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Publié le par Michel Persin

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Thionville – Confréries et corporations (3ème partie)

Publié le par Persin Michel

Dans l’article précédent nous avons vu qu’au début du 18èmesiècle les tanneurs et les cordonniers de Thionville exerçaient les mêmes activités, ce qui nuisait à une saine concurrence. Nous avons vu aussi que la ville souhaitait remédier à cet état de chose qui semblait durer depuis longtemps. Effectivement un acte du 15 février 1663, nous confirme qu‘au milieu du 17èmesiècle à Thionville, les tanneurs et les cordonniers étaient regroupés au sein de la même corporation.
Résumé de l’acte en question :
« Devant les notaires royaux sont comparus Jean Nicolas Fridrich, conseiller du roi au bailliage de Thionville ave Jean Ranckendall (tanneur) et Pierre Gascher (cordonnier) tous les deux maîtres des métiers de tanneurs et cordonniers et en présence de trois confrères desdits métiers qui nous ont déclaré :
Vouloir faire l’échange avec la permission et autorisation du seigneur Hue de Saint-Rémy, écuyer, seigneur de Gras, conseiller du roi et lieutenant général civil et criminel au bailliage de Thionville, permission donnée le 6 février de l’année 1663 à la requête que lui avait présenté les maîtres et confrères des métiers de tanneurs et cordonniers. L’échange ainsi autorisé est perpétuel et irrévocable et consiste en la cession au sieur Jean Nicolas Fridrich et à demoiselle Anne Elisabeth Vogtin son épouse d’une partie de maison qui leur appartient sur la place vis à vis la chapelle de l’hôpital, les héritiers du défunt Hyet d’un côté et le l’autre Mathieu Fridrich. Celui-ci avec son épouse cède aux maîtres des métiers une maison située à Thionville vis à vis de la grange du sieur Kirchbaum, la veuve du sieur Rochefort, Marguerite Klein d’un côté et la rue de l’autre côté, la maison faisant le coin de la rue.
Cette maison, le sieur Fridrich l’avait rachetée à Jean Edinger, échevin de Thionville, qui avait acheté cette maison des sieurs Demauth et Fonck, commissaires établis et autorisés par décret de justice du 22 octobre 1653 au nom de la demoiselle Marguerite Klein pour son entretien.
Les « Fridrich » ont donné la somme de 420 francs de Luxembourg pour la partie de maison des maîtres des métiers qui avait été engagée à feu Georges Reinard.
Fait à Thionville le 15 février 1663
Ci-dessus un extrait de l’acte

Ci-dessus un extrait de l’acte

On voit là que les maîtres des métiers des tanneurs et cordonniers possédaient en commun une partie de maison située en centre-ville, sur la place du marché, proche du beffroi où se trouvait alors la chapelle de l’hôpital dite de Sainte-Elisabeth. Maison commune au corps des métiers qu’ils vont échanger avec une autre maison située au coin d’une rue. On voit aussi que cette transaction se fait avec l’autorisation du lieutenant général du bailliage [1]et qu’elle implique des officiers de l’hôtel de ville.
On voit encore que Mathieu Fridrich habite avec son épouse la maison attenante d’un coté à celle du corps des métiers. Cela lui permet de posséder dorénavant deux maisons contigües pour en faire une maison plus importante.
On remarquera aussi que Jean Nicolas Fridrich et Mathieu Fridrich sont probablement de la même famille et que Jean Nicolas Fridrich est alors conseiller du roi au tout nouveau bailliage, il deviendra par la suite receveur des finances du roi et échevin de la ville.
Mais plus encore, Jean Nicolas Fridrich, sera à l’initiative avec le gouverneur de la ville, Du Fey de la Garenne, de la création le 4 avril 1666, de la confrérie du Rosaire qui élira domicile dans la chapelle Sainte-Elisabeth de l’hôpital, à côté du beffroi actuel, et qui prendra et sera connue à Thionville pendant de nombreuses années sous le nom de « chapelle du Rosaire ». La maison ainsi échangée qui appartiendra dorénavant à Mathieu Fridrich se situera donc vis à vis de la chapelle de la confrérie du Rosaire.
Cette maison des métiers qui vient d’être échangée était une maison de rapport pour le corps des métiers, tanneurs et cordonniers. Ils n’y pratiquaient pas leur métier qui pour les tanneurs, chacun le sait est source de nuisances olfactives et visuelles. Non, les opérations de tannage se pratiquaient dans leur maison ou atelier loin du centre-ville, plutôt vers les remparts, le long des fossés entourant la ville. Ces activités de tannage étaient donc une source de désagréments pour la ville aussi à l’été 1690, la ville ordonna aux tanneurs de retirer leurs tanneries de leur maison en la ville et d’aller les installer à Beauregard sur la rivière Fensch qui alimentait plusieurs moulins dont un moulin à foulon appartenant au corps des drapiers et sans doute un moulin à écorce produisant le tan pour le tannage des peaux.
La ville donna à cette occasion aux tanneurs des terrains le long de la Fensch pour qu’ils s’y installent, ce qu’ils firent. Et dès novembre 1690, la ville demanda aux tanneurs de payer annuellement une taxe pour l’occupation des tanneries.
La taxe requise était proportionnée à la surface des terrains concédés et payable à la Saint-Rémy, dès 1692. Nous en avons une liste qui suit : (Sous réserve de l’orthographe)

