1703 - Les corps de métiers se rebiffent !
Dans l’article précédent nous avions vu « qu’ André Blondin est en 1703, le maître de la confrérie des boulangers de la ville de Thionville, à ce titre, il fera partie du regroupement de l’ensemble des corps de métiers de la ville pour demander à Jean Larminat, conseiller du roi, receveur des amendes et espèces du bailliage, d’aller à Paris plaider leurs causes. »
Voici la suite :
« Le 14 août 1703, devant les notaires royaux de Thionville sont réunis les maîtres de métiers des confréries de la ville :
- André Blondin, maître de la confrérie des boulangers.
- Jean Hein, maître du corps des cordonniers et tanneurs.
- Jean Guillaume Huttinger, maître du corps des drapiers.
- François Jean Thirion, maître du corps des tailleurs d’habits.
- Nicolas Limbourg, maître du corps des marchands, merciers, huiliers et ciriers
- Pierre Him, maître du corps des charpentiers et menuisiers.
- Laurent Jardinier, maître du corps des maréchaux [1], serruriers, vitriers, celliers, bourreliers, cloutiers, potiers d’étain et cordiers.
- Pierre Leyendecker, maître du corps des maçons, recouvreurs [2] et potiers de terre.
- Nicolas Jean, maître du corps des tonneliers.
- François Néron, maître du corps des chirurgiens.
- Georges Florentin, maître du corps des jardiniers.
- Jacques Gérard, maître du corps des tisserands.
- Jean Luttin, maître perruquier.
- Pierre Herault, maître apothicaire.
Tous bourgeois de cette ville de Thionville et composant les corps et communautés de métiers, lesquels, tous en leur nom et aux noms de tous leurs confrères ont fait et constitué, unanimement, par les présentes en la personne de Jean Larminat [3], conseiller du roi, receveur des amendes et espèces du bailliage, leur procureur.
Présent en personne et acceptant, ils lui donnent pouvoir, puissance et autorité pour se transporter expressément et incessamment de cette ville de Thionville à Paris pour s’opposer formellement de leurs parts au conseil d’état du roi, tant à l’égard de la proposition faite par monsieur le maire et les échevins de Thionville, d’imposer 5 sols sur chaque hotte de vin entrant dans la ville pour sa consommation, qu’à l’arrêt rendu en conséquence le 19 juin dernier et de désavouer les officiers de cette ville, des offres qu’ils ont fait au nom de la communauté de Thionville de prendre cet impôt de 5 sols sur les hottes de vin pour payer les gages des officiers de police
De plus, ils ne veulent pas que l’imposition de 6 sols sur chaque chariot de bois entrant en ville, soit continuée tant et si longtemps et jusqu’à ce que les dettes de l’hôtel de ville, les gages et » ustencils » soient recouvrés pendant le commandement de l’Espéroux [1] sous les ordres d’Espagnac.[2]
Pour cela, ils veulent que leur procureur reste à Paris, jusqu’à ce qu’il ait obtenu un arrêt définitif. Ils paieront le voyage d’aller, le séjour et le voyage de retour et même les journées d’absences dans sa charge à Thionville. »
Nous n’avons pas d’acte certifiant qu’ils eurent satisfaction, mais il semble que non, car les impôts continuèrent à être prélevés. En tout état de cause, ils montrèrent aux autorités de la ville, leur détermination pour les affaires à venir, qui furent assez nombreuses, comme le prouve l’acte suivant :
« le 31 août 1719, pardevant nous, gens de justice de Thionville, Jean Damin, maire de la communauté de Thionville, Nicolas Lhoste, lieutenant et Nicolas Clerc, échevin est comparu Jacques Guillaume, doyen en ville de la mairie, lequel nous a dit s’être transporté en vertu de notre ordonnance, dans toutes les maisons des bourgeois de la ville et leur avoir fait plusieurs fois commandement de payer, chacun leur part, des deniers prêté par monsieur Marc « Laint ou Lainl ».
Ordonnance et condamnation contre la communauté de Thionville au sujet de leurs bois. Une partie des habitants refuse de payer leur cote part, nous avons donné audit doyen, acte de ces diligences à faire payer les refusants et nous ordonnons que les habitants seront appelés par le commandement dudit doyen à « quatre heures du matin » surquoi, lors de leur assemblée, il leur sera dit qu’ils seront incessamment contraint au paiement de la somme portée dans la condamnation et qu’alors chacun devra payer en sus le voyage de l’huissier, les intérêts et dépends, pour parvenir au paiement
Ledit maire, lieutenant comme le doyen ont requis un acte pour faire valoir leur actions d’autant que les habitants ne veulent pas payer, ni obéir au commandement du maire qui leur a déjà fait plusieurs fois lors des assemblées qui ont lieu devant l’église paroissiale pour délibérer des affaires de la ville.
Signé par le maire, Jean Damin, l’échevin, Nicolas Lhoste, le doyen, Jacques Guillaume
Il faut savoir que les thionvillois avait la réputation de gens difficiles à manier !
NB :
En 1701, les officiers de l’hôtel de ville étaient
Le maire :
François George, seigneur de la Grange, de Meilbourg et Macquenom, colonel de la milice bourgeoise de Thionville.
Les échevins :
Jean Hilt
Louis Latouche
Martin Bonjean
Nicolas Louis
Louis Larminat. [1]
Plus tard, vers le milieu du 18ème siècle nous avons une liste succincte des corporations de Thionville, elles semblent moins nombreuses et parfois regroupées un peu différemment :
Boulangers
- Bouchers
- Chirurgiens
- Maréchaux
- Maçons, Charpentiers, recouvreurs
- Merciers, huiliers, ciriers, rôtisseurs
- Tailleurs d’habits
- Tisserands
[1] Il acheta le 29 décembre 1710, la charge de subdélégué de l’intendant de Metz qui venait d’être créée. Ce problème de charge achetée ne "colle" pas avec les informations connues sur la famille Larminat, mais je verrais cela et je vous en ferai part.