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1755 – Construction de la nouvelle église Saint-Maximin (3ème et dernière partie)

Publié le par Persin Michel

Nous sommes en juin 1755 et déjà cinq plans ont été établis :

  • Morant
  • Nollet
  • Régemorte
  • Louis
  • Loriot

Le 10 juin 1755, les officiers de l’hôtel de ville se réunissent avec les députés du bailliage et les notables pour faire un point de la situation comme suit :

« Le 12 octobre 1754, il a été procédé à l’adjudication de la construction de la nouvelle église sur un plan dressé à la hâte par le sieur Nollet sur instructions du maréchal de Belle-Isle et de l’abbé de Saint-Maximin. C’est sur ce plan que l’abbé s’est rendu adjudicataire des ouvrages qui le concernent pour une somme de 55000 livres tournois.

Depuis, il a été remarqué des défauts frappants sur ce plan Nollet par tous les connaisseurs et par le maréchal qui a souhaité qu’il en fut dressé un autre par le sieur Louis, architecte à Metz avec un devis estimatif. Ce plan du sieur Louis a été trouvé par tous, bien supérieur au plan de monsieur Nollet. En conséquence, nous avons demandé à l’intendant de Metz d’envoyer à Trêves, deux députés de la ville pour demander à l’abbé de prendre en charge l’excédent de dépenses qu’exige le nouveau plan du sieur Louis.

L’abbé, bien qu’il convienne que le nouveau plan est supérieur à l’ancien  ne veut pas déroger à son engagement pour le premier plan du sieur Nollet. L’intendant et le maréchal ont été informés de ce fait, mais l’abbé, précédant toutes les instances, a traité avec des entrepreneurs de Metz, pour exécuter le plan de Nollet.

La ville a donc résolu de présenter les deux plans à l’intendant de Metz pour le supplier d’agréer le plan du sieur Louis et d’autoriser à faire la dépense qui la concerne par une adjudication au moins disant.

D’autre part, la ville est résolue à faire un caveau sous toute l’étendue de l’église projetée pour les inhumations dont la dépense serait de 6941 livres tournois, cela car le cimetière qui régnera autour de l’église n’étant de chaque côté d’environ 15 pieds, il se trouverait insuffisant pour l’inhumation des habitants.

La ville a aussi contacté les bénéficiaires des chapelles qu’il faudra reconstruire pour voir s’ils seraient disposés à prendre à leur charge ce coût, mais ils ne semble nullement disposés à le faire. »

Dans le même temps la ville envoi ce rapport au maréchal de Belle-Isle, elle en profite pour se justifier des retards et de la non mise à disposition des terrains aux entrepreneurs en attendant le choix définitif d’un plan, sachant que les fondations sont différentes. Elle dit que dorénavant elle se résignera à mettre en adéquation l’ouvrage projeté avec ses finances, mais que le coût des dépassements sera supérieur à 20000 livres tournois. Elle remercie encore le maréchal de tout le temps qu’il consacre à cette affaire.

 

L’adjudication de la démolition des maisons la Roche et Limbourg a été faite, la maison la Roche a été achetée, celle du sieur Henri Limbourg [1] également pour une somme de 8698 livres tournois fixée [2] par l’intendant de Metz, monsieur Jean Louis François de Caumartin,  et non 12000 livres tournois comme le réclamait le sieur Limbourg. Le sieur Limbourg sera libre de récupérer l’ensemble des taques de cheminées de sa maison.

En plus des maisons La roche et Limbourg, il est prévu d’acheter le jardin de Robert Latouche et Agnés Collin son épouse, le jardin est estimé par les experts Jean Louis et Jean Cosse à la somme de 6650 livres tournois, il faudra aussi détruire la gloriette de ce jardin avec son toit en ardoise dont la démolition par le sieur Blanmangin coûtera 53 livres tournois.

Les terres enlevées pour confectionner les fondations seront amenées sur la partie du rempart qui doit être élargie et le reste des terres ira combler des trous derrière l’hôpital militaire.

Le problème du plan définitif devient crucial car les entrepreneurs ont commencé à creuser les fondations d’après le plan du sieur Nollet, comme voulu par l’abbé de Saint-Maximin, les autres plans ont des fondations différentes, aussi il est urgent de se fixer définitivement sur un plan unique et cela va encore nécessiter de nombreux courriers entre la ville, l’abbé et le maréchal de Belle-Isle.

Le 30 juin 1755, le maréchal écrit aux officiers de la municipalité de Thionville pour leur dire qu’en juillet, il viendra sur la frontière et qu’à cette occasion, il verra l’abbé pour essayer de le convaincre et faire évoluer les choses dans le sens de la ville.

Le 23 août 1755, les entrepreneurs ont commencé l’excavation des terres pour les fondations depuis un mois, or rien n’est réglé au niveau du plan définitif. Le maire, Wolkringer et le syndic Petit vont aller à Metz pour obtenir une décision, mais bien qu’ils y soient restés jusqu’au 28 août, ils reviendront sans décision positive, l’abbé restant sur ses positions.

En septembre, on va nommer Pierre Conrard, maître maçon de Thionville pour surveiller les travaux, la composition de la chaux et le fait qu’on n’utilise pas les pierres de démolition des maisons qui sont de mauvaise qualité, ni de pierres bleues, pour ce travail, il sera payé 30 livres tournois par mois.

