Les Augustins à Thionville de 1308 à 1558 (2ème partie 2/2)
Pour rappel :
L'ensemble des sources sera donné à la fin du dernier article sur les Augustins
car dans le Miscellanées 2022, ces articles seront regroupés dans un seul chapitre.
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D’après quelques auteurs anciens, le chœur de cette ancienne église Saint-Maximin de Thionville aurait été reconstruit vers 1500 [1] et les murs de la nef réhabilités en gothique flamboyant pour remplacer l’église d’origine, de style roman, datant de 1123, comme semble l’indiquer une inscription sur une pierre retrouvée en 1755 lors de la destruction de l’église.[2]
Une autre hypothèse, serait que l’église romane primitive de Thionville, dédiée à Saint-Eustache se trouvait rue brûlée. Un important incendie l’ayant détruite avec les 2/3 de la ville vers le 15ème siècle, ce qui serait à l’origine du nom de la rue « Brûlée ». L’église aurait alors été reconstruite en style gothique à l’emplacement du parvis actuel de l’église Saint-Maximim.
Au moins une de ces hypothèses est vraie. Alors, nos ancêtres n’étant pas spécialement idiots, ont probablement réaliser les travaux de construction ou de reconstruction du chœur et de la nef, en même temps que les travaux de construction de cette chapelle Saint-Michel soit vers 1479/1485, la chapelle ayant un mur mitoyen avec le chœur de l’ancienne église [3].
De nombreux documents anciens nous apportent la certitude que la chapelle Saint-Michel dite de l’ossuaire se trouvait bien accolée sur le côté droit du chœur de l’église, en relation directe avec le cimetière et l’ossuaire.[4]
Ainsi, Charles Abel dans son histoire de Thionville [5], nous dit que les chapelles de Notre-Dame, Sainte-Croix, Sainte-Anne et Saint-Jean-Baptiste occupaient l’intérieur de l‘église et la chapelle Saint-Michel contigüe au chœur, donnait sur le rempart. [6]
Ces chapelles intérieures n’étaient pas de simples autels qu’on aurait plaqués contre les murs de l’église, comme c’est souvent le cas. Non, c’était de véritables petites chapelles qui faisaient saillies sur l’extérieur de l’église et pouvaient contenir entre 25 et 10 personnes. Elles avaient un plafond voûté et leur autel était parallèle au maître autel situé dans le chœur. La plus belle de ces chapelles était celle de la Sainte-Croix.
Peu après 1626, une cinquième chapelle fut ajoutée, elle était dédiée au Saint-Sacrement. [7]
[3] Effectivement cela met bien cette construction ou réhabilitation de la première église Saint-Maximim, aux alentours de 1500.
[4] ADM la série 29J et le fonds Braubach GG18 A vol XIX CH 1
aux archives municipales de Thionville
[5] Manuscrit à la bibliothèque municipale de Nancy – 1860.
[6] Charles Abel, notable et historien Thionvillois, né le 2//12/1824 et décédé le 02/05/1895. Docteur en droit en 1847. Auteurs de nombreux articles sur l’histoire régionale.
[7] Il y avait de nombreuses chapelles à Thionville soit internes à des églises ou à des bâtiments comme le beffroi ou l’hôpital des pauvres, soit isolées comme Saint-Pierre, Sainte-Anne, Saint-François et d’autres encore plus petites, proches d’un oratoire.
Nous allons voir grâce à un document exceptionnel ayant appartenu à Charles Abel et aujourd’hui propriété de monsieur Dominique Laglasse, où se trouvait exactement la chapelle Saint-Michel qui en fait avait été reconvertie en sacristie. Nous verrons aussi de façon détaillée l’ancienne église de Thionville et son environnement.
Plan de l’ancienne église de Thionville avec son environnement immédiat daté de 1750, propriété de Charles Abel en 1884, actuellement dans la collection de Dominique Laglasse, archiviste, de Thionville
Dans les petit rectangles marquées d'une croix sont les chapelles et leur autel
Le rectangle au milieu tout en haut est le maître autel
En haut à gauche = Notre Dame - En haut à droite = Sainte-Croix
Au milieu à gauche = Sainte-Anne - Au milieu à droite = Saint-Jean Baptiste
Tout en bas à gauche = Saint-Sacrement
A gauche de l'entrée principale, se trouve l'escalier qui mène à la crypte et à l'ossuaire.
