épée à Thionville sous Louis XIV. Il n’avait gardé cette seigneurie foncière qu’une seule année. Il l’avait achetée à Marie Madeleine de Siebricht Neursbourg.  (Sylvain Chimello Le château de Volkrange et ses chatelains 1991)

[4] Charges achetées comme souvent aussi leur grade dans l’armée, car à la base nous avons très souvent des familles bourgeoises enrichies dans le commerce.

 

 Au décès de Jean Mathias de Bock, n’ayant pas de descendance, la moitié de la seigneurie foncière dont il était propriétaire passa à Jean Emery de Boislogé [1] le mari d’Anne Fourot [2] pour la bonne raison qu’ils achetèrent à la famille cette seigneurie foncière. En sachant qu’Anne Fourot avait comme grand-mère maternelle Anne Françoise de Bock qui s’était mariée avec Bathélémy Fourot.

Avant de voir dans un prochain article, le co-seigneur haut-justicier et foncier de Volkrange, Jean de Pouilly et son fils François Issaïe de Pouilly directement impliqués dans cet incident puisque l’ayant en quelque sorte provoqué, regardons deux autres protagonistes de l’affaire, je veux parler des sieurs Jean Louis Larminat et François Nicolas Fringan.

Jean Louis Larminat :

Il avait fait l’université de Paris et fut reçu comme avocat au parlement de Metz le 13 mars 1684. Il a exercé au bailliage de Thionville comme avocat et comme receveur des amendes, vacations et épices du bailliage. Il deviendra subdélégué de l’intendant. Il fut aussi nommé le 20 juin 1705, procureur fiscal pour François Issaïe de Pouilly [3]. Marié à Marie Helminger, il aura en 1686, un fils Louis Larminat. Il décéda à Thionville le 1er novembre 1709 soit 4 ans après l’incident de Volkrange.

Son fils Louis Larminat fit ses études à Reims puis devint avocat au parlement de Metz le 15 août 1709 et succéda rapidement à son père comme subdélégué de l’intendant dont il fut aussi conseiller à partir de 1714.

La famille Larminat portait comme des armoiries :

D’azur au pal d’argent, chargé d’un tourteau d’Azur.

François Nicolas Fringan :

Il fut subdélégué et lieutenant particulier des eaux et forêts au bailliage de Thionville où il mourut le 23 octobre 1752 à 75 ans.

Son fils Pierre Fringan fut lui aussi subdélégué et lieutenant général civil et criminel au bailliage de Thionville. Il décéda en 1779.

Dans notre prochain article nous verrons la Famille de Pouilly dont jen  et son fils François Issaie furent seigneur haut-justicier et moyen et bas foncier pour moitié de Volkrange, Metzange et Beuvange.

(à suivre)

 


[1]  Chevalier de Saint-Louis, maréchal des camps et armées du Roi. Lieutenant-général commandant l’artillerie dans les trois évéchés.

[2] Contrat de mariage du 26 décembre 1696 à Thionville

[3]  Le 8 août 1705, lors de l’incident à la fête de Volkrange, il était donc déjà procureur fiscal de la haute justice de Volkrange.

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1678 - Bateliers de Thionville et fortifications

Publié le par Persin Michel

L'année 1678 verra des travaux aux fortifications de Thionville.

Ainsi le 3 mars 1678, un traité est conclu devant le notaire Fourot de Thionville entre Monsieur de Choisy (1), brigadier général des armées du Roi, commandant pour son service au gouverneur de Thionville (2), directeur des fortifications du Roi à Thionville et le sieur Thiry Permas entrepreneur en transport résident à Koenigsmacker. Tous les maires des villages environnants sont convoqués à Thionville afin de signer un traité les obligeant à engager leur communauté à payer une part des frais engagés pour le transport de pierres et moellons nécessaires aux fortifications de la ville.