Le 29 septembre, il semble que l’on ait encore modifié l’emplacement du clocher qui devait être monté au-dessus du portail de la nouvelle église et que l’on veut maintenant mettre à l’autre bout au-dessus du chœur, ce qui obligerait la ville à racheter le jardin de monsieur Soucelier, avocat au bailliage pour une somme de 4530 livres tournois.

Le 9 novembre 1755, le sieur Meaux, entrepreneur avertit qu’il allait commencer la démolition de l’ancienne église et récupérer les matériaux qui sont estimés à plus de 5000 livres, la ville s’oppose à cette décision et demande qu’un plan unique de la nouvelle église soit enfin accrédité et estimé et que l’adjudicataire récupère les matériaux de l’ancienne église.

 

[1] Conseiller du roi et procureur à la maitrise des eaux et forêts

[2] Expertise faite par Jean Louis architecte à Metz et par Pierre Conrard, maître maçon de Thionville

 

Comme on le voit, les problèmes s’ajoutent les uns aux autres et en la matière, la ville n’a pratiquement aucun pouvoir de décision, ni les financements nécessaires.

Elle veut absolument un nouveau plan plus conforme à ses attentes, l’intendant et le maréchal de Belle-Isle, la soutiennent et lui ont demandé de contacter le sieur Jean Gauthier, ingénieur du roi de Pologne, duc de Lorraine, pour avoir un nouveau plan, celui-ci très pris ne répond pas à la ville mais à priori, il s’est rapproché du maréchal de Belle-Isle.

Le 17 novembre, on va déménager l’orgue de l’ancienne église au couvent des capucins puisque c’est là que se font provisoirement les services religieux, de même les cloches vont être descendues de la tour et entreposées, pour la démolition du clocher, l’intendant pense qu’il faille le démolir à moitié pour éviter qu’il ne s’écroule tout seul quand l’église sera démolie.

Enfin le 13 mars 1756, la ville reçoit un courrier du maréchal de Belle-Isle qui annonce avoir vu les plans du sieur Gauthier et que la ville va les voir prochainement. Mais voilà, aucun accord ne sera encore trouvé car le clocher au-dessus du chœur oblige à acheter le jardin du sieur Soucelier et éloigne les cloches de la ville, certains pensent que le clocher devrait être au-dessus du portail d’entrée ce qui revient moins cher et rapproche les cloches de la ville, d’autres encore veulent un clocher terrasse mais la ville préfère un clocher pointu en ardoises. Bref, rien n’avance et le sieur Gauthier est fort pris par ses affaires à Nancy et n’a guère de temps à modifier ses plans dans le sens de la ville, appel est donc lancé au maréchal de Belle-Isle.

Le 15 août 1756, le maréchal écrit depuis Compiègne, à la ville de Thionville, qu’il a vu le sieur Gauthier avec le sieur Trouville [1] et le sieur Le Brun [2], professeur de mathématiques à Metz, pour faire avancer le projet. A Thionville, les travaux avancent sans plan dûment validé et sur la base du plan du sieur Nollet, les fondations sont faites, les caveaux sont terminés et les murs du contour sont avancés à 5 ou 6 pieds de hauteur, sauf le mur de devant, le plan du sieur Gauthier remanié n’est toujours pas disponible.

Le 13 avril 1757, les choses semblent avoir progressées, car le sieur le Brun qui ne devait faire qu’une estimation du nouveau plan de l’architecte Gauthier, a repris le plan et propose remplacer le clocher en charpente et ardoises initial par deux tours en maçonnerie au-dessus du portail et par la même d’abaisser la hauteur de l’église de 6 pieds, modifications qui abaissent le coût de l’église.

Le 26 mars 1757, monsieur de Bernage de Vaux écrit au sieur Wolkringer, maire de Thionville qu’il a vu les plans et devis repris de l’architecte Gauthier par le sieur le Brun de Metz et que cela lui semble maintenant prêt à être exécuter, il veut donc les voir rapidement à Metz, le maire et le syndic, monsieur Petit. L’entrevue a lieu le lendemain avec le sieur le Brun qui a donné toutes les explications utiles, puis ils ont vu l’intendant et parlé des difficultés qu’ils ont avec les entrepreneurs, Meaux et Geisler.

 


[1] Trouville Jean Roch, conseiller du roi, contrôleur général des domaines du roi à Metz et avocat au parlement. Secrétaire en chef de l’intendance, puis commissaire des guerres, seigneur de Ban-saint-Pierre, Clouange et autres lieux, décédé en 1758 à 59 ans, il avait épousé Madeleine Wolkringer, fille du maire perpétuel et lieutenant de police de Thionville.

[2] Louis Gardeur-Lebrun appelé simplement le Brun : Voir la notice en fin d’article.

 

Plan "le Brun" avec les escaliers montant aux deux tours et emplacement des chapelles.

Plan "le Brun" avec les escaliers montant aux deux tours et emplacement des chapelles.

Le 13 avril 1757, l’assemblée des officiers de l’hôtel de ville se réunit avec les députés du bailliage, les notables, monsieur le baron de Hain, monsieur Patiot alors trésorier, monsieur Potot receveur des finances, le sieur Creite ancien lieutenant général du bailliage, le sieur Gand contrôleur des finances, messieurs Barthel et Soucelier avocats au parlement, monsieur Breistroff, conseiller lieutenant général de police et monsieur Pierre Deschamps maître particulier de la maîtrise des eaux et forêts.

