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1673 à 1846 - Les ponts de Thionville (1ère partie)

Publié le par Persin Michel

Il y a quelques jours, je fus bloqué dans la circulation, en plein milieu du pont des Alliés, pendant 15 minutes ! 

Je sentais bien le tablier du pont qui tremblait et sursautait au gré des voitures et des camions qui passaient dans l’autre sens, libres, eux, de circuler.

Alors, pour chasser le sentiment d’anxiété de finir peut-être dans notre chère Moselle, je me suis refais mentalement, l’histoire de ce pont.

En voici un aperçu :

Jusqu’en 1673, Thionville ne possède pas de pont, la Moselle borde la ville et coule de tout son saoul le long de ses remparts, comme le prouve le plan ci-dessous, dressé par Jacob Van Deventer vers 1560, où la ville est encore dans ses fortifications du moyen-âge et où bien entendu, il n’y a pas de pont.

1673 à 1846  -  Les ponts de Thionville (1ère partie)

On passe la Moselle par des gués souvent situés assez loin de la ville et l’on revient vers la ville par la porte de Metz ou celle de Luxembourg.

Les personnes peuvent aussi passer la rivière en barques. Plusieurs passeurs sont à disposition pour les faire transiter d’une rive à l’autre et entrer dans ville, par la porte de la poterne, comme nous le verrons plus avant.

La construction d’un pont était devenu une nécessité, tant au point de vue civil que militaire. Toutefois, il faudra attendre la prise de la ville par les français en 1643 et son rattachement officiel à la France en 1659 pour que la population et le commerce croissant, associés à des nécessités militaires, rendent impérieuse la construction de ce premier pont.

On confie donc cette construction au sieur Rodolphe Saltzgeber qui est capitaine de 2 compagnies suisses et major d'une brigade au service de sa Majesté, il a en charge les travaux aux fortifications de la ville. (voir article paru le 25 février 2013 dans ce blog).

http://www.histoiredethionville.com/15-juin-1674-travaux-aux-fortifications-de-thionville

Il connaît bien la construction en général et les ponts couvert en particulier.

Il va donc édifier un pont couvert, sur le modèle des ponts que l’on trouve depuis le moyen-âge, en Suisse et en Allemagne.

Carte postale de 1917 montrant un pont couvert donnant accès au château de Chillon en Suisse.

Carte postale de 1917 montrant un pont couvert donnant accès au château de Chillon en Suisse.

Ce pont, de par son emplacement et l’accès facile qu’il donne à la ville est stratégique, il sera conçu par le capitaine suisse, avec des travées démontables rapidement à partir de la ville.

Quoi qu’il en soit, en 1673, il est opérationnel.

Ce genre de pont est encore très présent en Suisse et en Amérique du Nord.

Premier pont couvert en bois, il restera en fonction jusqu’en 1846.

En voici une illustration de visu, car il existait encore lors de la parution en 1828 du livre

« Histoire de Thionville » par G.F. Teissier, duquel l'illustration est tirée.

 

1673 à 1846  -  Les ponts de Thionville (1ère partie)

Comme on le voit ce pont a été utilisé pendant 173 ans, des pieux en bois de plus de 2 m de long pointus et ferrés ont été retrouvés dans le fond de la Moselle en 1962, lors de la canalisation de la rivière. Ils avaient une section d‘environ  30 cm au carré et se situaient un peu en aval du pont actuel. 

Bien entendu, ce pont a subi les fureurs de la Moselle, lors de terribles hivers, plus d’une fois, il fut rendu inutilisable et dû être réparé.

Ainsi le 24 février 1682, les glaces sur la Moselle entrainées par un fort courant, firent tomber une partie du tablier dans la rivière, entrainant dans sa chute, quelques habitants.

 

Enfin un acte en date du 31 juillet 1719, nous dit que:

« Jean François de Gévigny, chevalier, seigneur de Meilbourg et autres lieux, bailli d’épée d’honneur de Thionville et François George de Lagrange, conseiller du roi, lieutenant général d’épée du bailli de cette ville, maire perpétuel et seigneur de Meilbourg et autres lieux ont consenti, permis et accordé, aux nommés Philippe Legros, consigne de la porte du pont (la poterne) et Mathis Mellinger, batelier et bourgeois de Thionville, de conjointement, à l’exclusion de tous autres, faire passer et repasser par bateaux ou nacelles toutes les personnes qui se présenteront sur la rivière de Moselle et cela pendant tout le temps où le pont restera hors d’état, soit jusqu’à l’entière réparation dudit pont. Ce contrat est fait à condition que lesdits Legros et Mellinger paient chaque jour, audits seigneurs, 20 sols, à charge auxdits seigneurs d’empêcher que d’autres fassent passer la Moselle avec des barques aux personnes qui se présentent… »

 

Le pont est alors un passage sombre et sale dont le plancher est souillé des déjections animales et humaines et qui nécessite de constantes réparations.

 

Thionville et son pont de bois au milieu du 18ème siècle

Thionville et son pont de bois au milieu du 18ème siècle

Dès le début du 19ème siècle, la ville n’aura de cesse de faire remplacer le vieux pont de bois vétuste et dangereux, par un pont de pierre. En 1834, elle acta le projet et le 22 décembre 1836, elle décida d’allouer 25000 F à sa reconstruction.

Les travaux commencèrent début mai 1844 et enfin on inaugura le nouveau pont, le 1er novembre 1846.

La municipalité décida de ne pas instaurer de payage pour ce pont car la ville retirait un bénéfice certain de sa commodité.

Une médaille fut  frappée à Paris pour cet évènement.

La médaille frappée pour l'inauguration

La médaille frappée pour l'inauguration

Carte postale de 1900, du  pont construit en 1846

Carte postale de 1900, du pont construit en 1846

Nous verrons dans le prochain article, le devenir de ce pont et le nouveau pont des alliés

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