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http://www.histoiredethionville.com/ 2017/11/les-petits-train-de-thionville-veymerange.html

Publié le par Michel Persin

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Les trains oubliés de Thionville-Veymerange

Publié le par Persin Michel

Passant régulièrement dans ce quartier de Thionville, Veymerange, où j’ai passé une partie de ma jeunesse,  je vois disparaître les quelques témoins du passé de ce village.

 

Ainsi en est-il des vestiges des deux voies ferrées qui traversaient jadis le ban du village. Aujourd’hui, il me semble opportun d’évoquer brièvement l’existence de ces voies ferrées qui ont laissé leur empreinte dans ce paysage bucolique et qui n’en doutant pas faisaient partie de la mémoire collective des habitants.

Les trains oubliés de Thionville-Veymerange

Sur ce plan et surtout ci-dessous, sur la photo aérienne de 1955, l’on voit bien le carreau de la mine de Metzange avec sa voie ferrée en activité permettant d’amener le minerai de fer aux hauts fourneaux de Thionville.

 

Cette ligne passait à côté du cimetière et croisait la route de Florange juste à la sortie du village pour se diriger vers Terville.

 

Les ruisseaux, celui venant de Metzange et celui venant d’Elange, sont bordés de saules et donc très visibles sur cette photo. Ils se rejoignent en plein cœur du village pour n’en plus former qu’un seul qui traversant Terville, ira se jeter dans la Moselle, à l’entrée sud de Thionville.

 

La voie ferrée militaire qui était une voie étroite de 0,60m, détruite par les allemands dès 1941, a laissé une empreinte encore visible à travers le village.

Son ballast recouvert de buissons est encore bien visible à la sortie du village sur la route de Florange, au cœur du village, elle a servi de support à la rue des jardins fleuris avec son pont métallique d’époque.

Photo collection MP

Photo collection MP

Les deux voies ferrées :

 

1 – La voie ferrée reliant le carreau de la mine de Metzange aux hauts fourneaux de Thionville.

 

2 – La voie ferrée militaire reliant le dépôt de munitions de Saint-Hubert et le gros ouvrage du Kobenbusch via les gares de transbordement de Florange et d’Hettange-Grande.

 

 

 

1 -La voie ferrée dite de l’usine :

 

 

Cette ligne de chemin de fer à écartement normal avait été construite pour alimenter avec le minerai de fer extrait de la mine dite de Metzange[1], les haut-fourneaux de Thionville, créés par Carl Roechling à la fin du 19ème siècle.

 

[1] Mine dépendant de celle d’Angevillers, datant de 1900. Désaffectée en 1975, installations détruites en 1984

Sur le carreau de la mine de Metzange, le minerai était chargé sur des wagons tractés par une locomotive électrique, un passage à niveau existait à la sortie du village sur la route menant à Florange via l’Etoile. Un autre passage à niveau important se situait à Terville, sur la route menant à Daspich où se produisit le 9 février 1928, un terrible accident  faisant 19 morts et 6 blessés, quand un wagon détaché du train, percuta le tramway reliant Thionville à Florange [1].

 

A la fermeture du carreau de la mine, cette voie ferrée n’ayant plus d’utilité, fut abandonnée aux herbes folles, comme le montre la photo de la page suivante.

 

Aujourd’hui,  si l’on peut encore deviner l’emplacement de cette ligne de chemin de fer, demain,  elle disparaîtra sous un lotissement en cours de réalisation.

Une locotracteur électrique ici conduit par M. Toussaint
 

[1] Récit de l’accident dans l’ouvrage « Terville, Histoires retrouvées » 2013 par Michel Persin

 

La photo ci-contre m'a été donnée par Mme Erna Welsheimer  qui était la fille de JP Toussaint.

 

1980 La ligne ferrée désaffectée depuis quelques années (Photo collection MP)

1980 La ligne ferrée désaffectée depuis quelques années (Photo collection MP)

2017 L’empreinte de la voie ferrée est encore visible, elle passait au pied du gros arbre roux en fond de photo. (Photos prises du même endroit)

2017 L’empreinte de la voie ferrée est encore visible, elle passait au pied du gros arbre roux en fond de photo. (Photos prises du même endroit)

Au bout de cette voie, l’usine désaffectée (ci-dessous) (photo collection MP)

Au bout de cette voie, l’usine désaffectée (ci-dessous) (photo collection MP)

Photo collection Michel Persin

Photo collection Michel Persin

2 - La voie ferrée militaire :

 

 

A la fin de la première guerre mondiale, l’artillerie chercha un moyen de transporter des munitions pour alimenter ses canons [1]. C’est le lieutenant colonel Péchot, polytechnicien qui en 1884, plancha sur le moyen de transport adéquat pour transporter les munitions.