Extrait du traité:

"Devant les notaires royaux de Thionville furent présent en personne tous les maires des villages du gouvernement de la ville, soussignés et sous marqués, lesquels chacun à leur égard au nom de toutes leurs communautés étant respectivement députés de celles-ci. A cet effet nous ont dit volontairement et déclaré que pour leur utilité publique et le soulagement de tout le gouvernement qui est obligé aux corvées et charrois de pierres et moillons pour la construction des ouvrages du Roi et fortifications de cette place qui se feront pendant la présente année audit Thionville. Ils ont donné et donnent par les présentes au nom de toutes leurs communautés les pleins pouvoirs et puissance, authorité aux maires, habitants et communautés des villages de Koenigsmacker, Maling, la haute et basse Ham, la haute et basse Guénange dépendant dudit gouvernement de traiter et accorder au sieur Thiry Permas, marchand résident à Koenigsmacher pour faire à leur acquis et décharge et pour le soulagement de toute la prévôté de tous les charrois et voitures de pierres et moillons fait par l'eau ou sur terre qui seront nécessaire pendant la présente année pour la construction des fortifications et ouvrages à quoi les maires de Koenigsmacher, Maling, haute et basse Ham, la haute et basse Guénange sont obligés à la décharge et pour le soulagement des autres communautés qui ont promis de leur donner ou au sieur Thiry Permas entrepreneur des charrois et voitures de pierres, la somme de de 9 livres tournois pour chaque toise cube (4) de pierres qui leurs seront payées de quinzaine en quinzaine à proportion de la délivrance des pierres à quoi l'entrepreneur s'est obligé de satisfaire pour leur soulagement et décharge à peine de répondre de ses propres biens. Suivent les signatures ou marques de tous les maires. "

Les maires:

Jean Gaspard maire de Breistroff - Jean (illisible) maire d'Illange - Joannes Spilgen maire de Cattenom - Michel Schreiner maire d'Inglange - Jean Wolff maire de Sentzich - Paul Stuffer maire de Molvange - (Illisible) maire de Ronchonvillers - Jean Halling maire de Roussy le Bourg - Jean Mukinger maire d'Angevillers - Christophe Zangeslé maire d'Entrange - Bernard Vaner maire de Stuckange - Didier Hagh maire d'Elsange - Jean Boemer maire de Macquenom - George (illisible) mainbourg de la haute Yutz - Joés Hirt maire de Distroff - Bastian A (illisible) maire de Metzervise - Nicolas le Fébure mayeur de Marange - Jean Jhanus maire de Soetrich - François Créber maire de Fameck - Jean Kollen mainbourg de Koeking - Jean Lin..(illisible) maire de Volkange - Nicolas François maire de Budange - Caspard Steffen maire de Garche - Jean Bous..(illisible) maire de Manom - Louis Monp...(illisible) maire de Gandrange - Jacques Jomi...(illisible) maire de Hettange - Nicolas Lefranc maire de Luttange - Le maire de Kanfen signe en allemand gothique - Léonard Lavigne maire de Hayange - Jean Fos maire d'Imeldange - Michel Schwartz maire de Kuntzich - Jean Vatry maire de Bertrange - Jean Vohner maire d'Ottange - Barthel Schiry maire de Terville - Mathis Blanc maire de Veymerange - Jacob Jacque maire de Nilvange - Nicolas Muller maire d'Algrange - Gérard Robert maire de Knutange - Denis Tisserand maire de Fontoy - Nicolas Hos maire de haute Ham - Domange Brandebourg maire de basse Ham ... Plus quelques mentions illisibles.

NB: L'orthographe est à prendre avec circonspection comme toujours pour l'époque.

Sur 45 maires présents, seul les maires de Volkrange, Kanfen, Cattenom, Entrange, Terville, Gandrange, Budange, Koeking, Metzervisse savent signer et 15 ont une marque particulière, les autres font une croix.

Dès le 30 mars 1678, Monsieur de Choisy faisant référence au traité du 3 mars 1678 explique que le sieur Thiry Permas s'oblige au paiement de 1320 livres tournois pour 20 bateaux qui lui ont été délivrés pour faire le transport des pierres. la convention est que Monsieur de Choisy reprendra après la délivrance des pierres tous les bateaux en tel état qu'il lui ont été mis entre les mains sans que le sieur Thiry Permas soit obligé d'en payer aucune chose...

