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1733 -1749 THIONVILLE - Projet de prisons dans la Tour aux puces

Publié le par Persin Michel

Tour aux puces musée de Thionville
La tour aux puces couverte de lierre au-devant une colonne Morris

 

L’histoire de cette « bonne vieille Tour aux puces » est assez peu connue, si vous voulez connaître ce que l’on peut retenir de son histoire, je vous conseille d’aller voir les sites suivants :

www.thionville.fr/fr/tour-aux-puces

 

(Pour le résumé de son histoire)

 

www.tourauxpuces.com

 

(Pour des informations sur le musée)

 

 

Je vais vous exposer le projet d’y installer des prisons militaires dans les années 1733 et 1749, nous ne sommes pas certain qu’il ait vu le jour, mais les plans associés au projet sont de bonnes qualités et nous donneront un aperçu des étages de la tour à cette époque.

 

Ces plans étaient accompagnés d’un courrier daté du 8 août 1749 et signé Lachèze [1]


[1] GF Teissier dans son histoire de Thionville, le cite et l’orthographie « La Chèze Jean Baptiste » il le dit ingénieur en chef de la place de Thionville où il était encore en 1751. Un plan de la ville porte son nom.

«  Monseigneur,

 

J’ai l’honneur de vous envoyer les deux estimations différentes sur le projet des prisons militaires de cette place, dont la première que vous m’avez remise a été faite en 1733 par monsieur de Rochemore [1] et la deuxième par monsieur de Gourdon, tous les deux ingénieurs en chef de cette place.

 

J’y joins la copie des plans du projet de monsieur de Rochemore dont je me suis servi pour aller faire la visite du bâtiment dont il est question qui est actuellement occupé par l’artillerie et quelques fois à moitié par les vivres.

 

J’y  ai fait  venir le geôlier des prisons de la ville qui convient non seulement de la bonne distribution  proposée, mais que la capacité de chaque étage sera suffisante pour contenir le nombre de soldats, officiers et criminels qu’il y ait pu avoir depuis longtemps dans cette garnison.

 

Je l’ai aussi fait convenir qu’on pourrait presque tripler les cachots en faisant usage des souterrains du rez de chaussée, ce que j’ai écrit sur le plan et pratiqué un entresol au dessus de l’étage de la prison des soldats, ce qui l’augmenterait du double et ce que j’ai aussi écrit sur le plan de cet étage.

 

A l’égard de la différence des deux estimations de monsieur  de Rochemort et Gourdon, celle  des deux qui est plus forte m’a paru être faite avec plus d’attention et sur les lieux.

 

Je joins copie de l’état de cet examen que j’ay fait pour voir la raison de cette différence qui vient aussi de ce que cette deuxième estimation a été faite sept années après, ce qui ferait un supplément de dépense pour les réparations qu’on avait négligées, c’est pour cette même raison que j’augmente cette dernière estimation de 550 livres tournois pour réparations presque à neuf du comble de la tour et plancher au-dessous, où il paraît que l’on a rien fait depuis 1740.

 

Avec la dépense totale de 5276 livres 8 sols et 6 deniers tournois de ma dernière estimation, on ne pourrait exécuter que le projet tel qu’il est marqué sur les plans, car s’il était question de pratiquer des cachots dans les souterrains du rez de chaussée  et de faire l’entresol du deuxième étage de la prison des soldats, cela augmentera de beaucoup la dépense surtout pour le deuxième article, puisqu’il serait question  d’exhausser les murs de la tour de près de trois pieds et faire une charpente neuve pour le comble, laquelle à la vérité il faut travailler dans le même goût ainsi que sa couverture quand bien même on laisserait subsister le bâtiment pour usage de l’artillerie et des vivres, cette réparation est très pressante.

 

Il vous a été représenté monseigneur, qu’il n’y avait point de prison militaire dans cette place, que celle des bourgeois dont on faisait usage était d’une très petite capacité, que l’artillerie et les vivres pourraient se passer aisément de ce bâtiment nommé la tour aux puces, la dépense nécessaire pour remplir cet objectif est bien petite en considération de ce qu’il en coûterait pour en construire de neuves dans la ville.