 

Il pensa de suite au chemin de fer avec un écartement de 0 ,60 m et des essais furent effectués en 1888 avec l’aide d’un ingénieur, monsieur Bourdon, les essais furent concluants et le système fut mis en place pour les places fortes de l’Est.

 

Les rails posés sur un ballast étaient préfabriqués et le réseau pouvait se monter très rapidement.

 

Afin d’assurer, depuis le dépôt de munitions de Saint-Hubert [2] , l’approvisionnement en munitions, mais aussi des autres produits utiles au fonctionnement des forts de la ligne Maginot situés nord-est de Thionville, principalement l’ouvrage de Soetrich et celui du Kobenbusch. On décida de construire une voie ferrée à voie étroite partant du dépôt de Saint-Hubert passant à Florange, Veymerange, Elange puis Hettange-Grande pour arriver au gros ouvrage du Kobenbusch près de Cattenom où se trouvait le « gril ».[3]

Une petite dérivation alimentait l’ouvrage de Soetrich. (Voir le plan)

 

[1] Pour exemple en 1916 pendant 7 mois  furent tirés plus de 23 millions de projectiles

[2] Situé entre Fameck et Uckange non loin du « moulin de Brouck »

[3]  Le « Gril » était une petite station de triage ou l’on stockait les trains arrivant avant de les décharger pour entrer les munitions dans les ouvrages.

En rouge la voie ferrée Saint-Hubert- Kobenbusch passant à Veymerange

En rouge la voie ferrée Saint-Hubert- Kobenbusch passant à Veymerange

Les expropriations pour construire cette voie ont commencé à Veymerange en 1933 et jusqu’en 1938. Le tracé qui passait entre le haut et le bas du village franchissait le ruisseau venant de Metzange, on y construisit un pont sur le modèle standardisé alors en vigueur. Ce pont existe toujours, aujourd’hui piétonnier, il permet d’emprunter la rue des jardins fleuris allant au groupe scolaire Robert Desnos.

Le pont rue des jardins fleuris (Photo 2010 - collection Michel Persin)

Le pont rue des jardins fleuris (Photo 2010 - collection Michel Persin)

Sur la photo ci-dessous de 1995,  prise depuis le pont, nous voyons l’emprise de l’ancienne voie ferrée devenue la rue des jardins fleuris. Au fond l’école Robert Desnos et vers le milieu de la photo nous remarquons une plateforme des deux côtés de la voie, c’était en fait un garage d’évitement pour la circulation des trains.

1995 - Les restes de la plateforme transversale permettant l'évitement au besoin (Photo MP)

1995 - Les restes de la plateforme transversale permettant l'évitement au besoin (Photo MP)

Ci-dessous, sur la photo prise à la sortie de Veymerange sur la route menant à  Florange, on voit encore bien sous la haie au premier plan, le ballast de cette voie ferrée.

2017 - A la sortie du village sur la route menant à Florange via l'Etoile (Photo MP)

2017 - A la sortie du village sur la route menant à Florange via l'Etoile (Photo MP)

Ces trains comportaient  d’habitude trois wagons qui pouvaient être des plateformes pour les munitions [1] (voir ci-dessous), des citernes ou des wagonnets pour le sable ou autre matériau de construction.

 

[1] Type 1888

Wagon plateau type 1888

Wagon plateau type 1888

Les locomotives disponibles au dépôt de Saint-Hubert étaient de trois types différents :

 

La Péchot-Bourdon à vapeur

 

La Crochat à essence et transmission électrique

 

La Schneider à essence et transmission mécanique

 

Les plus nombreuses étaient les locotracteurs de type Crochat, plus puissants, ils desservaient en priorité les forts de Molvange et Rochonvillers le terrain y étant plus pentu.

 

Sur la ligne Veymerange-Elange, il semble que ce soit plutôt des locotracteurs « Péchot » qui étaient le plus utilisés.[1]

 

[1] Un des témoins de l’époque, m’a confirmé ce fait, car cette locomotive était très facile à reconnaître aves ses deux cheminées et son panache de fumée. Ce qui fit qu’après le 10 mai, elles lassèrent la place aux autres locotracteurs moins visibles.

Locotracteur de type "Péchot"

Locotracteur de type "Péchot"

Toutefois, les trois types de locotracteurs furent utilisés au gré des besoins.

