1674 - Le bail du moulin de Thionville (1ère partie)
Avant d'en venir au bail dans un prochain texte, quelques notions sur "les moulins" de Thionville.
Vers 1200/1300, le moulin de la ville se trouvait sur la Moselle, vers la place du Luxembourg où venait se jeter dans la Moselle, l'eau des fossés qui entouraient alors les remparts de la ville.
Emplacement peu judicieux car lors des crues, le moulin subissait des dégâts importants et restait sans produire de longues semaines, idem lors des étiages d'été où la rivière trop basse ne pouvait plus faire tourner le moulin ce qui entraînait encore du chômage.
Pourtant, cet état de fait dura de longs siècles. D'autres emplacement furent essayés mais toujours sur la Moselle, en bas des remparts un peu en amont du pont couvert. Bien entendu, il y avait toujours les mêmes causes et les mêmes effets.
Alors, quand le moulin ne marchait pas, on recourrait à des moulins à l'extérieur de la ville principalement aux moulins de Florange et Terville. En dernier recours, il existait à Thionville, un moulin à cheval (mû par un cheval) appartenant à l'armée et qui se trouvait rue Brûlée, dans les magasins du Roi. Dans les cas vraiment difficile (inondations ou gel qui duraient), sièges ou insécurité en dehors de la ville, on pouvait distribuer aux boulangers de la ville des petits moulins à bras portatifs (mû manuellement) provenant de l'armée.
Au 15ème siècle, des travaux aux remparts de la ville vont amener la destruction du moulin de la ville, le moulin de Terville (souvent appelé de "Daspich") est en ruine suite aux coups de mains incessants autour de la ville, coups de mains qui visaient très souvent en premier lieu, les moulins. Les habitants vont demander aux autorités bourguignonnes l'autorisation de reconstruire le moulin de Terville et d'en construire un autre. (Thionville est alors dans sa période Bourguignonne)
En 1462, le duc de Bourgogne accorde aux bourgeois de Thionville ce qu'ils demandent, la réfection du moulin de Terville (dit de Daspich) et la création d'un autre moulin sur la Moselle à condition qu'il ne gêne pas la navigation.
Il donnera aussi à la ville de Thionville la banalité de ces moulins moyennant le versement d'une rente annuelle. Donc, les moulins de Thionville ne seront plus banaux et dépendront de la ville de Thionville, même si des nobles, notables ou bourgeois en étaient les propriétaires et touchaient à ce titre une rente foncière.
Cette décision amena la réparation du moulin de Terville qui sera encore mis à mal au cours des sièges qui suivront.
Elle amena aussi la construction du moulin de la porte de Metz qui deviendra le moulin "Nouviaire" et dont les bâtiments existent toujours vers la place Marie-Louise. Pour alimenter en eau ce moulin on eu alors l'idée d'aller par un canal prendre l'eau de la Fensch qui passait alors à Terville, peut après le confluent avec le ruisseau de Veymerange
Enfin vers 1692, un petit moulin à foulon qui existait à Beauregard sur ce canal de dérivation de la Fensch, sera transformé en moulin à farine par le maitre meunier Pierre Dubois. A cette date Pierre Dubois rétabli aussi le moulin de Terville appelé le moulin Rouge qui était en ruine suite au siège de 1643.
La ville aura alors 3 moulins pour sa subsistance: Le moulin de la porte de Metz dit le moulin d'en haut, le moulin de Beauregard et le moulin de Terville dit le moulin Rouge qu'en appelait aussi les moulins du bas.
Plus tard existera aussi un moulin à Daspich après que fut réalisé la dérivation de la Fensch vers Maisons Neuves. Vers 1950, la construction des usines de Sollac à Daspich et du crassier attenant achevèrent de dériver la Fensch dans le bras menant à Maison Neuves et la rivière ne coula donc plus à Terville, seul y coule encore le ruisseau de Veymerange.
La construction de ce canal pour dériver l'eau de la Fensch de Terville à Thionville, permit de palier aux crues et aux étiages de la Moselle, la Fensch étant une rivière au for débit assez constant. Par un jeu de fossés de dérivation à Beauregard et par le cours naturel de la Fensch à Terville qui alors se jetait dans la Moselle avec les eaux du ruisseau de Veymerange vers la zone de Gassion sur la route de Metz, on pouvait maitriser un tant soit peu l'alimentation en eau des moulins et des tanneries de Beauregard.
Une fois l'eau utilisée par le moulin de la ville, elle était rejetée dans les fossés des remparts entourant la ville, plus tard, au temps des grands moulins de Thionville (Nouviaire) une canalisation souterraine la conduisait dans la Moselle vers la Sous-Préfecture.
La prochaine fois nous verrons le bail pour le moulin de la porte de Metz, fait par la ville, à Pierre Dubois maitre meunier et ce pour une durée de 9 années.
Les photos sont de gauche à droite: Le moulin de la ville devenu les moulins Nouviaire, les sacs stockés dans le moulin et une carte du 18ème siècle montrant la rivière Fensch avec ses dérivations et illustrant le propos ci-dessus.
Les photos ont été communiquées par Monsieur Franck de Thionville pour les 2 premières, la carte est extraite d'un plan des archives municipales de Thionville.
Les informations ont été recueillies en partie à l'association "Vie et culture" de Guénange et pour la plupart tirées de mon ouvrage "Terville Histoires retrouvées" 2013