Après avoir vu les plans, le devis et tous les problèmes annexes et entendu l’ensemble des avis, la chambre de Thionville a adopté le plan revu par le sieur le Brun qui avec ses deux tours terrasses maçonnées leur paraît d’un aspect agréable. Toutefois, à l’égard de l’augmentation des prix demandée par les entrepreneurs, la chambre la récuse vu qu’ils ont profité des démolitions, celle du clocher de l’ancienne église, de la sacristie, des cinq chapelles dont quatre voûtées construites en pierre de taille et des murs et des voûtes des caves des maisons démolies. Aussi, la ville demande à monsieur l’intendant de débouter les entrepreneurs de cette demande d’augmentation.

Le 11 décembre 1757,  monsieur de Bernage [1] consent à ce que la ville qui lors de la publication de renouvellement du fermage des octrois, n’avait reçu aucune offre puisse ne les adjuger que pour un an et ainsi pouvoir avoir de meilleurs prix les années suivantes quand les circonstances de la guerre [2] et le défaut de garnison en ville seront passés.

Enfin la construction de l’église reprend et se poursuit pendant l’année 1758 et 1959 la coupole sera peinte le 30 mai 1759, par Charles Collignon, peintre de Thionville qui sera payé pour se faire 1200 livres. Enfin, le 3 novembre 1759, un courrier part vers le maréchal de Belle-Isle lui signalant que l’église de Thionville est achevée et que l’abbé de Saint-Maximin de Trêves voudrait venir dire la première messe, le maréchal en fait part à l’évêque de Metz en lui demandant son avis  mais en  l’incitant à accepter ce qui pourrait pousser l’abbé à peut être plus de générosité  sur  sa participation financière.

Toutefois, un courrier du 29  décembre 1759, arrive à la cure de Thionville en provenance de l’abbé de Saint-Maximin de Trêves. Il explique que malheureusement, il ne pourra se déplacer à Thionville pour l’inauguration car il est trop occupé à ses affaires et loin de son monastère. Il invite donc l’évêque de Metz à nommer qui il veut pour participer à cette consécration mais que peut-être au printemps, il pourra venir à Thionville pour une cérémonie.

Le 3 décembre 1759, l’évêque de Metz demande à l’archiprêtre et curé de Florange de faire une visite de la nouvelle église et de lui faire un rapport sur son état, pour voir si tout est en ordre. Ce rapport sera fait le 3 janvier 1760 et conclura à un bon état de la nouvelle église mais contestera l’emplacement des fonds baptismaux et diverses petites choses, mais dans l’ensemble l’église peut être consacrée ce qui sera fait courant 1760.

Le maréchal de Belle-Isle décèdera peu de temps après l’inauguration de l’église soit le 22 janvier 1761 à Versailles.

 


[1] D’une grande famille de conseillers d’état, maître des prévôts de Paris. Bernage de Vaux fut intendant, c’est lui qui fit venir Louis Gardeur-Lebrun à la sous-direction des travaux et communications à Metz.

[2] Guerre de 7 ans (1756 à 1763) qui fut pratiquement une des premières guerres mondiales tant les nations et les pays impliqués furent nombreux et qui vida en partie Thionville de ses troupes et des ses revenus.

 

Voilà notre nouvelle église Saint-Maximin construite et consacrée, mais voyez vous les ennuis ne sont pas terminés pour la ville car le 25 février 1762, les entrepreneurs ayant construit l’église vont écrire à l’abbé pour lui dire que leur dépense a été bien plus forte que prévue, celui-ci leur propose 100 louis de plus, qu’ils refusent, se réservant d’aller en justice, après avoir refait de nouveaux toisés des ouvrages.

Le sieur Nollet réclame le 8 novembre 1762, 226 livres qui lui seront payées, pour des mesures faites par lui pendant les travaux.

Le 12 novembre 1762, la ville apprend la mort de l’abbé de Saint-Maximin, ce qui ne va rien arranger. Les entrepreneurs, au vu des nouveaux toisés, vont porter l’affaire en justice et le 5 janvier 1767, la ville de Thionville sera condamnée, par un arrêt du conseil d’Etat à payer plus de 55000 livres de supplément, ce qui l’obligera à refaire un emprunt et à taxer plus fortement, les plus imposables de ses habitants, dans lesquels on trouve principalement des marchands, un cabaretier, un tanneur, le directeur de la poste aux lettres, un apothicaire et un chirurgien, une rentière et un député.

De nombreux plans successifs furent établis avec des variantes et des devis estimatifs, soit un travail important qui sera finalisé par le sieur le Brun, professeur de mathématiques à Metz, qui aura l’idée des deux tours clochers en terrasse,  variante qui amènera une économie certaine ce qui avec la lassitude de toutes les parties, amènera à la réalisation concrète de l’église.

 

Ici, se termine le récit un peu long et technique de la construction de la nouvelle église Saint-Maximin qui nous montre un investissement important de la ville, de ses habitants et de ses officiers municipaux tant au niveau de leur implication personnelle, principalement à ne pas lâcher sur la qualité architecturale qu’il voulait pour la nouvelle église de leur ville et cela malgré les difficultés financières, et alors qu’ils ont, en fait, si peu de pouvoir de décision. Pouvoirs qui sont eux, aux mains de l’intendant et du maréchal de Belle-Isle, dont il faut ici se souvenir, de son implication et de son suivi bienveillant à l’égard de la ville.

