30/08/1705 Thionville-Volkrange : La fête au village (suite 1)
Dans le premier article, nous avions vu le rapport de l’incident du 30 août 1705 à la fête de Volkrange entre les protagonistes suivants :
Jean Mathias Bock par l’intermédiaire de son maire car lui était absent. Il est seigneur foncier de Volkrange pour la moitié de la seigneurie et aussi d’Algrange.
Jean Louis Larminat receveur des amendes et épices de Thionville et procureur fiscal de la seigneurie de Volkrange pour François Isaïe de Pouilly.
François Nicolas Fringan, lieutenant particulier des eaux et forêts au bailliage de Thionville
Tous ces personnages sont décrits plus précisément dans l’article précédent.
Maintenant nous allons voir les autres personnages de cette affaire.
Jean de Pouilly, seigneur haut-justicier de Volkrange, Metzange et Beuvange et seigneur foncier pour la moitié de la seigneurie de Volkrange. Donc co-seigneur foncier avec Jean Mathias Bock de Volkrange.
Isaïe de Pouilly, fils de Jean de Pouilly qui hérite de son père et prend les mêmes titres.
Le sieur de Rolly qui est le beau frère de François Isaïe de Pouilly.
La famille de Pouilly :
C’est une des plus anciennes familles de chevalerie Lorraine que l’on retrouve déjà vers le 10ème siècle dans la maison forte de Pouilly sur Meuse, proche de Stenay, avec Victor d’Ardenne ou Victor de Pouilly surnommé « L’exterminateur de Normands ».
Elle participa aux croisades en 1096, en 1145 et en 1250, puis elle servit avec dévouement, la France mais aussi l’Allemagne, la branche cadette servit les ducs de Lorraine et donna à Stenay une dizaine de gouverneurs. Elle s’allia avec les grandes familles lorraines et luxembourgeoises. (Voir sur Gallica : De Pouilly, sires et barons de Cornay et d’Inor… 1865).
Au 17ème siècle, le village de Rutz ou Ruptz, actuellement Rupt-sur-Othain [1] , est propriété pour moitié de Isaye de Villechole qui est aussi seigneur de Breux et de Ville-devant Raucourt à cause de son épouse Françoise de Sterpigny-Waha-Fronville. Il obtiendra le 26 mars 1609, du duc Henry II de Lorraine, la permission de réédifier le signe patibulaire donc le signe de la haute, moyenne et basse justice sur ce village. Isaye de Carpentier de Villechole [2] eut une fille, Antoinette Carpentier de Villecholle qui épousa Jean II de Pouilly des Ancherins, lequel devint par ce mariage seigneur de Rutz, la famille sera aussi propriétaire en partie des seigneuries de Boureuilles, Cussigny, Porcheresse et autres lieux.
De cette union entre Jean II de Pouilly et Antoinette Carpentier de Villechole, naitra le 11 décembre 1621, Jean III de Pouilly qui épousera le 12 novembre 1649, Eléonore de Roly, de la maison de Roly, originaire du pays de Liège qui se fixa à Roly , village proche de Givet et où subsiste un château maintes fois remanié ayant appartenu à cette famille. Cette famille fut aussi alliée à la famille de Villechole.
Si la famille de Pouilly a été globalement bien étudiée [3] la branche qui nous concerne ici ne l’a jamais véritablement été.
Donc, nous avons ici Jean de Pouilly et Eléonore de Roly, ils se sont donc mariés le 12 novembre 1649 et réside à Grand-Failly où vont naître leurs enfants. Jean de Pouilly est alors désigné comme seigneur foncier de Baranzy proche de Longwy.
Le 16 septembre 1652, naît à Grand-Failly, leur fils, Isay (Isaïe) de Pouilly dont le parrain est Isay de Pouilly, seigneur de Rutz (Rupt) et la marraine ,Jeanne de Pouilly veuve de monseigneur de Saintignon, et dame de Grand-Failly .
[1] A 60 km de Volkrange.
[2] Vieille famille noble de la région d’Amiens/Saint-Quentin.
[3] Dans l’annuaire historique de l’ancienne noblesse de France par M. de Saint-Allais – Paris 1835
Le 9 août 1653, naît à Grand-Failly, une fille, Jeanne Thérèse. Son père, Jean de Pouilly est présenté comme seigneur de Baranzy (près de Longwy) et sa mère est bien Eléonore de Roly. Le parrain est Claude de Beauchamp, seigneur de Thonnelalong (Thonne-la-long proche d’Avioth) et la marraine est mademoiselle Jeanne de Villechalle (Villechole) de Picardie.
Les noms du parrain et de la marraine, nous donnent ici de bonnes indications sur la famille proche, ce sont des personnages que l’on retrouve très souvent dans les divers actes concernant la famille de Pouilly.