Enfin le 3 novembre 1678, le sieur Thiry Pernas utilisera les service de Jean Nicolas Veynich maitre batelier de Thionville afin de charger une quantité de 200 toises cube (4) de pierres et moellons. Le chargement devant se faire à Rettel et les bateaux devant être déchargés à Thionville au bout du pont. Le paiement se fera au batelier les dimanches au vu du billet que lui fera le sieur Thiry Pernas à raison de 14 escalins (3) par toise cube livrée. Le batelier s'engage aussi à travailler incessamment et sans discontinuer jusqu'à ce que le travail soit fait à la satisfaction des affaires du Roi. D'autre part le sieur Thiry Pernas s'engage à fournir 4 bateaux au maitre batelier Veynich.

(1) Thomas de Choisy, marquis de Mongueville. Premier gouverneur de Saarlouis en 1683 et mort comme maréchal-de-camp.

(2) Depuis 1655, le gouverneur de Thionville était Jacques Rouxel, comte de Grancei et Médavi, maréchal de Grancei, décédé à Thionville le 20 novembre 1680 à 78 ans, après 25 ans de service à Thionville.

(3) Escalin: Petite monnaie d'argent courante au Pays Bas et valant 7 sols et 6 deniers soit 3 escalins font au environ d'1 livre tournois.

(4) 1 toise cube = 7,4 m3 donc le chargement était de 1480 m3.

* Notaire Fourot (archives départementales de la Moselle 3E7545/7546)

Extrait d'une page de signatures ou marques des maires.

Extrait d'une page de signatures ou marques des maires.

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30/08/1705 Thionville-Volkrange : La fête au village (suite 1)

Publié le par Persin Michel

Dans le premier article, nous avions vu le rapport de l’incident du 30 août 1705 à la fête de Volkrange entre les protagonistes suivants :

Jean Mathias Bock par l’intermédiaire de son maire car lui était absent. Il est seigneur foncier de Volkrange pour la moitié de la seigneurie et aussi d’Algrange.

Jean Louis Larminat receveur des amendes et épices de Thionville et procureur fiscal de la seigneurie de Volkrange pour François Isaïe de Pouilly.

François Nicolas Fringan, lieutenant particulier des eaux et forêts au bailliage de Thionville

Tous ces personnages sont décrits plus précisément dans l’article précédent.

Maintenant nous allons voir les autres personnages de cette affaire.

Jean de Pouilly, seigneur haut-justicier de Volkrange, Metzange et Beuvange et seigneur foncier pour la moitié de la seigneurie de Volkrange. Donc co-seigneur foncier avec Jean Mathias Bock de Volkrange.

Isaïe de Pouilly, fils de Jean de Pouilly qui hérite de son père et prend les mêmes titres.

Le sieur de Rolly qui est le beau frère de François Isaïe de Pouilly.

 

La famille de Pouilly: Elle porte d’argent au lion d’azur, armé, lampassé et couronné de gueules

La famille de Pouilly: Elle porte d’argent au lion d’azur, armé, lampassé et couronné de gueules

La famille de Pouilly :

C’est une des plus anciennes familles de chevalerie Lorraine que l’on retrouve déjà vers le 10ème siècle dans la maison forte de Pouilly sur Meuse, proche de Stenay, avec Victor d’Ardenne ou Victor de Pouilly surnommé « L’exterminateur de Normands ».

Elle participa aux croisades en 1096, en 1145 et en 1250, puis elle servit avec dévouement, la France mais aussi l’Allemagne, la branche cadette servit les ducs de Lorraine et  donna à Stenay une dizaine de gouverneurs. Elle s’allia avec les grandes familles lorraines et luxembourgeoises. (Voir sur Gallica : De Pouilly, sires et barons de Cornay et d’Inor… 1865).

Au 17ème siècle,  le village de Rutz ou Ruptz, actuellement Rupt-sur-Othain [1] , est propriété pour moitié de Isaye de Villechole qui est aussi seigneur de Breux et de Ville-devant Raucourt à cause de son épouse Françoise de Sterpigny-Waha-Fronville. Il obtiendra le 26 mars 1609, du duc Henry II de Lorraine, la permission de réédifier le signe patibulaire donc le signe de la haute, moyenne et basse justice sur ce village. Isaye de Carpentier de Villechole [2] eut une fille, Antoinette Carpentier de Villecholle qui épousa Jean II de Pouilly des Ancherins, lequel devint par ce mariage seigneur de Rutz, la famille sera aussi propriétaire en partie des seigneuries de Boureuilles, Cussigny, Porcheresse et autres lieux.