A droite en entrant, on trouve l'escalier qui monte au clocher.
On voit sur ce plan de 1750, soit cinq années avant sa destruction, que la chapelle Saint-Michel est devenue la sacristie de l’église.
Plusieurs visites pastorales [1] de cette église mentionnent que la sacristie est insalubre car elle touche pratiquement aux terres du rempart qui se trouve derrière, amenant des eaux de ruissellement et que le plancher en est pourri par l’humidité amenée des tombes qui se trouvent sous ce plancher. On y voit aussi qu’une tombe brisée se trouve juste à l’entrée de cette sacristie.
On notera le cimetière qui se trouve sur le coté droit de l’église avec une entrée latérale dans l’église. On remarque aussi que la porte de l’ancienne chapelle Saint-Michel à cette époque sacristie, donne bien dans le cimetière.
[1] De 1696 à 1754, de valeur inégale en fonction de la personne qui conduisait la visite et s’attachait à certains aspects plus qu’à d’autres.
Ce cimetière fut créé en 1521 comme l’atteste le document suivant :
« le 12 janvier 1521, deux échevins de la ville attestent que les enfants de Johan von Dickirchen, échevin de Thionville, ont donné à la nouvelle confrérie, leurs droits sur une place inculte près de la chapelle Saint-Michel pour y établir un cimetière à l’église paroissiale »
Il est à remarquer que le cimetière est très petit et ne peut contenir plus de 150 corps, ce qui obligeait à faire régulièrement de la place en transférant les ossements dans l’ossuaire sous l’église. Le problème se reposera plus tard dans la nouvelle église.
Ainsi en 1733, une visite pastorale note que des crânes et des os sont entreposés jusque sous l’escalier menant à la crypte et sont visibles de la rue. Qu’il faudra donc construire un ossuaire dans le petit cimetière afin de solutionner ce problème,[1] ce qui fut fait par la suite.
Pour être très explicite sur ce sujet, lors du démantèlement des remparts de la ville en 1903 par les allemands, on a retrouvé les fondations de cette ancienne église, avec une partie des colonnes et des murs du chœur qui montrent bien la chapelle Saint-Michel.
Mais aussi, c'est soixante tombereaux de squelettes qui furent retirés de l'ossuaire et transférés au cimetière Saint-François. On a examiné un peu ces squelettes qui pratiquement tous, étaient ceux de jeunes hommes, plutôt grands et en bonne santé avec des dents très saines. Sans aucun doute de jeunes soldats tués lors des différents sièges de la ville.
De nombreux notables de Thionville se faisaient inhumer dans leur caveau familial dans cette église, les registres paroissiaux de la ville en font foi. Certains, se faisait inhumer dans l'église des Augustins, d'autres au cimetière Sainte-Suzanne, hors la ville à Saint-Françoi, mais nous reparlerons de ces différents cimetières dans le prochain article.
Sur le coté droit de cette église, vis à vis du cimetière, il y avait un grand bâtiment appartenant au sieur de la Roche, avec ses dépendances et son jardin à l’arrière. Ce bâtiment touchait au rempart côté Moselle comme la chapelle Saint-Michel et il était mitoyen vers la ville avec la maison du sieur Limbourg, elle même mitoyenne avec la maison de la cure ou presbytère et son jardin à l’arrière.
[1] A cette époque, les règles sanitaires et la relation des habitants avec les morts, poussent à la disparition puis à l’interdiction de ces ossuaires
Revenons à l’église, comme je l’ai dit précédemment, lors de la destruction des fortifications de la ville en 1903, les fondations du chœur de cette église furent retrouvées. (Plan ci-contre)
Le chœur avait une forme plus arrondie, plus profonde, on a sans doute tronqué une partie de celui-ci lors d’un élargissement des remparts. Les colonnes qui soutenaient la voûte étaient finement travaillées montrant de façon explicite la nature gothique de l’édifice.
Pour terminer, je voudrais mentionner le rapport du 24 janvier 1725, commandité par l’évêque de Metz afin de voir si cette église était encore à même de suffire aux besoins de la population de Thionville. Ce rapport fut précédé d’une expertise in situ menée par Gilles Bonnard, prêtre, docteur en théologie à la faculté de Paris, chanoine trésorier de l’église de Metz en compagnie d’Alexandre, archiprêtre et curé de Thionville. Eux mêmes accompagnés par monsieur de Brillac [1], gouverneur de la ville avec quelques officiers et ingénieurs [2] de la ville.
