THIONVILLE – Musée de la Tour aux Puces – Radegonde, Bathilde et Glossinde - Féminités au temps des mérovingiens
(Musée ouvert du mardi au dimanche 14h à 18h)
Les mérovingiens :
Ils évoquent immanquablement dans nos souvenirs scolaires : Les rois fainéants
Cette appellation leur a été attribuée par Eginhard [1], biographe de Charlemagne, dans sa Vita Karoli [2], écrite au 9ème siècle. Ce faisant, il glorifiait la dynastie Carolingienne, dévaluant les rois francs de la période mérovingienne qui débuta avec Thierry III (673 – 691) pour se terminer avec Childéric III déposé par Pépin-le-Bref en 751 qui de maire du palais devint roi des francs et ouvrit ainsi la période carolingienne.
[1] Né vers 770 en Franconie, mort le 14 mars 840, inhumé à l’abbaye de Seligenstadt (Allemagne). Très apprécié de Charlemagne, il a laissé de nombreux écrits sur la dynastie carolingienne, faisant l’éloge de son administration empruntant aux romains et aux francs.
[2] Vie de Charlemagne écrite de 830 à 836.
Lors de l’inauguration de cette exposition (le 9juin 2017), Pierre Cuny, maire de Thionville, nous exposa avec une certaine expertise, son intérêt pour cette période de l’histoire de la ville.
Extraits : (tirés du catalogue de l’exposition)
« Cette période souvent oubliée, parfois méprisée, ne retiendra malheureusement que les guerres, rivalités familiales et les fameux « rois fainéants ». mais n’oublions pas que l’histoire est toujours écrite pat les vainqueurs (et le plus souvent par des hommes et que les carolingiens minimisèrent à loisir et à dessein leurs prédécesseur sur le trône »
On oublie ainsi le rôle majeur qu’ont joué de nombreuses femmes durant cette période. Des reines, des abbesses, des régentes on été des éléments clés et ont par leurs actions, bousculé le cours de l’histoire…. ».
L’adjoint au maire, délégué à la culture, monsieur Jackie Helfgott a ensuite mis en avant l’importance du Haut Moyen Age dans notre histoire :
« Cette période, ô combien importante fixera pour de nombreux siècles le canevas européen…La place de la femme dans cette société décrite par l’historiographie comme brutale et à dominance masculine prend alors toute son importance.
Des reines vont devenir les intercesseurs privilégiés pour l’Eglise pour se faire entendre des rois tandis que les régentes utiliseront les mêmes moyens que ceux de leurs feux époux pour agrandir leurs territoires et lutter contre les ennemis de leurs royaumes….
Au 8ème siècle, au crépuscule des mérovingiens, Thionville est mentionné dans des écrits pour la première fois. Pépin-le-Bref en fera une villa regia et son fils Charlemagne l’élèvera au rang de palais. Mais il s’agit là d’une autre histoire. »
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Ensuite, la commissaire de l’exposition, Isabelle Reyter, fit une visite guidée et commentée, des principales vitrines, en insistant sur le rôle et la place de la femme pendant cette période.
Elle présenta aussi les vêtements, les bijoux et les différents petits ustensiles de tous les jours retrouvés dans les différentes nécropoles des environs.
Colliers de perles en verre, ambre et terre cuite, aux décors géométriques n’ayant rien à envier à nos bijoux fantaisies contemporains.
Les fibules cloisonnées et les bijoux en or sont admirables de finesse, montrant un art consommé de l’orfèvrerie mérovingienne.
Elle termina sa présentation par la tombe joliment reconstituée par l’archéologue Bénédicte Joly et léguée au musée par son découvreur, monsieur Gambs et son épouse qui en furent chaleureusement remerciés par messieurs Pierre Cuny et Jackie Helfgott.
Cette tombe faisait partie d’un cimetière mérovingien de la fin du 6ème siècle, découvert en 1971 à Montenach, lors de travaux de construction. Les tombes contenaient des armes, de la verrerie et de la céramique, des petits objets du quotidien, peignes et fibules, ciseaux et des parures que portaient alors les femmes lors de leur inhumation.
Cette exposition comporte aussi de nombreux tableaux explicatifs et un très beau catalogue rédigé par Isabelle Reyter, sous la direction de Bruno Touveron, directeur du patrimoine de la ville, où vous trouverez toutes les clés nécessaires pour appréhender cette période si méconnue de notre histoire. (En vente 10€ à la boutique du musée
PS :
Cette période mérovingienne (670-750) se situe donc vers la fin de ce que l’on appelait « Les grandes invasions », le politiquement correct nous amène aujourd’hui à parler de « Migration des peuples ». Ces migrations ont amené l’installation de royaumes germaniques dans une grande partie de l’Europe, les Francs et les Burgondes en Gaule, les Wisigoths en Espagne…
La période est à mettre en relation avec la question de la frontière linguistique qui a tant divisée les différents spécialistes, français et allemands. (Pour ces questions voir les ouvrages d’Alain Zimmer que vous pouvez consulter aux archives municipales ou vous procurer en librairie)
Visiter le site du musée de la tour aux puces pour des informations complémentaires