De cette union entre Jean II de Pouilly et Antoinette Carpentier de Villechole, naitra le 11 décembre 1621, Jean III de Pouilly qui épousera le 12 novembre 1649, Eléonore de Roly, de la maison de Roly, originaire du pays de Liège qui se fixa à Roly , village proche de Givet et où subsiste un château maintes fois remanié ayant appartenu à cette famille. Cette famille fut aussi alliée à la famille de Villechole.

Si la famille de Pouilly a été globalement bien étudiée [3] la branche qui nous concerne ici ne l’a jamais véritablement été.

Donc, nous avons ici Jean de Pouilly et Eléonore de Roly, ils se sont donc mariés le 12 novembre 1649 et réside à Grand-Failly où vont naître leurs enfants. Jean de Pouilly est alors désigné comme seigneur foncier de Baranzy proche de Longwy.

Le 16 septembre 1652, naît à Grand-Failly, leur fils, Isay (Isaïe) de Pouilly dont le parrain est Isay de Pouilly, seigneur de Rutz (Rupt) et la marraine ,Jeanne de Pouilly veuve de monseigneur de Saintignon, et dame de Grand-Failly .

 


[1]  A 60 km de Volkrange.

[2]  Vieille famille noble de la région d’Amiens/Saint-Quentin.

[3] Dans l’annuaire historique de l’ancienne noblesse de France par M. de Saint-Allais – Paris 1835

 

Ferme château de Roly

Ferme château de Roly

Le 9 août 1653, naît à Grand-Failly, une fille, Jeanne Thérèse. Son père, Jean de Pouilly est présenté comme seigneur de Baranzy (près de Longwy) et sa mère est bien Eléonore de Roly. Le parrain est Claude de Beauchamp, seigneur de Thonnelalong (Thonne-la-long proche d’Avioth) et la marraine est mademoiselle Jeanne de Villechalle (Villechole) de Picardie.

Naissance d'Isaïe François de Pouilly à Grand-Faily

Naissance d'Isaïe François de Pouilly à Grand-Faily

Naissance de Jeanne Thérèse de Pouilly à Grand-Failly

Naissance de Jeanne Thérèse de Pouilly à Grand-Failly

Les noms du parrain et de la marraine, nous donnent ici de bonnes indications sur la famille proche, ce sont des personnages que l’on retrouve très souvent dans les divers actes concernant la famille de Pouilly.

Une autre fille de Jean de Pouilly et Eléonore de Roly naîtra un peu plus tard, sans doute à Mercy-le-bas dont Jean de Pouilly était devenu seigneur foncier par héritage de la famille de Saintignon. Malheureusement les registres de Mercy-le-Bas ne commencent qu’en 1765.

Toutefois, nous retrouvons le nom de cette fille, Marie Christine de Pouilly,  dans plusieurs actes, dont celui de sa convention de mariage en date du 7 février 1687, avec Ferry Joseph de Roly, âgé de 30 ans, fils de Jean, baron de Roly, seigneur de Sart-en-Fagne et Ville-en-Fagne (Belgique) et autres lieux et  de madame Marie de Fournet. Dans cette convention son frère, Isay de Pouilly est également nommé, tout comme ses parents : Jean de Pouilly, écuyer, dit seigneur de Baranzy et de Volkrange et Eléonore de Roly, veuve en première noce de Pierre de Chaumont.

Jean de Pouilly est dans ce document désigné comme seigneur foncier de Volkrange, nous le savions seigneur foncier de Mercy-le-Bas et de Baranzy. Dorénavant il ne sera plus désigné que seigneur de Volkrange et de Baranzy, le village de Mercy-le-bas n’apparaître plus. Il a probablement vendu cette seigneurie foncière pour acquérir, le 11 décembre 1671 et pour une somme de 1400 patagons [1], la moitié de la seigneurie foncière de Volkrange .