Cette visite très détaillée, nous donne les dimensions de l’église qui sont les suivantes :
Le chœur fait environ 12 m de longueur sur une profondeur de 4 mètres y compris le maître autel ce qui ne laisse pratiquement plus de place pour y mener correctement les cérémonies quand le clergé et ses desservants sont autour de l’autel. [3]
La nef fait environ 24 m de longueur sur 14 m de largeur devant le choeur et seulement 10 m vers la porte d’entrée, en y comprenant les chapelles qui sont séparées entre elles par de gros piliers ou jambages.
La chaire à prêcher est desservie par un escalier de pierre fort imposant.
A l’entrée se trouve une tribune haute, faisant 4 m de profondeur sur la largeur de l’église et soutenue par deux piliers.
L’espace libre entre tous ces éléments est donc peu logeable, de plus, l’église est en assez mauvais état général.
Elle peut contenir tout au plus, 1000 à 1100 personnes mais dans des conditions de confort relatif.
Or, il se trouve que la population de la ville est de 3000 personnes sans compter la garnison qui se monte à 2150 hommes en période calme et peut monter à 5000 personnes lors des périodes de guerres.[4]
Lors des grandes cérémonies les officiers et leur valet occupent toutes les places et les bourgeois de la ville restent au dehors alors qu’eux ont payé leur banc. La population gronde et l’agrandissement de l’église est jugé impossible ne pouvant s’étendre vers le rempart qu’elle touche presque, ni vers la ville où se trouve la tour des habitants (le beffroi) qu’il est impossible de détruire.
Il fut donc convenu que la construction d’une nouvelle église était la seule solution et qu’il fallait s’y employer.
[1] François de Brilhac, maréchal de camp commandeur de l’ordre de Saint-Louis. Gouverneur de Thionville pendant 7 années et décédé à Thionville le 14 septembre 1731.
[2] Dont Cormontaigne.
[3] Les mesures sont données en toise, une toise = 6 pieds = 1,959m environ
[4] La garnison se compose de 2 escadrons et 3 bataillons, 2 français et 1 suisse soit environ 1800 hommes et 200 officiers. Il y a aussi une brigade d’officiers réformés de Bavière et 150 valets pour les officiers soit 2150 hommes en période calme.-
Après de nombreuses péripéties, la ville rachètera en 1755, les maisons des sieurs de La Roche, Limbourg et le jardin du sieur de Latouche [1] . Elle fera construire en 1756 la nouvelle église Saint-Maximim.
[1] Marie Madeleine le Brun veuve de Jean François de la Roche Girault , écuyer et seigneur de Bétange, ancien capitaine d’infanterie. Jacques François de la Roche Girault, écuyer et seigneur de Bétange, commissaire d’artillerie à Thionville et enfin Suzanne de la Roche Girault.
Le sieur Limbourg était procureur du roi en la maitrise des eaux et forets.
Le sieur de Latouche était conseiller du roi au bailliage.
En dehors des bâtiments à usage militaire, Thionville avaient beaucoup de bâtiments à usage religieux et l'histoire de ces bâtiments bien que complexe à reconstituer est très intéressante pour cerner l'histoire de la ville et de ces habitants pour qui la religion fut d'un grand secours dans les périodes difficiles que traversa la ville. Les chapelles ou autels furent nombreux tout comme les confréries qui finirent pour certaines d'entre elles par être interdites.
Littéralement on ne savait à quel saint se vouer !
Aux archives de la ville figure un « rare » document [1] du 10 janvier 1482 qui nous relate l’édification et la dotation d’une « mystérieuse » chapelle Saint-Michel à Thionville en l’année 1482. Sa construction avait commencée en 1479, on l'appelait encore la chapelle de l'ossuaire.
Rare, parce que les documents antérieurs à la guerre de Trente ans le sont, mystérieuse, parce que même chez les « aficionados » de l’histoire de Thionville, cette chapelle Saint-Michel est pratiquement inconnue.