Louis le Brun :

Exactement, Louis Gardeur-Lebrun né le 18 septembre 1714 à Metz, son père Sébastien était charpentier puis entrepreneur. Louis le Brun s’engagea très jeune dans le régiment Dauphin Dragons puis fut nommé ingénieur géographe.

Ensuite, il ouvrit à Metz une école de mathématiques où étudièrent aussi deux de ses frères. En 1752, il est nommé ingénieur de la ville de Metz puis, il enseignera les mathématiques à l’école royale d’artillerie. Monsieur de Bernage de Vaux, intendant, le fera nommer en 1756 à la sous-direction des travaux et des communications où il fut l’adjoint de Jean Gauthier, architecte du roi de Pologne. Après le décès du maréchal de Belle-Isle, il dirigera le service des travaux et communications.

Il arrêta ses cours de professeur de mathématiques en 1781 et décéda le 19 février 1786 à Metz où il fut inhumé.

NB : Cette courte notice montre bien que Louis Gardeur – Lebrun, dit le Brun, avait des relations étroites avec monsieur de Bernage de Vaux, le maréchal de Belle-Isle et Jean Gauthier, architecte du roi de Pologne, tous impliqués fortement dans la construction de la nouvelle église Saint-Maximin de Thionville.

 

1903 - L'église lors de la démolition des remparts

1903 - L'église lors de la démolition des remparts

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1755 – Construction de la nouvelle église Saint-Maximin (2ème partie)

Publié le par Persin Michel

Comme vu dans l’article précédent, en 1739, la ville n’arrive pas à décider ou à imposer à l’abbé de l’abbaye de Saint-Maximin de Trêves l’agrandissement ou la construction d’une église plus grande à Thionville et ce malgré la menace d’interdiction de l’église paroissiale. Nous allons donc voir comment au final la nouvelle église fut construite et non sans mal !

Le 12 mai 1741, une délibération du conseil de fabrique [1]  statue sur une somme de 1000 livres tournois donnée par demoiselle Lamotte et une autre somme de 800 livres tournois donnée par le sieur de Bock alors procureur du roi au bailliage de Thionville.

Le conseil de fabrique pense que ces deux sommes doivent être employées à agrandir le chœur de l’église en l’avançant dans le rempart d’une longueur de 15 pieds si toutefois on obtient la permission de le faire, en suivant le plan dressé par le sieur Morant sur les ordres du Comte de Belle-Isle, maréchal de France [2]. Pour ce faire, avec l’accord du procureur du roi au bailliage, une requête sera présentée au maréchal D’Asfeld [3] dès son arrivée à Thionville afin d’obtenir la permission de « pousser le chœur » dans le rempart et qu’alors le sieur Morant [4] devra établir un devis pour réaliser les travaux de ce nouveau chœur qui sera voûté. Une fois le devis établit on procédera à l’adjudication des travaux.

 


[1] Thiersant (curé) – Braillon – Collas – Mathis Louis – Larminat - Robert

[2] Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle, né le 22 septembre 1684 à Villefranche-de-Rouergue et décédé le 22 janvier 1761 à Versailles. Fut dans grand secours dans la construction de l’église.

[3] Claude François Bidal d’Asfeld né à Paris le 2 juillet 1665 et décédé à Paris le 7 mars 1743, fut un spécialiste de la guerre de siège, émule de Vauban. Il vint effectivement à Thionville le 30 mai 1741.

[4] Jean François Morant avait en charge les fortifications

 

Comte de Belle-Isle, maréchal de France

Comte de Belle-Isle, maréchal de France

Nous voyons bien qu’alors  la ville n’envisage toujours qu’un agrandissement de l’église.

Refus du maréchal de toucher aux remparts, de fait en 1744, la ville n’a toujours pas réussi dans ses démarches. Elle se propose le 6 septembre de la même année de présenter au roi qui doit venir à Metz, une supplique pour qu’il ordonne l’agrandissement de l’église aux frais de l’abbaye de Saint-Maximin. La ville va donc mandater le maire, monsieur Wolkringer et le procureur et syndic, monsieur Soucelier, pour se rendre à Metz.

Entre temps, l’église paroissiale de Thionville a été interdite, d’où le transfert en date du 4 décembre 1744, de l’office divin de la paroisse en l’église des pères capucins de la ville et la permission au curé de la ville d’y célébrer l’office paroissial et d’y faire toutes les fonctions pastorales accoutumées jusqu'à que les pères capucins en décident autrement.

 

 

Maréchal d’Asfeld

Maréchal d’Asfeld

Par lettre du 25 août 1752, il semblerait que le maréchal voudrait prendre des engagements avec la ville pour l’acquisition des maisons autour de l’église et sur les moyens de payer ces maisons.

L'abbé de Saint-Maximim accepte de financer la construction d'une nouvelle église en ville.

Le 29 août 1752, monseigneur le maréchal de Belle-Isle et monsieur l’intendant de Metz on réussi à faire « plier » l’abbé de Saint-Maximin de Trêves à s’engager à faire la dépense d’une nouvelle église à Thionville. La ville va donc envoyer à Metz le maire Wolkringer et le syndic Mathias Brousse pour voir le maréchal et l’intendant afin de recevoir leurs ordres.