Il a acheté cette moitié de seigneurie foncière à Anne Marie de Nassau sœur de Marie Elisabeth de Nassau, seule héritière du domaine mais qui décéda avant sa sœur et sans enfant. L’autre moitié de la seigneurie foncière de Volkrange était la propriété de François Hue de Saint-Rémy. Donc vers 1681, la seigneurie foncière de Volkrange avec son château appartient à deux co-seigneurs : Jean de Pouilly et François Hue de Saint-Rémy.

Le château n’est plus habité, il est en très mauvais état, pratiquement en ruine et couvert de paille, ayant subit les affres des deux sièges de Thionville de 1639 [2] et 1643 puis les faits de guerre du Maréchal de Créquy.  C’est Jean de Pouilly qui le fera restaurer.

 

[1]  Monnaie  d’or et d’argent créée en 1612,  sous le règne des archiducs Albert et Isabelle (1598 à 1621) et qui connut dans les Pays-Bas et au dehors une grande renommée. Du patagon est dérivé le patard que les villageois de nos villages utilisaient pour payer entre autre, le droit de four banal.

[2] Les plus gros dégâts eurent probablement lieu en 1639 quand la bataille fit rage du côté de Volkrange entre les troupes françaises et les troupes « espagnoles »

La famille de Pouilly donna aussi à l’abbaye de Clairefontaine proche de Virton deux abbesses : Marguerite de Pouilly décédée le 8 décembre 1671 et Antoinette Lucie de Pouilly décédée le 9 juillet 1696, il faut noter que lui succéda Marguerite Josèphe de la Fontaine qui était d’une famille alliée au Pouilly et qui fit rebâtir le monastère, elle décédera le 29 mai 1734 regrettée de tous.

 

Résumons un peu :

En 1671, Jean de Pouilly et Eléonore de Roly, originaires du pays haut et de la Gaume, aujourd’hui en Belgique, sont détenteurs, tout ou partie, de la seigneurie foncière de Mercy-le-Bas et de Baranzy. Ils achètent pour 1400 patagons, la moitié de la seigneurie foncière de Volkrange, en se séparant de celle de Mercy-le-Bas et en gardant celle de Baranzy.

L’autre moitié de la seigneurie foncière de Volkrange est dans les mains de François Hue de Saint-Rémy.

La seigneurie de Volkrange est alors une seigneurie moyenne et basse soit foncière car la haute justice de Volkrange est du ressort de la prévôté de Thionville.

Ils ont eu plusieurs enfants, seuls deux seront cités dans les documents afférents à Volkrange : Isaïe François de Pouilly et sa soeur  Marie Christine de Pouilly.

Le château ou maison forte de Volkrange qui fait partie de la seigneurie foncière de Volkrange acheté par Jean de Pouilly est pratiquement en ruine et Jean de Pouilly le fera restaurer ou plus exactement reconstruire.

Eléonore de Roly va décéder à Volkrange le 7 février 1702 et son mari, Jean de Pouilly décédera également à Volkrange le 9 avril 1707. Ils seront tous les deux inhumés dans l’église paroissiale devant l’autel de la vierge dans le « tombeau de fer ».

Nous verrons dans un prochain article comment va évoluer la situation de la seigneurie sous l’égide du fils François Isaïe de Pouilly et ce que deviendra sa sœur Marie Christine de Pouilly. Nous verrons alors pourquoi nous sommes arrivés dans la situation explosive de la fête patronale du 30 août 1705.

A bientôt

 

Patrimoine et culture à Florange:

http://www.florangepatrimoineculture.fr/

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1737 - Thionville "Agnès de Bock vend sa maison..."

Publié le par Persin Michel

"Aujourd'huy 25 avril 1737, moi noble Agnés de Bock (1), veuve du défunt monsieur Estienne Hue de Saint-Rémy (2) en son vivant, escuyer, seigneur d'Inglange, de la Petite-Hettange et autres lieux, lieutenant général civil et criminel du bailliage et siège royal de cette ville, dame d'Inglange, de Petite-hettange et autres lieux, demeurante en cette ville de Thionville, ne me trouvant point en état de rétablir la maison qui m'appartient en cette ville, provenant et acquise de defunt George de Clémery (3) et dans laquelle réside actuellement monsieur et madame Dethier (4).