Ce document de trois pages et demie d’une écriture fine et serrée et très lisible, sauf pour les noms propres toujours délicats à interpréter et les lieux dits en dialecte qui ne sont pas traduits juste écrit phonétiquement par un traducteur ne connaissant probablement pas le dialecte Thionvillois.
J’emploi le terme de traducteur car à l’origine le document daté du 10 janvier 1482 a été rédigé en latin puis traduit en français par un notaire public le 3 septembre 1631 afin de certifier le document comme conforme et au final valider les donations de la fondation.
[1] Cote : 1c1 Tiré du canon du concile de Reims de 1583.
En exemple la page N°3 du document.Le document est très condensé, parfois un peu aride du fait des tournures de phrases.
Pour fixer la période : En 1482, Thionville est sous la coupe de la Maison impériale de Habsbourg (1477 à 1519) et sort juste de la période dite Bourguignonne (1461 à 1477
.Donateur pour édifier et fonder la chapelle : Mme veuve Dominique Fagelin
« …en exécution de la page testamentaire ou des dernières volontés d’une certaine Dominique veuve du nommé Tilman Fagelin (de Thionville) afin que soit connu à tous et un chacun qui les présentes lettres verront que lorsque Dominique (Fagelin) était en vie, elle aurait fait un testament et certains codicilles de sa dernière volonté pour ou elle ordonne une messe quotidienne dans l’église paroissiale de Thionville ou dans un lieu contigüe à cette paroisse par fondation et destitution pour être célébrée et chantée à perpétuité et comme elle nous a donné pleins pouvoirs et commis pour doter cette messe…. »
suivent les noms des exécuteurs testamentaires qui sont aussi les rédacteurs de ce document :
Nicolas Zuich, curé d’Entrange et résident à Metz
Jean Audain, prêtre
George Stiffeldinger, laïc habitant de Thionville.
Le document continue comme suit :
« …voulant aussi accomplir la volonté de cette défunte, nous avons (décidés) de parachever et accomplir une chapelle qui était commencée en partie à être édifiée et mis en perfection dans un lieu contigüe de la paroisse en l’honneur de Dieu et de la bienheureuse Vierge Marie et de Saint-Michel l’archange, Saint-Pierre prince des apôtres, de Saint-Etienne premier martyr, de sainte-Agathe et Sainte-Lucie, vierges… »
Cette chapelle déjà en partie construite va être terminée puis consacrée et enfin il va falloir la doter pour la faire vivre.
« …nous désirons doter cette chapelle et la mieux défendre selon l’intention de sa pieuse mémoire et pour l’entretien et la manutention du service divin et la continuation de celui ci perpétuellement, d’un consentement unanime et après mûre délibération entre nous, nous avons doté cette chapelle et avons ordonné ce qui suit : … »
Suit donc une énumération de « biens » qui seront affectés à la vie de la chapelle. Au final ces biens sont assez importants, il est intéressant de les lister car ils comportent des indications souvent précieuses sur la ville et ses habitants.
« Nous assignons à cette chapelle et donnons amplement et à perpétuité 6 francs monnaie de Metz, 2 maldres [1] de froment, 10 maldres de seigle et 8 maldres d’avoine à prendre tous les ans sur la cense de « Conteren » située à Thionville avec toutes ses dépendances et appendances de cette métairie. Si à la suite des temps cette métairie venait à être laissée a un plus grand prix et cens, nous nous réservons et à nos successeurs l’augmentation du surplus »
« Nous donnons de plus à cette chapelle 10 francs monnaie de Metz tous les ans à prendre et percevoir et lever sur tous les héritages, cens et rentes du domaine du noble homme, le seigneur Wilhem de Raville [2], chevalier et maréchal du Duché de Luxembourg et cela dans ses métairies de Monhen (Manom) et Garchem (Garche), qui nous sont dus pour lors et qui nous appartiennent. »
[1] Maldre = mesure de capacité qui à Thionville équivalait à un peu plus de 2hl, variant un peu suivant le type de grain (Blé, seigle, avoine)