L’abbé étant dans de bonnes dispositions, il s’engage à construire une nouvelle église à Thionville à ses frais, aux conditions que la ville donne l’emplacement et qu’il obtienne la vente de son quart de réserve de bois.

Le 4 septembre 1752, la ville s’engage à fournir le terrain et pour ce faire d’acheter les maisons joignant l’église, de pourvoir aux dépenses pour l’intérieur de la future église et pour construire la sacristie. Toutefois la ville ne peut employer les deniers de la ville qui n’y suffirait pas et demande donc à l’intendant de se pourvoir devant le conseil du roi et d’y demander aussi la permission de vendre le quart de réserve des bois communaux mis en réserve en 1725 et contenant 156 arpents. Sa majesté sera suppliée d’ordonner que sur le prix qui en proviendra, il ne sera fait aucune retenue, ni augmentation des taxes au profit que qui que ce soit, afin de ne pas en diminuer le prix.

Le 24 mars 1753, un courrier est envoyé à un avocat au conseil du roi à Paris qui explique en substance que l’abbé de Saint-Maximin de Trêves s’est engagé envers le maréchal de Belle-Isle pour construire à ses frais une nouvelle église à Thionville, mais pour se faire il a besoin d’un arrêt lui permettant la mainlevée sur un quart de réserve de 144 arpents et 25 perches [1], dans le bois appelé « Bocholtz » sur le ban de Dalheim. La ville de Thionville ayant le même besoin, l’arrêt devrait comporter les deux permissions.

Le 4 décembre 1753,  l’abbé de Saint-Maximin ayant spécifié que la construction de la nouvelle église dépassera les 100000 livres tournois, le roi ordonne que par le sieur Coulon de la Grange-aux-Bois, grand maître des eaux et forêts, sera procédé à la vente et adjudication au plus offrant du bois de l’abbaye, le prix sera remis au receveur général des domaines et bois de la généralité de Metz et sera employé à la construction de l’église de Thionville, toutefois 1/10ème sera retenu pour être employé au soulagement des pauvres communautés des filles religieuses.

L’intendant de Metz, monsieur de Creil a nommé des experts pour estimer le prix des maisons à racheter pour libérer  l’espace nécessaire à la construction de la nouvelle église soit 21500 livres tournois, de plus la ville devra rebâtir la sacristie et le cimetière et faire toutes les décorations intérieures pour 25000 livres tournois soit un montant total de 46500 livres tournois. Hors la ville est incapable de trouver cette somme dans ses recettes ordinaires. De plus la ville n’a pas obtenu pour l’instant l’autorisation de vendre son quart de réserve de bois, elle compte donc demander au conseil du roi qu’il accorde à la ville :

Pendant six années, le doublement de l’ancien octroi de la ferme du vin, que la ville avait obtenu par arrêt du 4 juin 1715.

 

 

 

[1] L’arpent est une unité de mesure, ici on sous-entend « arpent carré » car on parle de surface de bois soit environ 25 ares, la perche carrée était d’environ 51 m2. 

Qu’il permette la levée de 6 sols sur chaque chariot de bois et 20 sols sur chaque benne de charbon qui entreront en ville comme dans l’arrêt du 4 juin 1710.

Que les officiers de l’hôtel de ville soient autorisés à emprunter 25000 livres        tournois pour acquérir les maisons.

Le 12 octobre 1754, la chambre de l’hôtel de ville assemblée avec le sieur Fringan, lieutenant général et procureur du roi pour le bailliage de Thionville, les notables et le curé Thiersant, invité pour l’occasion, ont convenu ce qui suit :

« Monsieur l’abbé de Saint-Maximin [1] de Trêves a bien voulu, sur l’invitation de monseigneur de Belle-Isle, par un acte de pure libéralité et sans aucune obligation de sa part, se soumettre à reconstruire à neuf l’église paroissiale de Thionville suivant les plans et devis qui ont été présentés par la ville et déposés hier au greffe de la maîtrise particulière des eaux et forêts de cette ville, sur l’emplacement indiqué derrière l’ancienne église, le rempart de la ville d’une part, la maison curiale et celle du sieur de Latouche d’autre part. cette église nouvelle doit rester et demeurer pour toujours et à tous égards sans aucune difficultés à la charge de la ville et ce tant en vertu des anciennes transactions arrêtés au parlement de Metz et déclarations du roi, cela en conformité avec l’édit de 1695 et la jurisprudence du parlement. En conséquence nous déclarons que cette reconstruction n’étant qu’un effet de la piété et générosité de l’abbé, elle ne doit lui causer aucun préjudice ni à ses successeurs. A ces conditions le procureur fondé de pouvoir de l’abbé a déclaré consentir à l’adjudication de la reconstruction de l’église en omettant ce qui reste à charge de la ville  afin que le bâtiment se fasse autant qu’il sera possible en même temps et par les même ouvriers pour la solidité des ouvrages. »

Le Révérend Père Dom Joseph Kubor, procureur de l’abbé,  a déclaré accepter le contenu et a signé avec le maire Wolkringer.

Fringan (cité au début)

Colchem,

Thiersant curé,

Collas, procureur du roi au bailliage

 J.B. Colman,

 Renouard - marchand,

 Jean Bar – marchand

 et deux autres signatures (non lisibles)

Ici, la ville décharge l’abbaye de Saint-Maximin de Trêves pour les problèmes pouvant survenir après la construction de l’église, pour son entretien et les travaux à venir. C’était une condition expresse de l’abbaye pour accepter de payer la construction de l’église et la suite des événements prouvera la clairvoyance et la prudence de l’abbaye.