Le toit de même que les murs, planches, vitres, portes sont absolument hors d'état de servir, c'est pourquoi, après une délibaration du consentement et à l'assistance de Catherine et Suzanne de Saint-Rémy (5), mes deux filles, j'ai par les présentes vendu, cédé, quitte et abandonne pour moi et les miens, dès maintenant à toujours, irrévocablement et à jamais en tous droits de propriété, fonds et tréfonds au sieur Guillaume Oger Dethier, escuyer, brigadier des armées du Roi demeurant en cette ville et a dame Catherine de Bock son épouse que le sieur Dethier autorise à l'effet des présentes et acceptant pour eux et les leurs, la maison qui m'appartient située rue de la vieille porte, régnante au midi sur ladite rue et au septentrion aboutissant sur les remparts de cette ville, le nommé Cosse et la dame Coussidon au levant d'une part et le sieur Louis Fringan (6), conseiller au bailliage de cette ville, au couchant d'autre part et dans laquelle la famille Dethier réside actuellement. La vente se fait avec tout ce que contient la maison sans en rien excepter, ni retirer. Cette présente vente a été faite de la maison qui est franche et quitte de tous cens, rentes, dettes et hypothèques pour la somme de 10.000 livres tournois (6) de prix principal. Ladite somme de 10.000 livres tournois m'a été comptée et réellement délivré en bonnes espèces d'argent sonnant en écus de 6 livres (7) dont je tiens contente et satisfaite et quitte sans qu'il soit besoin d'autre quittance que la présente.

En foi de quoi, je subroge lesdits sieur et dame Dethier en mon lieu et place, consentant qu'ils entrent dès à présent dans la pleine, réelle et actuelle propriété, possession et jouissance de ladite maison avec promesse de la leur garantir, fournir et faire valloir la présente vente envers et contre tous à toujours de tous troubles, évictions et empéchement à l'exception des faits du Roi sous obligation de tous mes autres biens meubles et immeubles présents et futurs et comme Catherine et Suzanne de Saint-Rémy, mes filles, sont encore mineures, je m'engage à leur faire ratifier la présente vente quand elles seront majeures. De même qu'en cas de mariage par leurs futurs époux au bas des présentes sans autre formalité en foi de tout quoi j'ai signé les présentes, que j'ai de même fait signer à mes deux filles et mis au bas le cachet de mes ames et aussi le sieur et dame Dethier signe avec son épouse et met le cachet de leurs armes au bas des présentes.

A l'instant, j'ai remis au sieur Dethier et à sa dame, tous les titres et papiers concernant ladite maison au nombre de 162 pièces parmi lesquelles, il y a plusieurs pièces de plusieurs feuillets qui sont cotés de la marque Bock de Saint-Rémy".

Fait en double entre nous à Thionville le 25 avril 1737."

Les signatures

Les signatures

Les cachets armoriés

Les cachets armoriés

(1) Agnés Marguerite de Bock :

Elle est née le 14 octobre 1682, elle a donc 55 ans lorqu'elle vend cette maison. Elle est mariée à Etienne Hue de Saint-Rémy, seigneur d'Inglange, de Petite Hettange et autres lieux, il est lieutenant général civil et criminel au bailliage de Thionville, il est déjà décédé le jour de cette vente.

Elle aura 2 filles: Catherine Hue de Saint-Rémy et Suzanne Hue de Saint-Rémy.

Son père était Jean Nicolas de Bock, chevalier, seigneur d'Algrange né le 20 février 1648 qui d'origine Luxembourgeoise, région d'Arlon aujourd'hui en Belgique, se fit connaître en France et reçu des lettres patentes enregistrées au parlement de Metz le 25 février 1723.

Sa mère était Agnés Marie Scharff, une importante famille de Thionville.

Elle avait aussi plusieurs frères et soeurs: Etienne, François, Marie Elisabeth et Catherine impliquée dans cette vente. Tous firent de très bons mariages et occupèrent des emplois prestigieux.