[2] Wilhem ou Willem (Guillaume) de Raville était maréchal héréditaire de la noblesse du Luxembourg. En 1461, il déclare dans une charte qu’il reprend en fief du Duc de Bourgogne sa maison castrale de Thionville. (Archives nationales du Luxembourg) A cette époque le prévôt est Jean de Vy et son lieutenant est Guerlach de Volkrange. Thionville conserve un édifice « Hôtel de Raville » dans la cour du château qui était la demeure de Wilhem ou Guillaume de Raville. Voir : les sites suivants :
http://www.thionville.fr/article/162-La_Mairie_de_Thionville
« Nous donnons à cette même chapelle et nous lui assignons perpétuellement 20 septiers [1] de vin tous les ans à lever et prendre sur les vignes dans Guentrange lieu nommé « Nun charts » d’un côté la vigne du sieur Jean Crû, échevin de Thionville et de l’autre côté, la vigne du nommé « Clapers »
[1] Septier ou setier mesure de volume variant suivant les régions mais généralement autour de 8 pintes soit pratiquement 8 à 10 litres (Sous réserve car les mesures anciennes varient beaucoup d’une région à une autre)
« Nous donnons aussi à cette même chapelle 40 septiers de vin tous les ans à lever et à prendre sur une vigne située dans le lieu nommé « Des jugen scheffens » à coté d’un lieu appelé vulgairement « Des scheuden » et de l’autre côté la vigne de Jean Hayange »
« Nous donnerons ultérieurement à cette même chapelle et assignons 4 francs monnaie de Metz susdite tous les ans à percevoir et prendre sur la maison de Jean Densis située derrière le marché dans Thionville d’un coté la maison de Nicolas « louscholft » et de l’autre la maison du sieur George « Institous » laquelle maison est maintenant habitée par Pierre Pistov. »
« Nous donnons semblablement et assignons à cette même chapelle, 3 francs monnaie susdite (de Metz) , tous les ans à lever et à percevoir sur la maison de « Henchen Macholtz » située dans Thionville d’un côté la maison de « Hammenhaye » et de l’autre coté la maison de Jean de Densis » en souligné le texte figurant sur l’extrait suivant.
« Nous donnons et assignons à ladite chapelle la cire qui nous est due tous les ans dans le village de Distroff [1] pour l’augmentation du luminaire de ladite chapelle, et même les censes et rentes, et héritages et toutes autres choses susdites, nous voulons qu’elles soient tenues et possédées tous les ans par nos chapelains par nous ordonnés et nommés ou bien par nos successeurs pour leur labeur, charges et services et qu’ils les lèveront et recevrons tous les ans. »
« Nous voulons et ordonnons qu’à perpétuité des temps soit célébrée une messe basse tous les jours dans cette chapelle et dans les prédites fêtes de Saint-Michel, Saint-Pierre, Saint-Etienne, Sainte-Agathe et Sainte-Lucie et le jour de la dédicace de cette chapelle une messe haute solennellement avec les vêpres par les chapelains d’icelle. Laquelle messe devra être chantée incontinent après la grande messe de la même paroisse de Thionville ou au moins après l’élévation et non avant ce temps là. »
[1] Distroff souvent écrit avec un seul f, Distrof.
« Nous voulons et ordonnons qu’il soit et institué, deux chapelains pour desservir cette chapelle, desquels la collation et nomination nous appartiendra tout comme aussi la destitutions d’iceux, si un ou l’autre le méritait et voilà ce que nous nous réservons. «
« Nous voulons néanmoins qu’un ou deux de nous venant à mourir, les deux autres ou bien le seul restant ayant ou ait le pouvoir de nommer à icelle (chapelle) dans le jour qu’elle viendrait à vaquer et de la pouvoir conférer et en pourvoir celui ou ceux qu’ils jugeront à propos et après le décès de nous trois, nous avons statué et convenu que la collation [1] de cette chapelle appartiendra au juge de Thionville et aux plus anciens synodaux de ladite église paroissiale pour le temps de leur charge, après néanmoins avoir délibéré avec les justiciers au dit bourg (Thionville) et échevins de ladite paroisse (Thionville). Bien entendu que si un des chapelains un seul n’est pas fait son devoir ou ait manqué à ce que dessus, l’un ou l’autre pourra être privé et oté d’icelle (la chapelle) par nous ou nos successeurs collateurs et pouvoir pourvoir un autre ou deux ou induire et instituer toutes et quantes (autant de) fois qu’ils nous plaira et à nos successeurs collateurs. »
[1] La collation est le pouvoir de nommer un bénéficiaire.