Une note du 2 décembre 1754, nous dit que le conseil du roi n’a encore rien statué sur le quart de bois de réserve et sur le doublement des octrois.

Toutefois, maintenant l’abbé demande un plan de la nouvelle église et un devis estimatif en sachant que le maréchal de Belle-Isle voulait que ce soit la ville qui fournisse ce plan et ce devis à l’abbaye.

 


[1] Willibrord

Nous verrons que ce problème de plan va devenir très compliqué à résoudre tant les acteurs sont multiples et les intérêts divergents.

La ville qui se sent pressée par l’abbé va être « obligée » [1] de s’adresser au sieur Nollet, architecte et arpenteur de la ville qui va faire deux plan, un de l’église pour l’abbé et un autre pour les ouvrages incombant à la ville. Il demande comme gage 220 livres tournois alors que les architectes de Metz qui ne sont pas prêt à travailler rapidement en demande 400. En conséquence, l’abbé va accepter ce plan du sieur Nollet.

Le 3 décembre 1754, bonne nouvelle, le conseil accepte ce qui suit :

 A partir du 1er janvier 1755, la ville pourra et pour 6 années doubler l’ancien   octroi de la ferme du vin sur tous les cabarets et autres qui vendent du vin au détail.

 Elle pourra doubler le droit sur les bières, cidre, eaux de vie et vinaigre qui se  débitent en ville.

 Elle pourra emprunter à constitution de rente ou autrement, au nom de la communauté et au denier le plus avantageux [2], la somme de 25000 livres  tournois pour acheter les maisons.

Aussi dès le 13 janvier 1755, le sieur François Petit s’est rendu à Metz pour faire un emprunt de 25000 livres tournois par devant maître Soubis, avocat. Le notaire prendra la somme de 243 livres et 16 sols.

Le 16 janvier 1755, par devant les notaires royaux Louis et Probst de Thionville est passé l’acte suivant :

« Dame Marie Madeleine le Brun, veuve de feu messire Jean François de la Roche Girault, vivant écuyer et seigneur de Bétange, ancien capitaine d’infanterie et messire Jacques François de la Roche Girault, écuyer, seigneur de Bétange, commissaire d’artillerie, résident et habitant à Bétange avec demoiselle Suzanne de la Roche Girault, jouissant de ses droits et demeurant à Thionville, en leurs noms et en celui de messire Louis Joseph de Tilly, seigneur, capitaine au régiment de Piedmont Infanterie et son épouse dame Marguerite Antoinette de la Roche Girault, ils déclarent avoir vendu en toute propriété à messieurs les maire, échevins, syndic et habitants de Thionville et moyennant la somme de 10500 livres tournois une maison acquise le 14 octobre 1733 par la dame Marie Madeleine le brun et son époux avec ses aisances et dépendances située proche de l’église devant le cimetière et attenante à celle du sieur Limbourg, procureur du roi de la maîtrise des eaux et forêts au couchant et au levant sur le rempart. La maison prend ses entrées face au cimetière et aboutit sur l’arrière sur le jardin de monsieur de Latouche, avocat du roi au bailliage de Thionville. La somme compté devant monsieur Soucelier Joseph Grégoire, avocat et receveur de la ville. »

 


[1] Le curé Thiersant a essayé de son coté de faire faire un plan mais ceux qui ont été contacté n’y ont pas réussi, et en fait le plan « Nollet » semble rapidement déplaire.

[2] C’est en fait comme le taux d’intérêt

 

Ladite dame le Brun a obtenu un délai jusqu’au 1er avril 1755 pour sortir de la maison, elle demande aussi une prime de 300 livres tournois sur la vente, la ville lui accordera 6 louis soit 144 livres tournois.

Le 2 mars 1755, monsieur Vitry de la Salle, ingénieur en chef de place de Thionville nous fait espérer un autre plan pour la nouvelle église provenant de l’ingénieur Régemorte [1] à qui il en a parlé lors de son dernier séjour à Paris.

Parallèlement entre le 10 et le 12 mai 1755 la ville va mettre en adjudication la démolition de la maison de Laroche et celle du sieur Limbourg. Mme de la Roche Girault ayant obtenu de ne sortir de sa maison que le 1er avril, les adjudicataires possibles ne peuvent voir par eux même la valeur des matériaux à récupérer, il faudra donc attendre le 12 mai pour que l’adjudication se fasse au son du tambour par toute la ville :

Adjudicataires :

Maison de la Roche

Nicolas Pépin maître maçon

Jacques François maître maçon

Simon Vernet

Pierre Coudard maître maçon

Louis Steff maître serrurier

Maison Limbourg

Simon Vernet

Le prieur des augustins

Pierre Courard

Ambroise Stéphany

Le 17 mai 1755, la démolition de la maison de la Roche est adjugée à Nicolas Pépin maître maçon pour la somme de 800 livres tournois, celle de monsieur Limbourg est adjugée à Ambroise Stéphany pour 900 livres tournois, mais celui-ci déclare avoir misé pour Jean Cosse qui accepte l’adjudication.[2]

De nombreux matériaux comme les portes et fenêtres et les ferrures doivent être récupérés pour la maison curiale. 