 

Après le 10 mai 1940, c'est à dire à la fin de la "drôle de guerre", lors de l'offensive allemande,  les  transports se faisaient de nuit.

 

Le 29 septembre 1939, deux trains avec des wagons plats chargés de rails partirent du dépôt principal de Saint-Hubert pour relier le fort du Kobenbusch, terminus de la ligne passant à Veymerange. Les deux trains se suivaient, sur les wagons de rails avait pris place des soldats qui découvraient la ligne. Il faisait beau, et sans doute distrait par le paysage et peu habitué à la conduite de ces trains, le second train percuta le premier qui s’était arrêté brutalement. Un soldat y perdit sans doute ses jambes et quelques uns furent un peu commotionnés !

Cependant chacun connaît la tournure que prit cette guerre, déclarée le 10 mai 1940. Les troupes allemandes avançant rapidement, le 13 juin ordre fut donné du repli définitif des effectifs du dépôt de Saint-Hubert, le dernier train à rejoindre le dépôt fut celui du Kobenbush, via Veymerange, il arriva à Saint-Hubert vers 1h 30 du matin le 14 juin 1940. Tout le dépôt avait été évacué dès 4h, après destruction de l’ensemble du matériel.

 

Les voies ferrées desservant Rochonvillers, Molvange, Soetrich et le Kobenbusch étaient exploitées par la 3ème compagnie du 221ème bataillon de forteresse qui deviendra en 1940 la 663ème compagnie d’exploitation du 15ème Génie.

 

Toute la compagnie fut faite prisonnière le 21 juin 1940 dans les Vosges.[1]

 

Une batterie de DCA, fut installée non loin de cette voie ferrée afin de la protéger et de protéger de même le carreau de la mine de Metzange toute proche.

 

[1] Dans le bois de Saint-Hélène à Saint-Gorgon.

 

Une partie de l’ancienne voie ferrée  en plein cœur du village avait d’ailleurs un moment porté le nom de cette batterie, la 131ème. (2009 - Photo MP)

 

Les allemands s’empressèrent de démonter cette voie ferrée militaire ne laissant subsister que le pont sur le ruisseau de Metzange et le ballast des voies encore visibles à certains endroits.

 

Voilà quelques éléments sur ces deux voies ferrées qui traversaient le ban communal

 

L’ouvrage Kobenbusch en forêt de Cattenom

L’ouvrage Kobenbusch en forêt de Cattenom

Bibliographie :  

 

Le dépôt de munitions de Saint-Hubert Hors série de Vie et Culture à Florange

 

Le petit train  du Kobenbusch par Pierre Abel Dufour

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Publié le par Michel Persin

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1914-1918 - Thionville - Aux soldats de nos familles

Publié le par Persin Michel

Demain, nous allons commémorer le 11 novembre et la fin de la « grande guerre », à cette occasion, je voudrais évoquer dans cett article, l’histoire de mon grand-père maternel qui habitait Veymerange où il était né en 1886, où habitaient ses parents depuis les années 1850.

 

A la déclaration de guerre le 3 août 1914, il était citoyen allemand, l’Alsace Moselle ayant été annexée à l’Allemagne, suite à la désastreuse guerre de 1870, guerre que son père avait faite sous l’uniforme français.

Gabriel Bolzinger dit « Victor » marin dans la Kaserliche marine.

Gabriel Bolzinger dit « Victor » marin dans la Kaserliche marine.

Je ne l’ai pas connu, il était déjà décédé à ma naissance, mais son épouse, ma grand-mère et sa fille, ma mère, m’ont raconté un peu sa vie et surtout, elles ont gardé de nombreux documents le concernant.

 

Son parcours est assez représentatif des jeunes hommes de nos villages à cette époque. Il était un camarade de ces jeunes dont le nom est gravé sur le monument aux morts de Veymerange-Elange.

 

Gabriel Bolzinger dit « Victor » était né à Veymerange, le 6 septembre 1886. Il avait un frère aîné, Joseph Bolzinger, né le 25 février 1885.

 

Ses parents étaient « ouvriers/paysans » comme c’était souvent le cas dans les villages proches de Thionville et d’Hayange où la sidérurgie prend son essor et demande des bras.

Les habitants de la Moselle, de l’Alsace, sont depuis 1871, soit 15 années, des sujets allemands qui vont à l’école allemande, le français est prohibé, même dans la rue, leur langue maternelle est le francique mosellan proche de la langue allemande. Toute leur jeunesse se passe dans la culture de l’empire allemand.