Une autre fille de Jean de Pouilly et Eléonore de Roly naîtra un peu plus tard, sans doute à Mercy-le-bas dont Jean de Pouilly était devenu seigneur foncier par héritage de la famille de Saintignon. Malheureusement les registres de Mercy-le-Bas ne commencent qu’en 1765.
Toutefois, nous retrouvons le nom de cette fille, Marie Christine de Pouilly, dans plusieurs actes, dont celui de sa convention de mariage en date du 7 février 1687, avec Ferry Joseph de Roly, âgé de 30 ans, fils de Jean, baron de Roly, seigneur de Sart-en-Fagne et Ville-en-Fagne (Belgique) et autres lieux et de madame Marie de Fournet. Dans cette convention son frère, Isay de Pouilly est également nommé, tout comme ses parents : Jean de Pouilly, écuyer, dit seigneur de Baranzy et de Volkrange et Eléonore de Roly, veuve en première noce de Pierre de Chaumont.
Jean de Pouilly est dans ce document désigné comme seigneur foncier de Volkrange, nous le savions seigneur foncier de Mercy-le-Bas et de Baranzy. Dorénavant il ne sera plus désigné que seigneur de Volkrange et de Baranzy, le village de Mercy-le-bas n’apparaître plus. Il a probablement vendu cette seigneurie foncière pour acquérir, le 11 décembre 1671 et pour une somme de 1400 patagons [1], la moitié de la seigneurie foncière de Volkrange .
Il a acheté cette moitié de seigneurie foncière à Anne Marie de Nassau sœur de Marie Elisabeth de Nassau, seule héritière du domaine mais qui décéda avant sa sœur et sans enfant. L’autre moitié de la seigneurie foncière de Volkrange était la propriété de François Hue de Saint-Rémy. Donc vers 1681, la seigneurie foncière de Volkrange avec son château appartient à deux co-seigneurs : Jean de Pouilly et François Hue de Saint-Rémy.
Le château n’est plus habité, il est en très mauvais état, pratiquement en ruine et couvert de paille, ayant subit les affres des deux sièges de Thionville de 1639 [2] et 1643 puis les faits de guerre du Maréchal de Créquy. C’est Jean de Pouilly qui le fera restaurer.
[1] Monnaie d’or et d’argent créée en 1612, sous le règne des archiducs Albert et Isabelle (1598 à 1621) et qui connut dans les Pays-Bas et au dehors une grande renommée. Du patagon est dérivé le patard que les villageois de nos villages utilisaient pour payer entre autre, le droit de four banal.
[2] Les plus gros dégâts eurent probablement lieu en 1639 quand la bataille fit rage du côté de Volkrange entre les troupes françaises et les troupes « espagnoles »
La famille de Pouilly donna aussi à l’abbaye de Clairefontaine proche de Virton deux abbesses : Marguerite de Pouilly décédée le 8 décembre 1671 et Antoinette Lucie de Pouilly décédée le 9 juillet 1696, il faut noter que lui succéda Marguerite Josèphe de la Fontaine qui était d’une famille alliée au Pouilly et qui fit rebâtir le monastère, elle décédera le 29 mai 1734 regrettée de tous.
Résumons un peu :
En 1671, Jean de Pouilly et Eléonore de Roly, originaires du pays haut et de la Gaume, aujourd’hui en Belgique, sont détenteurs, tout ou partie, de la seigneurie foncière de Mercy-le-Bas et de Baranzy. Ils achètent pour 1400 patagons, la moitié de la seigneurie foncière de Volkrange, en se séparant de celle de Mercy-le-Bas et en gardant celle de Baranzy.
L’autre moitié de la seigneurie foncière de Volkrange est dans les mains de François Hue de Saint-Rémy.
La seigneurie de Volkrange est alors une seigneurie moyenne et basse soit foncière car la haute justice de Volkrange est du ressort de la prévôté de Thionville.
Ils ont eu plusieurs enfants, seuls deux seront cités dans les documents afférents à Volkrange : Isaïe François de Pouilly et sa soeur Marie Christine de Pouilly.
Le château ou maison forte de Volkrange qui fait partie de la seigneurie foncière de Volkrange acheté par Jean de Pouilly est pratiquement en ruine et Jean de Pouilly le fera restaurer ou plus exactement reconstruire.
Eléonore de Roly va décéder à Volkrange le 7 février 1702 et son mari, Jean de Pouilly décédera également à Volkrange le 9 avril 1707. Ils seront tous les deux inhumés dans l’église paroissiale devant l’autel de la vierge dans le « tombeau de fer ».
Nous verrons dans un prochain article comment va évoluer la situation de la seigneurie sous l’égide du fils François Isaïe de Pouilly et ce que deviendra sa sœur Marie Christine de Pouilly. Nous verrons alors pourquoi nous sommes arrivés dans la situation explosive de la fête patronale du 30 août 1705.
A bientôt
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