« Si à la suite des temps on donnait et cédait ou si on rachetait quelques cens ou rentes, nous voulons et ordonnons que ces sortes de legs et ……… argent reviennent à nous et entre nos mains ou à nos successeurs collateurs, lesquels, nous ou eux, aurons le pouvoir d’en disposer et de les convertir (en argent) et les appliquer au profit et utilité de cette même chapelle de la manière ci-dessus énoncée à savoir que l’on emploiera les rentes et remplacements pour cette chapelle pour acheter et acquérir d’autres fonds (biens pour la chapelle) afin que le service divin ne vienne à diminuer dans icelle (la chapelle). »
« de plus nous donnons et assignons à cette même chapelle pour l’entretien et la manutention des édifices, livres, calices et autres choses nécessaires à cette chapelle qui pourraient y manquer aussi bien que pour un anniversaire d’iceux, Tilman et Dominique son épouse et de leurs plus proches parents et bienfaiteurs chaque année (lequel service se fera dans la chapelle), nous donnons déjà les cens et rentes suivantes sur certains de nos héritages ci-dessous spécifiés à recevoir, lever et prendre. »
« Premièrement 8 septiers de vin à prendre et percevoir tous les ans et à perpétuité dans la montagne de Guentrange sur une vigne nommée « Inderbechen », item nous donnons et assignons à cette même chapelle 4 septiers de vin à lever et percevoir à perpétuité sur une vigne située dans le lieu dit « Hafsenloch »
« Nous donnons aussi et assignons 12 escalins de cens, monnaie de Metz ) prendre et à lever sur une certaine maison appartenant à Arnoult fils de Nicolas dit « Hens Nicolaus » dans Thionville dans le coin ou on va au moulin ou à la grande tour d’un côté et de l’autre prés de la maison du susdit Arnould. »
« Item sur un jardin situé sur la Moselle dans le chemin ou on va au nouveau château (le Neufchâteau ou Neurbourg puis Gassion) prés du jardin du sieur Lambert Just, nous donnons et assignons 2 escalins de Metz.
Item nous donnons aussi et assignons à la dite chapelle 15 escalins [1] de Metz à prendre et à lever tous les ans sur les cens et rentes de Jean Henry et de sa femme dans le village de Distrof à nous dus dans le chemin communal et sur notre part du four banal dudit village.
Nous donnons aussi à la même chapelle une pat de cire à nous due dans le susdit village de Distrof. »
« Nous donnons aussi pareillement et nous concédons à la même chapelle un pré situé dans le village de Distrof dans le lieu dit « Hesselingen », nommé déjà « Qaluchetviesse » ou la valeur qui pourrait être reçue et levée tous les ans par nos députés ou commis notre vie durante et après notre décès par nos successeurs collateurs de cette chapelle dans lesquels cens et rentes nous voulons et ordonnons que le nonce ou marguiller de la dite église de Thionville pour le temps ait tous les ans, 9 gros messins. »
[1] Escalin monnaie originaire des Pays Bas qui fut très employée dans notre région.
« Nous voulons aussi et statuons qu’aux susdits fêtes des Saint-Michel, Pierre, Etienne, Agathe et Lucie et le jour de la dédicace d’icelle (la chapelle), le régent des écoliers du dit bourg de Thionville assiste avec ses écoliers dans cette chapelle pendant le temps de l’office divin, et ce régent aura une obole et les écoliers pareillement 7 deniers et une obole. »
Item nous ordonnons aussi que nos successeurs collateurs de cette même chapelle aient pour leurs labeurs et diligence et soins qu’ils se donneront et recevront sur les mêmes cens et rentes 9 gros [1] monnaies de Metz susdite. »
« En foi de quoi et pour témoignage de tout ce que nous venons de statuer, nous Nicolas Zuich, Jean Audain et George exécuteur dudit testament, nous avons fait faire ces présentes lettres, nous avons mandé et nous de plus pour plus grande force et assurance de ces présentes lettres, avons supplié et prié, comme nous supplions et prions par la teneur de ces présentes lettres, le vénérable et circonspect honnête homme le sieur vicaire général pour le spirituel du Révérend père en JC (Jésus Christ), Monseigneur évêque de Metz, de vouloir louer, confirmer et approuver tout ce que dessus et nous Jacques d’Ensonge, archidiacre de Metz et vicaire général pour le spirituel au très Révérend père en JC, Monseigneur George [2] par la grâce de Dieu, évêque de Metz priant sa grandeur de vouloir faire attention que tout ce que dessus est très salubre et bien pensé pour la plus grande louange et honneur de Dieu. C’est pourquoi à la supplication des dits exécuteurs nous de l’autorité de mon dit Révérend Père lequel nous assistons aux fonctions avons confirmé et approuvé comme nous louons et confirmons et approuvons le tout et nous avons apposé notre sceau de notre palais de Metz aux présentes, duquel nous nous servons ici.