Le 19 mai 1755, le nouveau plan de monsieur de Régemorte est prêt et il est demandé à l’architecte Louis de Metz d’en faire le devis, car le plan est du meilleur goût. De suite, le coût du projet apparaît trop élevé et impossible à tenir pour la ville, aussi le 30 mai la ville va remercier officiellement monsieur de Régemorte en le félicitant pour son beau projet mais qui semble trop dispendieux.

Le plan du sieur Nollet accepté par l’abbé de Saint-Maximin, ne plaît guère en ville et l’on fait sentir à l’intendant un ensemble de défauts frappants. Cette affaire de plan va entraîner un retard considérable pour débuter les travaux de construction mais aussi de démolition de l’ancienne église.

 


[1] Noël de Régemorte décédé en 1790 était le fils de Jean Baptiste de Régemorte et le frère d’Antoine et Louis de Régemorte tous ingénieurs des ponts et chaussées.

[2]  Les témoins seront Simon Vervin et Nicolas Blanmangin

 

Ainsi au mois d’avril 1755, le maire Wolkringer avec le sieur Petit, procureur syndic étaient allé voir l’abbé à Trêves pour discuter des travaux à mener et lui présenter un nouveau plan fait par l’architecte Louis [1]de Metz, mais l’abbé voulait rester sur le premier plan de monsieur Nollet et ne pas mettre plus d’argent que prévu dans cette affaire.Le 9 mai 1755, la ville écrit au maréchal de Belle-Isle qu’elle est prête à commencer les travaux mais que l’abbé a pris son parti du plan Nollet et ne veut pas dépenser plus que le devis de ce plan. La ville engage le maréchal à faciliter l’exécution du plan qui lui semblera le plus convenable sans négliger celui de monsieur de Régemorte.

Le maréchal répond le 15 mai qu’il fera tout ce qu’il pourra lors de son retour vers la frontière pour voir l’abbé et le prêter à augmenter si possible sa quote part.

Coup de tonnerre le 15 mai 1755, car l’abbé vient de passer un marché avec les sieurs Meaux, Cuny, Geisler entrepreneurs de bâtiments à Metz pour la partie qui le concerne, la nef, les collatéraux, le chœur et le portail,  en suivant le devis et plan Nollet.

Il fournira les ardoises du toit à charge aux entrepreneurs de les transporter.

Les entrepreneurs s’engage à faire l’ouvrage pour 60000 livres tournois dont il toucheront cette année 10000 livres et le reste au fur et à mesure de l’avancement des travaux qui doivent durer 4 ans.

Dès le 16 mai, il écrira à la ville de Thionville, la lettre qui suit :

« Je viens de passer contrat avec les sieurs Meaux et Geisler, entreprenuers de bâtiments à Metz pour la construction de votre église paroissiale selon l’ancien plan pour la somme de 60000 livres tournois et les ardoises à fournir.

Il ne tiendra qu’a vous de voir si vous voulez les changements qui sont dans votre dernier plan et les décorations, changement de la tour et autres, pourvu que cela ne nuise pas à la solidité et le tout à vos frais sans que je sois obligé à la moindre chose.

J’espère que vous serez contant des efforts que j’ai fait pour vous procurer une église ample et convenable, les entrepreneurs vont commencer les travaux cette année. »

Le 19 mai 1755, la ville répond :

« Nous sommes véritablement très reconnaissants de ce que vous voulez faire pour nous procurer une nouvelle église. Nous souhaitant seulement que le portail du plan de monsieur Nollet fit plus d’honneur à la générosité dont la ville vous est redevable.

Nous ne sommes pas en état de faire exécuter le portail du plan de l’architecte Louis que le maréchal à accepté rejetant celui de monsieur Nollet. Nous vous demandons donc par votre bonté de donner préférence au plan de monsieur Louis que vous avez reconnu plus décent. »

Le 22 mai 1755, réponse laconique de l’abbé :

« Je suis fâché de ne pouvoir plus faire que je n’ai fait pour la décoration de votre ville. Je ne suis que l’administrateur des revenus de mon abbaye, ainsi jugé si je puis faire davantage. Ne comptez donc sur rien de plus. »

 


[1] Jean Baptiste Louis architecte du chapitre de la cathédrale de Metz, il a alors plus de 70 ans et son fils Michel est entrepreneur de bâtiments

 

Le 19 mai 1755, la ville avait mis le maréchal de Belle-Isle au courant de l’affaire du contrat passé par l’abbé aux entrepreneurs de Metz et de sa peine car le plan Nollet comme tout le monde le reconnaît, même l’abbé, comporte un portail à peine propre à une église de village !

Le 24 mai le maréchal de Belle-Isle, alors à Dampierre, répond qu’il fera son possible quand il retournera vers la frontière et sera à même de parler à l’abbé, mais il laisse aussi poindre son agacement devant cette affaire et engage la ville à trouver un moyen de parvenir à ses fins.

