1719 - 1727 Thionville - Val Marie (suite 5…)
Pour résumer un peu les épisodes précédents:
Nous savons que Remy Schweitzer ou Suisse a passé un bail en 1698 avec les Dames religieuses de Marienthal au Luxembourg pour exploiter la métairie ou ferme dite "Vonnerhof" située à Thionville au Val Marie. Son fils Balthazar Schweitzer ou Suisse prendra la suite de l'exploitation quand son père Rémy arrêtera ses activités car trop âgé. Les parents, Rémy et son épouse, continueront à habiter à la ferme avec leur fils et belle fille.
La famille Schweitzer ou Suisse, exploite donc cette ferme ou métairie de "Wonnerhof" qu'on appelle aujourd'hui "Marienthal" depuis 1698 soit déjà 21 années, bonnes ou mauvaises. Auparavant (1692), elle était exploitée par la famille Baué ou Boué de Beuvange sous Saint Michel, elle s'appelait déjà "Vonnerhof" du nom de l'exploitant "Vonner" d'avant la guerre de Trente ans.
Un acte du 16 janvier 1719, nous explique que l'honnête Rémy Schweitzer, censier, demeurant à la ferme de "Wonnerhof", sans force ni contrainte, avoue avoir contracté une dette juste et loyale d'un montant de 200 livres tournois auprès du juif Lazard Limbourg de Thionville.
Cette dette, il s'oblige à la rembourser à la Saint-Martin d'hiver prochain sans aucun délai et cela sur l'ensemble de ses biens où qu'ils se trouvent.
(Balthazar Schweitzer ne sait pas signer mais Lazard Limbourg signe très lisiblement)
Enfin un dernier acte du 19 février 1727, nous prouve que les affaires de cette famille ne vont pas bien et même se dégradent sérieusement comme semble déjà l'indiquer le prêt fait en 1719 au juif Lazard Limbourg.
Effectivement à la révolution, les cahiers de doléances de nos villages sont explicites sur le fait que les fermiers évitaient au maximum d'emprunter aux juifs qui pratiquaient alors des taux d'usure importants, ils ne le faisaient que poussés par la nécessité.
Donc, ce dernier acte retrouvé, daté du 19 février 1727, nous apprend que Laurent Elminger, admoniateur pour la région, des nobles dames religieuses de Marienthal, a passé une transaction avec Balthazar Schweitzer, censier de "Wonnerhof" et avec Alexis Collin époux de Elisabeth Schweitzer comme héritiers de Rémy Schweitzer, leur père et beau père.
Cette transaction n'a pour but que de terminer et assoupir tous les procès en cours :
En premier lieu, les dames de Marienthal veulent que Balthazar Schweitzer soit déchu du bail passé avec leur père en 1698 suite à la demande faite par le procureur du roi de la maitrise des eaux et forêts de Thionville contre les dames religieuses en sommation contre ledit Balthazar Schweitzer qui est passé en jugement suite à un procès en date du 5 du mois courant d'où il ressort que ledit Schweitzer et consors ont commis des dégradations dans les bois de "Kaufbush" ou "Herkenbush" et dans un autre bois appelé "Schock" situé au ban d'Optante. Dégradations pour lesquelles, une amende est réclamée, se montant à 680 livres tournois. Amende acceptée dans la transaction avec comme corollaire que ledit Schweitzer pourra continuer le bail comme prévu en 1698 avec son père, mais qu'il devra remettre immédiatement aux dames de Marienthal et pour toujours le bois dit "Herkenbush" qu'il exploitait comme faisant partie du bail.
De plus, il renonce aux 55 setiers de vin qu'il tirait des vignes de Guentrange en foi de quoi le sieur Laurent Elminger, admoniateur des dames religieuses, accepte de délai demandé par ledit Balthazar Schweitzer pour rétablir la maison, la grange, les écuries et dépendances de la métairie, travaux qui devront êtres terminés à la fin du bail soit dans les 6 années à venir.
Il devra payer en plus aux dames religieuses, une somme de 600 livres tournois et au sieur Elminger leur agent, une somme de 150 livres pour son travail dans cette transaction, bien entendu il paiera tous les frais de justice qui découlent de cette affaire.
Mais encore, Balthazar Schweitzer devait payer tous ans à son beau frère Alexis Collin, une rente en nature de 8 maldres de froment pour le fait qu'il ai abandonné ses droits, du fait de son épouse, sur le bail de 1698. Or, comme c'est lui qui paie toutes les amendes, taxes et frais de cette affaire, il est convenu avec son beau frère Alexis Collin et sa soeur Elisabeth qui ne leur livrera tous les ans que 5 maldres de froment et 2 chariots de foin pesant chacun 1000 livres.
(Aucun des participants ne sait signer sauf Laurent Elminger)
Une simple addition nous donne 1430 livres d'amendes et axes diverses à payer, ce qui est déjà une somme très importante à laquelle on doit ajouter la perte d'exploitation d'un bois qui ne sera plus dans le bail et la perte de 55 setiers de vin. Rajoutant à cela l'obligation de procéder aux réparations de l'ensemble de la métairie et nous voyons là que un rude coup porter à l'économie de cette famille à peine adoucie par la diminution de la livraison de grains à son beau frère Collin.
A cette date la métairie très importante, se compose de la maison de ferme, granges, écuries et dépendances avec une maison de vigneron à coté, les pressoirs et la cuverie. Elle comprend 54 nouées de vignes, 3 jours de prairies, 60 jours de terre, une prairie à Elange et au Colombier, plusieurs bois et d'autres biens mineurs.
A bientôt pour la suite et fin de cette historique de la ferme de Marienthal à Thionville.
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