1899 - Chanson patriotique sur l'Alsace Lorraine
En 1899, mon grand père paternel était incorporé au 155ème régiment d'artillerie à Commercy (55), pendant son service militaire qui durait à cette époque 3 années, il a rédigé et illustré un carnet de chansons et monologues.
La première page du carnet représente une carte géographique où l'on voit que l'Alsace et la Moselle ne font plus partie de la France.
Plus loin, on trouve une chanson sur l'Alsace et le Lorraine qui illustre bien le sentiment général des français de cette époque au sujet des provinces perdues.
Les paroles sont dures et seraient aujourd'hui objet de scandale !
Les voici avec les illustrations
Pour plus de lisibilité en voici le texte:
Alsace et Lorraine
Une fillette au blanc corsage
Reçut d'un officier prussien
Cet aveu dans un doux langage
Voulez vous accepter ma main ?
Vous avez lui répondit-elle
L'audace de votre pays
Pour vous ma haine est éternelle
Ainsi que pour tous vos amis
Alsace et Lorraine
Les deux pauvres soeurs
Oh, race germaine
Tu brises leur coeur
Mais là bas la France
Travaille toujours
A leur délivrance
Pour de plus beaux jours
Sous vos coups a péri mon père
Qui défendait l'humble foyer
De chagrin est morte ma mère
Que vous vouluttes fusiller
Et moi je reste seule sur la terre
Mais mon bras saura les venger
Si mon pays de sa voix fière
Me disait sus à l'étranger
Ses beaux yeux remplis de larmes
La filette dit au germain
Vous avez passé par les armes
Mon fiancé que j'aimais bien
Et tu voudrais race farouche
Après m'avoir brisé mon coeur
Par un mensonge de ta bouche
Me ravir encore mon bonheur
Elle n'est plus l'humble chaumière
Là bas sur le coteau riant
Des prussiens ivres de colère
La brûlèrent en ricanant
Puis nous prenant dans nos couchettes
Le chef nous dit d'un air hagard
Sortez ou gare aux baïonnettes
Je vous chasse petits bâtards
Je suis alsacienne
Mais quel triste sort
Moi devenir prussienne
Non, non plutôt la mort
Je suis alsacienne et garde toujours au coeur
La plus profonde haine
Des bourreaux nos vainqueurs
Mon père paralytique
Cloué sur son lit de douleur
Demeurait sombre et sans réplique
Devant ses sinistres horreurs
Oubliant jusqu'à sa souffrance
En voyant le feu l'entourer
Il s'écria: Vive la France
Puis il mourut sur le bucher
Mère périt dans le carnage
Et mon jeune frère en courroux
Du chef cracha au visage
Tomba percé de mille coups
Depuis je vais pauvre orpheline
Sans abri, sans feu, sans soulier
Implorer la bonté divine
Et quêter un mouceau de pain.