La famille de Bock est une famille qui possède de nombreuses métairies dans les villages autour de Thionville, comme à Volkrange, Elange ...

 

(2) Etienne Hue de Saint-Rémy :

Il est né en 1670 à Thionville, comme son père Claude François Hue de Saint-Rémy, il deviendra  lieutenant général civil et criminel au bailliage de Thionville. Ils furent seigneurs d'Inglange, Petite Hettange et possèdaient de nombreuses propriétés dans toute la région.

Sa mère était Marie Thérèse de la Cour. Son père est mort à 39 ans à Thionville et fut inhumé dans la chapelle Notre Dame des Augustins.

 

(3) George François de Clémery :

Descendant d'une famille de Lorraine anoblie par Charles IV en 1653. Il était seigneur d'Inglange et de Petite Hettange et lieutenant général civil et criminel au bailliage de Thionville.

 

(4) Guillaume Oger de Thier (orthographié ici Dethier):

Anobli en 1722 par Louis XIV, chevalier de Saint Louis, brigadier des armées du Roi, il terminera sa carrière comme maître de camp de l'infanterie. Il était originaire de Maastricht. Il fut très contesté par les historiens qui le disent habile à se faire valoir et à "augmenter" ses exploits guerriers et ses origines. Il eut 2 fils qui furent capitaines au régiment de Languedoc et 1 fille qui fut religieuse à la visitation à Metz.

Il était donc marié à Catherine de Bock, née le le 17 juillet 1689 à Thionville, soeur d'Agnés Marguerite de Bock.

 

(5) Catherine de Bock :

Fille de d'Agnés Marguerite de Bock et d'Etienne Hue de Saint-Rémy, mariée à Joseph de Sancy, seigneur de Malavillé, chevaleir de Saint-Louis et lieutenant colonel du régiment de Penthièvre.

Suzanne de Bock :

Fille de d'Agnés Marguerite de Bock et d'Etienne Hue de Saint-Rémy, mariée à François Théodore de Gargan du Chatel, écuyer, chevalier de Saint-Louis etlieutenant colonel du régiment de Montmorin.

 

(6) Louis Fringan :

Conseiller du Roi au bailliage de Thionville.

 

 

(7) 10.000 livres tournois:

Somme assez considérable pour l'époque surtout si l'on considère que la maison est décrite comme en très mauvais état.

Par exemple, une belle maison à la campagne valait en 1788 environ 1400 livres et une maison de campagne rustique avec son verger valait 270 livres en 1767.  Même ne tenant compte du doublement de la valeur de l'écu entre 1690 et 1730, ce prix reste toutefois élevé.

Maintenant, on ne connaît pas l'importance de la maison, ni son contenu car la maison est vendue meublée et équipée. La rue de la vieille porte était à cette époque habitée par des notables, pas les plus riches, car ceux-ci habitaient de préférence aux alentours direct de la cour du château et de l'église Saint-Maximin. Les rues qui se trouvaient plus éloignées du centre comme la rue de l'hôpital ou la rue du four banal étaient "réservées" aux habitants moins fortunés, commerçants et artisans.

NB: La livre tournois était une monnaie de compte et n'existait pas en tant que pièce de monnaie.

 

(8) Ecu de 6 livres :

Vers 1690, cet écu dit  "écu blanc" valait 3 livres et 6 sols, toutefois dix ans plus tard, il valait 5 livres puis rapidement, il monta à 6 livres et le resta jusqu'à la révolution où il fut remplacé par la pièce de 5 francs (Hercule)

Brigadier du Roi

A l'origine, ce titre n'était pas un garde de l'armée, mais vers 1667, dans les guerres incessantes du roi soleil, on créa cette fonction qui consistait à porter les ordres dans les divers bataillons qui étaient engagés. A cheval, le brigadier galopait d'une brigade à une autre, passant les ordres. L'armée s'en trouva plutôt satisfaite, on créa donc ce grade dans les différentes armes où ils purent progresser dans la hiérarchie militaire.

 

Sources ADM Hennequin  3E7748

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