 

En 1908, il est incorporé dans la marine impériale, en mer Baltique, dans la 1ère compagnie, 2ème torpédo-division sur un torpilleur de la classe V150, pour faire son service militaire de 3 ans.

Il ne bénéficiera d’aucune permission.

Ci-contre son livret militaire.

.Le 8 avril 1913, il épouse à Veymerange, une jeune fille de Rémelange, Marie Mangeot, dont les parents sont ouvriers aux forges de Hayange. Elle et sa famille sont de culture française, la langue française est utilisée couramment en famille, même si bien entendu, à l’école, elle a appris l’allemand et l’utilise tous les jours dans la vie courante. Ils vont s’installer à Metzange dans des maisons louées par la mine à ses ouvriers. Là, il se perfectionnera comme électromécanicien.

 

(Ci-contre sa photo le jour de son mariage, il a 27 ans)

 

De ce mariage naîtra fin 1913, une fille, Marie Germaine (ma mère), mais le bonheur ne dura que quelques mois.

 

Dès le 3 août 1914, il est réincorporé dans la marine allemande, à Wilhelmshaven où il fera plus de 800 heures de pleine mer, passant de la Baltique à la mer du Nord, souvent aux machines, parfois aux canons.

 

Le torpilleur V155 sur lequel il a servi, passant sur le « Kanal Kaiser Wilhelm » reliant la mer Baltique à la mer du Nord.  Il a été inauguré en 1895 et mesure 98 km de long pour 104 m de largeur sur une profondeur de 13 m. Le pont  est le « Hochbrücke ».

 

 

Libéré le 24 novembre 1918, il a alors 32 ans et n’a bénéficié que d’une courte permission en 1917, pour raison de santé.

 

Il a du mal à se réinsérer dans la société française, il maitrise mal le français qu’il n’a jamais  vraiment pratiqué.

 

Il reprendra alors son métier à la mine de Metzange d’où il sera licencié dans les années 1934, à cause d’une compression de personnel (déjà) suite à la grande crise de 1929.

 

Il a alors 48 ou 49 ans, sa fille, Marie Germaine, va se marier en 1936, avec un aviateur français, mon père.

 

A l’entrée en guerre de la France en 1939, il a 53 ans.

 

Il est usé par son travail à la mine et par les 7 années passées dans la marine de guerre allemande,.

 

Les conditions de travail et la hiérarchie militaire prussienne, l’ont laissé vieilli et fatigué.

 

(Sur cette photo avec son épouse, il a 50 ans)

Le 2 octobre 1942, il décédera suite à une péritonite non opérée. Son épouse restera veuve le restant de sa vie, soit jusqu’en  1975.

 

Voilà un parcours qui laisse entrevoir les difficultés physiques et psychologiques rencontrées par ces jeunes gens et par leurs familles.

 

Des parents français qui ont servi la France en 1870, puis une annexion brutale à l’empire allemand, un changement radical et profond, de langue [1], d’écriture [2], de culture, d’administration, de système monétaire, de lois et de manière d’être.

 

N’oublions pas que de nombreux allemands de souche sont venus s’installer en Moselle pendant cette période.

 

Une armée prussienne à la discipline de fer qui ne leur fait aucune confiance et les envoie loin du pays.

 

Enfin une guerre terrible de 4 années où ils sont surveillés, soupçonnés, envoyés sur le front de l’est où beaucoup laisseront leur vie.

 

Enfin, pour les plus chanceux, un retour à la France, où il faut tout réapprendre et faire avec la « honte » d’avoir servi l’Allemagne. [3]

 

Et voilà que 21 ans plus tard, le même scénario se rejoue, une nouvelle défaite, une nouvelle annexion, une nouvelle armée allemande obligatoire, une nouvelle guerre, une nouvelle administration, une nouvelle écriture [4], tout recommence et toujours le front de l’Est où ils laissent leur vie.

 

Ma grand-mère, son épouse disait que lorsqu’il voyait, pendant la dernière guerre mondiale, les soldats allemands au village, cela le rendait littéralement malade au point d’aller se coucher !

 

Et puis 1945 et la paix qui revient, mais les traumatismes sont bien ancrés et mettrons des années à disparaître, souvent avec eux et leur familles.

 

Une somme de souffrances que la gloire du vainqueur ne viendra pas alléger.

 

 

[1] Le francique mosellan n’est pas du haut-allemand !

[2] Ecriture « Sütterlin » aujourd’hui pratiquement illisible

[3]  Dès 1919, certaines communes (Terville, Veymerange, Volkrange) mirent en place des cours d’adultes pour apprendre ou réapprendre le français.