 

[1] La famille Rochemort ou Régémort, père et fils furent des architectes ingénieurs qui ont aussi participé à la construction de la nouvelle église Saint Maximin en 1755, voir à ce sujet le Miscellanées 2016, page 39 sur la construction de cette église. (Vous pouvez aussi rechercher cet article via le blog www.histoiredethionville.com en utilisant la recherche du blog)

Il ne serait plus nécessaire de faire celle qu’on proposera dans le couronné de la ville aussi grande qu’on l’avait projeté.

 

Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, votre très humble et obéissant serviteur.

 

Lachèze

 

Voilà une lettre intéressante par rapport à ce projet de construction d'une prison militaire dans l’enceinte de la Tour aux puces.

 

Quoi qu’il en soit, cette lettre nous apporte quand même quelques informations:

La première est que la ville ne possédait pas de prison militaire en ville [1]. Il n’existait dans la ville qu’une prison civile, d’ailleurs fort petite qui se trouvait dans les locaux du beffroi (voir à ce sujet mon article sur ce blog « 1704 Evasion à la prison de Thionville »)

 

Nous voyons aussi que la charpente et la couverture de la tour sont à refaire de façon urgente et que des travaux ont été faits en 1740.

 

[1] Il existait une prison militaire dans le couronné, également trop petite que l’on envisageait d’agrandir.

Bien entendu ce projet est assez onéreux, soit plus de 5000 livres, sans y inclure les cachots dans les « souterrains » et à l’entresol, ni l’élévation de la tour de pratiquement un mètre, ni la charpente et la couverture.

 

Tous ces travaux devaient représenter une somme non négligeable, alors que d’autres part, il était question de reconstruire l’église paroissiale et de perfectionner encore les fortifications. 

 

Tous ces arguments ont du jouer en défaveur de ce projet, il est probable que l’option retenue a été l’agrandissement de la prison militaire du couronné.

La Tour en puces (musée de la ville) en novembre 2017

La Tour en puces (musée de la ville) en novembre 2017

Toutefois, comme vous le verrez plus loin sur les quelques photos de cette Tour dans les années 1910, on peut constater que l’on retrouve des éléments qui figurent sur les plans qui accompagnaient ce courrier.

 

 

LES PLANS DE 1733

Le Rez de chaussée, la cour, éventuellement les prisons des soldats et la cave du geôlier

Le Rez de chaussée, la cour, éventuellement les prisons des soldats et la cave du geôlier

1733 -1749  THIONVILLE - Projet de prisons dans la Tour aux puces

Photo de l’entrée de la tour vers 1910 qui semble correspondre avec le plan du rez de chaussée de la page précédente à l’exception des fenêtres du 1er étage qui ont été percées ultérieurement à 1733.

 

On remarquera sur le plan que la tour possédait une cour intérieure dont une partie se trouvait sous un appenti !

 

Doit-on en déduire que l’autre partie de la cour était à ciel ouvert, ce qui laisserait supposer que la toiture de la tour ne couvrait pas entièrement le bâtiment ?

 

Comme je le disais en préambule, l’histoire de cette tour est encore largement méconnue. Pourtant d’assez nombreuses études furent réalisées à son sujet, aucune n’a vraiment convaincu quant à son origine et même à son histoire, tout au moins avant le 19ème siècle.

Je viens de relire pratiquement tout ce qui est paru sur l'histoire de cette tour et franchement, j'ai parfois l'impression d'être en présence des mystères de la pyramide de Khéops !

 

Elle reste un bon sujet d’étude pour qui aurait quelques années à y consacrer !

 

 

Le 1er étage prison des officiers et logement du geôlier

Le 1er étage prison des officiers et logement du geôlier

2ème étage, prison des soldats

2ème étage, prison des soldats

Source : Archives départementales de la Moselle : C12

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