1er septembre 1944 - Des américains à Thionville
Bonjour,
Comme promis avant les vacances, nous allons voir ce qui s'est passé à Thionville le 1er septembre 1944.
Rappel:
Le 6 juin 1944, les anglo-américains épaulés par des canadiens, des néo-zélandais... et quelques français du commando Kieffer, débarquent en Normandie.
La bataille est sanglante mais au terme de la journée une tête de pont assez solide est établie, commence alors la véritable bataille de Normandie. Elle va durer jusqu'au 19/21 août et ouvrira la porte à la libération de Paris le 25 août 1944.
Entre temps, Staline lancera le 22 juin l'opération "Bagration" et les troupes françaises, principalement coloniales, transportées par des bateaux anglais et américains, débarqueront en Provence le 15 août.
Cette bataille de Normandie fut acharnée, il existait des poches de résistance allemandes, ainsi le Havre ne fut libéré que le 12 septembre 1944.
Les troupes anglo-américaines débarquées le 6 juin firent leur jonction avec les troupes françaises venant de Provence, près de Dijon vers le 12 septembre 1944, toutefois une grande partie des troupes anglo-américaines continuaient leur offensive vers l'Est.
Ainsi Châlons-en-Champagne alors Châlons-sur-Marne fut libérée le 30 août 1944 et le 1er septembre des troupes américaines stationnaient à Verdun et à Etain dans la Meuse.
"Le 1er septembre 1944, parti des environs d’Etain, une équipe de 30 hommes du 3ème escadron de cavalerie de reconnaissance (du GCRR) commandé par le lieutenant James D. Jackson prend la route de Thionville avec 3 automitrailleuses (1) de type M8 et 6 Jeeps armées. (Ci-dessous, photo d’une patrouille)
Ils vont traverser Etain, Fleville, Lixière, Mancieulles, Trieux, Fontoy, Hayange, Florange, Terville puis Thionville. Le parcours se passe bien jusqu’à Hayange où les américains rencontrent 3 chars Panzer PZKPFWIII.
Ils vont en détruire un, les deux autres rompront le combat. Il semble qu’à Terville, un accrochage ait eu lieu entre l’escadron de reconnaissance et deux soldats allemands (2) à la traîne.
Ceux-ci ouvrirent le feu sur les américains et furent tués par la rispote américaine. Deux résistants, des FFI thionvillois, Robert Wax dit « Gabriel » et Albert Ordener guident (3) les américains dans Thionville.
L’escadron de reconnaissance arriva à Thionville vers 16h, deux automitrailleuses roulent en tête, suivies par les six Jeeps, la dernière automitrailleuse ferme la marche. Il tombe quelques obus de mortier, enfin l’escadron arrive devant le pont sur la Moselle, actuellement le pont des Alliés. Là, des tirs allemands se déchainent venant du quartier de la gare, accrochant sérieusement les américains qui descendent de leurs véhicules pour se protéger derrière et risposter. Six soldats furent blessés dont le lieutenant Jackson en traversant le pont pour couper les câbles des charges explosives misent là pour détruire ce pont.
Le sergent Baker sera grièvement blessé en allant secourir le lieutenant, il décèdera pendant le trajet de retour vers Etain.
Après ce combat, l’escadron américain prend la route du retour et à Terville deux résistants vont leur indiquer une autre route passant par le bois de l’Etoile pour rejoindre Etain, ce qui leur évitera de rencontrer les deux chars "Panzer" restés en embuscade vers Florange ou Hayange. Les deux guides FFI restés à Thionville furent dénoncés par une voisine et arrêtés. Robert Wax (4) fut reconnu coupable d’avoir un fusil-mitrailleur caché dans sa cave, jugé sommairement au petit séminaire de Metz, il fut fusillé (5) vers 20h30, le 3 ou le 6 septembre 1944 (6), dans la cour du même petit séminaire. Albert Ordener (7) chez qui la fouille (8) ne donna rien, n’avoua pas, il fut condamné à la prison.
Le lieutenant James D. Jackson (9) fut distingué de la « Distinguished Service Cross » pour son action, il est décédé aux Etats-Unis en juillet 2001."
Tiré de mon ouvrage: "Terville, Histoires retrouvées" 2014
Remarques:
Lors du 60ème anniversaire de la libération de Thionville, une stèle fut érigée devant la mairie de Thionville, sur le parking longeant la Moselle et inaugurée le 11 novembre 2004 par le maire de Thionville, pour commémorer cet acte de bravoure.
Il est juste dommage qu'il faille aller voir derrière la stèle pour y trouver les noms des victimes alors que la plaque se trouvant devant la stèle mentionne la date de l'inauguration et la qualité des personnes ayant participées à cette inauguration. L'inverse eut été, il me semble plus approprié !
Une autre stèle fut inaugurée à Terville, place de la Liberté, le 13 novembre 204 par Patrick Luxembourger, maire de Terville, pour commémorer la libération de la commune.
1 - Le terme d’automitrailleuse est impropre, c’est en fait un canon de 37 mm auto-‐porté.
2 - Un capitaine et un soldat qui furent inhumés au cimetière de Terville. Des années plus tard les corps seront rapatriés dans une nécropole militaire allemande. (Information d’un habitant de Terville.)
3 - Ils avaient rejoint les américains à Thionville et non à Etain ou à Hayange. (Source M. JC Wax de Gavisse)
4 - Il avait 25 ans, marié et père d’un enfant, coiffeur et résistant. Il habitait au 30, rue de la Paix à Thionville. Son nom devait être donné à l’école d’Elange, mais au final, c’est une rue de Thionville qui porte son nom. AMT BH7243
5 - Avec une autre Thionvillois, M. Hirt, ancien légionnaire d’origine Suisse qui était boucher à Thionville. Trois autres personnes furent fusillés avec eux dont les noms ne sont pas connus. AMT BH7243
6 -Tous les articles traitant de ce fait donne le 3 septembre comme date de l’éxécution. Toutefois un rapport fait par Albert Ordener dit que le jugement et l’éxécution ont eu lieu le 5 et 6 septembre 1944.
7 - Il était boulanger, conseiller municipal et résistant.
8 - Pourtant des notes laissent à penser qu’il avait aussi une arme cachée dans son four à pain !
9 - Le lieutenant Jackson, soigné, retrouva son unité en décembre 1944 dans la Sarre. Il acheva la guerre en Autriche et rentré chez lui en été 1945, il y fut démobilisé.
AMT = Archives municipales de Thionville.
Coupure d'un journal d'époque montrant le pont sur la Moselle à Thionville protégé par une batterie anti-aérienne.