Fait à Metz le dimanche de l’incarnation, l’an mil quatre cents quatre vingt deux, le second jour du mois de septembre et le sceau de cire verte pendait à son original pour copie collationnée. »
« 2ème Trouvée conforme, par moi notaire public aujourd’hui 3 septembre 1631, signé « Hesf » et translatée du latin en français par moi, du 10 janvier 1482 qui était après le mois de septembre parce que les années commençaient le premier mars.
Nous vicaire général soussigné du révérend père en JC (Jésus Christ), et de mon dit seigneur George par la grâce de Dieu, évêque de Metz à nos chers en JC, Nicolas Zuich, curé d’Entrange, résidant à Metz, Jean Audain, prêtre et George Schisfeldinger, laïc habitant du bourg de Thionville, salut en notre seigneur. »
« Comme vous conjointement exécuteurs du testament ou dernière volonté (ce début de phrase manque) de Dominique veuve du nommé Tilman Fagelin de Thionville auriez fondé une chapelle et institué une messe pour chaque jour pour cette Dominique et ses descendants et bienfaiteurs à célébrer à perpétuité comme nous l’avons vu présenter cy devant nommées et comme nous l’avons vu plus au long et que vous nous auriez supplié de vouloir bien confirmer la présente fondation et toutes les autres choses contenues dans icelle (ces lettres). C’est pourquoi sur la bonté de mon dit seigneur et père en JC (Jésus Christ) évêque de Metz par la teneur des présentes nous louons, approuvons et confirmons cette fondation et institution susdite et voulant surabondamment augmenter le culte de Dieu, nous concédons à tous ceux qui confessés et contrits visiteront ladite chapelle aux fêtes ci-dessus annoncées qui se célébreront solennellement et qui pour le maintient et fonction d’icelle (la chapelle) auront prêté les mains et contribué de leurs biens, toutes et quantes fois qu’ils le feront, gagneront 40 jours de pénitence à eux enjoints par la miséricorde de Dieu et ces indulgences sont concédées à perpétuité, donné (ces lettres) sur le sceau de notre cour de Metz duquel nous nous servons en pareil cas. L’an de grâce du seigneur 1482 à Metz, le 10 du mois de janvier. »
Voilà pratiquement de façon exhaustive le document de création et de fondation de cette chapelle qu’on appela « Saint-Michel » qui fut construite à coté de l’église paroissiale de Thionville. On voit qu’elle fut extrêmement bien dotée afin d’assurer sa pérennité au cours des temps à venir.
Résumé des dotations : (Tous les ans et à perpétuité.
6 + 10 +4 +3 = 23 francs de Metz [1]
12 + 2 + 14 = 28 escalins de Metz [2]
9 gros + 7 deniers + 1 obole [3]
2 maldres de froment (blé)
10 maldres de seigle
8 maldres d’avoine [4]
20 + 40 + 8 + 4 septiers de vin de Guentrange [5]
La cire pour les bougies et la location d’un pré à Distroff.
La nomination de 2 chapelains pour s’occuper de la chapelle.
Ces dotations ont permis le fonctionnement de cette chapelle durant 276 ans, soit de sa construction qui débuta en 1479 jusqu’à sa démolition avec celle de l’ancienne [6] église paroissiale de la ville en 1755.
[1] à 12 gros le franc soit 276 gros de Metz
[2] soit 336 gros
[3] Une obole = 4/8 de denier.
[4] Ces céréales étaient revendues au prix du marché pour en dégager une certaine somme annuelle.
[5] Idem le vin était revendu au prix du marché pour le convertir en revenus
[6] La deuxième église paroissiale reconstruite vers 1500. La première église romane datant de 1123.