Le 28 mai 1755, la ville renvoi un courrier au maréchal lui indiquant qu’elle a fait dresser un autre plan par monsieur Loriot, architecte du roi [1] avec son devis estimatif. Bien entendu ce plan est supérieur aux autres mais le coût n’est pas en adéquation avec les finances de la ville, celui de monsieur Louis est plus abordable mais l’abbé bloque l’affaire. D’autres part, les entrepreneurs de Metz nous pressent beaucoup de leur délivrer le terrain pour commencer les fondations, mais nous leurs refusons jusqu’à réception de vos ordres car il faut savoir sur quel plan l’on se base pour faire ces fondations. Pour notre par le devis de monsieur Louis se monte à 65000 livres tournois qu’il faut ajouter aux 26000 livres tournois d’acquisition des maisons et terrains ce qui dépasse de beaucoup les 60000 livres mise en jeu par l’abbé.

Le 1er juin 1755, le maréchal répond depuis Belleville, qu’il a bien reçu le plan de monsieur Loriot qui est bien supérieur aux autres mais qu’il ne faut pas s’y attacher car trop coûteux. Il dit qu’il va écrire à l’abbé pour lui expliquer qu’on ne bâtit des églises que tous les cinq à six cent ans et que vous et vos enfants vous reprocheriez d’avoir fait un édifice aussi irrégulier pour épargner une somme aussi médiocre. Effectivement le plan du sieur Nollet qui l’a rédigé pressé par le temps, n’est proprement qu’un croquis avec des défauts insoutenables, occasionnés par la précipitation et principalement trois défauts qui rendent l’édifice ridicule et indécent :

  • Le sanctuaire serait trop étroit et non proportionné au corps de l’église.
  • La voûte des bas côtés serait trop élevée et ce vice rendrait la nef trop obscure.
  • Le portail est si simple qu’à peine serait-il supportable pour une église de campagne.

Il dit aussi son regret de tous ses atermoiements et retards et qu’il faut essayer de ne pas manquer la bonne saison de lancer enfin les travaux et d’ouvrir les fondations.

Il trouverait très désagréable qu’après tous les soins et les mouvements qu’il s’est donné depuis deux années sur cette affaire, la ville n’en vienne à rebuter l’abbé et le lasser du fait que rien n’avance, il engage donc la ville à faire tout ce qui est nécessaire pour faire avancer l’opération, car du fait de son éloignement actuel il ne peut suivre tous les détails pied à pied.

Vous verrez dans le prochain article que de nombreux courriers seront encore échangés, d’autres plans seront faits et que le maréchal de Belle-Isle continuera à se mettre au service de cette cause pour finalement arriver à faire construire cette belle église Saint-Maximin.

 

A suivre…

 

 

[1] Monsieur Loriot est professeur à l’académie d’architecture à Paris. Le plan devait être gratuit mais au final il y eut rétribution par la ville (5 louis) sur demande d’un ministre du roi.

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IVème siècle – Thionville - La légende de Saint-Maximin

Publié le par Persin Michel

Avant de continuer l’histoire de la construction de l’église Saint-Maximin de Thionville et à la demande de plusieurs personnes, je voudrais rapidement évoquer sa légende.

Note: Dans les articles précédent, Saint-Maximin a été orthographié Saint-Maximim, c'est une orthographe incorrecte mais souvent employée dans les écrits du 16 et 17ème siècle.

Saint-Maximin :

Nous sommes là au début du IVème siècle, dans le Poitou où va naître Saint-Maximin, exactement à Silly, dans le département de la Vienne. Il deviendra évêque de Trêves vers 341 ou 342, Trêves est alors qualifiée de deuxième Rome.

Il est alors un adversaire résolu de l’arianisme [1] et un ami d’Athanase d’Alexandrie [2] qu’il hébergera à Trêves dans les années 343. Participant  au concile de Sardique [3], il n’aura de cesse d’essayer de convaincre  les empereurs romains de soutenir l’église catholique contre les tenants de l’arianisme.

 


[1] L’arianisme est promu par le théologien Arius et réfute l’égalité dans la trinité, voyant une infériorité du fils par rapport au père. (En très raccourci)

[2] Principal opposant à l’arianisme ayant siégé au concile de Sardique avec Sant-Maximin.

[3] Sofia en Bulgarie

 

Enluminure représentant Athanase d'Alexandrie lors du concile de Sardique

Enluminure représentant Athanase d'Alexandrie lors du concile de Sardique

On le voit en arrière plan sur cette enluminure, habillé en évêque à coté d’un ours portant son sac de voyage, iconographie empruntée à la légende de Corbinien de Freising [1]

Il participera bien entendu à l’évangélisation de la Lorraine donc de notre région.

Il décédera à Poitiers alors qu’il était en visite chez ses parents à Silly, son corps sera inhumé dans cette ville où suivant la légende des disciples venant de Trêves, l’enlevèrent pour le rapatrier à Trêves. Poursuivis par les gens de Silly, c’est un coup de foudre tombant  devant les poursuivants qui les décidèrent à arrêter la poursuite.

Saint-Maximin fut alors inhumé à Trêves dans une abbaye (ci-dessous) qui portera alors son nom.

 

[1] Ville allemande du Tyrol

Eglise Saint_Maximin de Trêves

Eglise Saint_Maximin de Trêves

Saint-Maximin est évoqué contre le parjure et les événements climatiques destructeurs.

N’oublions pas que nous sommes alors dans les premiers temps de la chrétienté dont la doctrine n’est pas encore réellement fixée.

 

Autre question:

Emprise des fortifications de Thionville:

Elles s'étendaient jusq'au premier ring, c'est à dire l'avenue Merlin, l'avenue Vauban et l'avenue de Guise.

 

 

 

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