[1]Bailliage créé le 22 avril 1662 donc très peu de temps avant cette transaction

Mathis Bonjean 25 sols tournois
Valentin Nonchel 12 sols et 6 deniers tournois
Didier Fichault 12 sols et 6 deniers tournois
Jean Pierre 30 sols et 6 deniers tournois
Arnouldt Husange 15 sols tournois            
Nicolas Reuter 12 sols et 6 deniers tournois
Jean Georges Geisweiler 12 sols et 6 deniers tournois
George Oberboren 16 sols et 3 deniers tournois
Pierre le Moine 15 sols tournois
Nicolas Reulaut 15 sols tournois
Jacob Seftor   15 sols tournois
Extrait d’un plan du milieu du 19ème siècle où l’on voit un moulin à écorce et les tanneries sur le canal de la Fensch à Beauregard. La ville se trouve vers la droite  Ce canal de la Fensch alimentait ensuite le moulin à farine de la ville qui se situait à la porte de Metz et qui deviendra le moulin « Nouviaire » donnant sur la place Marie-Louise. (Il est en cours de destruction pour laisser la place à une résidence moderne.)

Extrait d’un plan du milieu du 19ème siècle où l’on voit un moulin à écorce et les tanneries sur le canal de la Fensch à Beauregard. La ville se trouve vers la droite Ce canal de la Fensch alimentait ensuite le moulin à farine de la ville qui se situait à la porte de Metz et qui deviendra le moulin « Nouviaire » donnant sur la place Marie-Louise. (Il est en cours de destruction pour laisser la place à une résidence moderne.)

Les peaux :
Les tanneurs se procuraient les différentes peaux [1]dont ils avaient besoin auprès des bouchers de la ville mais aussi auprès du bourreau de la ville [2]concernant les animaux errants, malades ou les veaux morts nés dont la peau servait à faire le « velin » pour les articles en cuir fin.
Certains tanneurs les plus fortunés, sélectionnaient leurs animaux sur pied et les mettaient en pension chez un des fermiers des alentours de la ville avant de les livrer au boucher et d’en récupérer les peaux. Ils faisaient ainsi des plus-values intéressantes.

[1]Vaches, veaux et taureau, moutons, agneaux et porcs 

[2]Au 17èmeet 18èmesiècle, les bourreaux de la ville étaient Jean Pierre Dalembourg puis son fils Jean Dalembourg. Ils étaient maîtres des hautes et basses œuvres pour le bailliage. Les basses œuvres consistaient justement à faire l’équarrissage des animaux morts dont les veaux mort-nés

L’acte du 25 février 1732, nous relate cette façon de procéder :
«  Par devant nous notaires royaux de Thionville sont comparus en personne Balthazar Schweitzer, laboureur à la cense de Wonnerhoff (Marienthal à Guentrange) et son épouse Catherine Gloting. Ils ont reconnu tenir comme hôte suivant l’usage du pays, du sieur André Wolkringer, marchand tanneur de Thionville, les animaux suivants :
- 6 vaches dont 4 sans poil noir, 1 rouge, une autre noire à tête blanche.
- 2 génisses dont 1 rouge et 1 noire.
- 1 taureau sans poil rouge.
- 42 bêtes blanches tant brebis que moutons.
Le montant de la pension estimée à l’amiable est de 287 livres tournois que le sieur Wolkringer a payé réellement au comptant pour nourrir, héberger et entretenir les bêtes à leurs frais et cela pendant trois années.
L’acte est rédigé en français mais expliqué en allemand. Ledit Schweitzer et son épouse ne savent pas écrire et font leur marque. Le sieur Wolkringer signe avec nous notaires. »
Thionville – Confréries et corporations (3ème partie)
Dans cet acte nous voyons bien l’importance attachée aux types d’animaux et à leur peau, couleur et poils, éléments de qualité pour le tanneur. Cette façon de faire permettait aussi au tanneur d’acheter des bêtes encore jeunes et de les faire engraisser en espérant en retirer un meilleur prix à la revente.
J’en terminerai ici avec les tanneurs et cordonniers, dans le prochain article nous verrons d’autres corporations et confréries de Thionville comme la "confrérie du Rosaire" rare confrérie thionvilloise strictement religieuse non rattachée à une corporation.
Sources :
Actes notariés aux ADM – Helminger 3E7520 à 3E7538 Bonjean 3E7806 à 7850
Archives communales de Thionville - Cadastre 19èmesiècle

 

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