[4]  En 1913, l’Allemagne avait introduit dans ses écoles, l’écriture dite « Sütterlin » du nom de son inventeur, elle sera interdite par Hitler en 1941 qui la jugeait trop « juive ». 

 

 

Pendant que mon grand père maternel patrouillait sur les côtes de la Baltique, de la mer du Nord,  mon grand père paternel, né en France, faisait la guerre en Meuse, dans un bataillon de forteresse.

(Sa croix du combattant)

 

Plus avant dans la guerre, déjà âgé, il rejoindra les subsistances et les boulangeries militaires de la 23ème section à Troyes.

(Il était boulanger de métier)

L'équipe de la 23 ème section de la  boulangerie militaire de Troyes

L'équipe de la 23 ème section de la boulangerie militaire de Troyes

Il a écrit des carnets où il « raconte » sa vie, il n’y évoque que très peu la guerre, parlant surtout de l’avant guerre dans une petite commune de la marne, où il était heureux en famille.  Il parle aussi de l’après guerre et de sa réinsertion difficile dans la vie de la commune, trouver un travail, se marier, élever ses enfants.

 

Il y « parle » de sa peine de voir son beau-frère, un paysan râblé et fort, revenir gazé à l’ypérite [1], cloué au lit et sur une chaise, sa vie durant, cherchant le peu d’air nécessaire à sa vie.

 

Il illustre ses carnets de dessins patriotiques et de chansons d'époque:

(Dessins de Gaston Persin)

 

[1] Du nom de la ville d’Ypres où il fut employé pour la première fois en septembre 1917, aussi appelé gaz moutarde dont il avait l’odeur.

Le drapeau français

Le drapeau français

La croix de Lorraine

La croix de Lorraine

Cet oncle, infirme de guerre,  je l’ai connu, j’étais jeune et quand nous allions le voir, au bout d’un moment, à le voir respirer si difficilement, j’en arrivais à ne plus pouvoir respirer de façon normale, ma respiration se calant sur la sienne, sourde et étrange.

Le  père de ce grand père champenois, mon arrière grand père,  avait  fait partie des mobiles de la Marne au début de la guerre de 1870, il fut un des rescapés du massacre qui a eu lieu le 28 août 1870 à Passavant en Argonne. Son beau frère parti avec lui y trouvera la mort, prisonnier, il fut massacré à coup de sabre sur la route en plein cœur du village.

 

Le monument dédié au massacre des mobiles de la Marne à la sortie de Passavant en Argonne.

Sa médaille "N'oublier jamais" l'Alsace et la Lorraine

Sa médaille "N'oublier jamais" l'Alsace et la Lorraine

Son propre grand père [1], soldat de Napoléon, était titulaire de la médaille de Sainte-Hélène.[2] (Ci-contre sa médaille de Sainte-Hélène)

 

Aussi, ce jour de commémoration est pour moi l’occasion de penser avec respect et tendresse, au-delà du temps qui recouvre tout de ses ténèbres, à ces membres de ma famille et à tous les soldats et familles qui ont souffert et qui souffrent encore de cette horrible chose qu’on appelle la guerre.

 

[1]  Soit mon arrière, arrière grand père !

[2] Dite la médaille en chocolat à cause de sa couleur.

NB :

 

Bien entendu, lors de la « Grande guerre »  de nombreux alsaciens et mosellans ont aussi combattu dans l’armée française car leurs familles avaient choisi la France en 1872 [1], loin de moi, l’idée de minimiser leur action.

 

Juste quelques chiffres pour bien préciser les choses.

 

Il y a eu environ 130 000 « optants » pour la France soit un tiers de la population.

Seul 50 000 personnes sont réellement parties s’installer en France, les autres sont devenues allemandes par défaut, malgré leur option. Très peu, quelques milliers ont opté pour l’Allemagne. La période était très confuse et les bruits les plus contradictoires circulaient sur les modalités de l’option. Il est certain que pour une majorité de la population des territoires occupés, le choix se fit par défaut. « Wait and see » en quelque sorte.

 

Toutes les photos et dessins sont de ma collection personnelle, ils peuvent être utilisés en citant cet article et le blog www.histoiredethionville.

 

[1]  Un clause du traité de Francfort de 1871 prévoyait la possibilité pour les alsaciens et mosellans d’opter avant le 30 septembre 1872 pour la nationalité allemande ou française avec alors le devoir de quitter la région définitivement.

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