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thionville 18eme siecle

1739 - Les pauvres, mendiants et invalides...

Publié le par Persin Michel

1739 - Les pauvres, mendiants et invalides...

Quand tous nos médias confondus, nous montrent le sort malheureux de nos pauvres, sans domicile fixe et invalides et les moyens que nous mettons en oeuvre pour essayer de gérer au mieux ces situations, il peut être intéressant de regarder comment sous Louis XV, on traitait ces mêmes problématiques.

Voici par exemple, un arrêt de la cour, paru le 18 avril 1739 et applicable à Metz et n'en doutons pas, dans beaucoup de villes du royaume.

 

Extrait des registres du parlement de Metz.

"Arrest de la cour qui ordonne aux pauvres étrangers de sortir de la ville, défend aux pauvres valides d'y mendier et enjoint aux pauvres invalides de la ville de faire leurs déclarations"

 

"A la requête présentée par le Procureur Général du Roy:

Contenante que depuis quelque tems la ville se rempli d'étrangers qui vivent sans bien, sans profession et sans travail: les uns se livrant au libertinage et à tous les crimes dont la fainéantise jointe à l'indigence, n'est proprement que l'école et l'exercice, y répandent la contagion des moeurs corrompues qu'ils y ont apportées, et qui les ont peut-être forcé d'abandonner les lieux de leur naissance et leur domicile: de là cette multitude et de filles prostituées, qui après avoir causé de plus grands maux que ceux qu'elles peuvent souffrir, pourrissent dans les prisons, à défaut de maison de force; d'enfants qu'on expose tous les jours et qui épuisent une grande partie des revenus de l'hôpital: les autres mettent leur ressource dans la mendicité, qui leur fournit souvent au-delà du nécessaire et de quoi s'entretenir dans la débauche. Ceux-cy enlèvent les aumônes publiques et particulières qui devraient être portées dans le sein des vrais pauvres, si une charité plus éclairée se donnait le tems de démêler dans la foule des citoyens, qui par la caducité de l'âge et les maladies se trouvent hors d'état de pourvoir à leur subsistance par le travail et méritent compassion de leur concitoyens qui sont chargés d'en prendre soin.

Ces désordres ne peuvent cesser qu'en prenant, suivant l'esprit des ordonnances, des mesures efficaces pour écarter absolument les pauvres étrangers et réprimer ceux de la ville qui sont en état de travailler; les uns et les autres environnez d'ouvrages à faire, et d'ouvriers de toute espèce, qui offrant des salaires tout prêts, demandent des bras et du secours, ne peuvent donner pour prétexte de leur fainéantise et de leur mendicité, qu'ils ne trouvent ny matière à s'occuper, n'y gens qui veuillent les employer.

Requéroit à ces causes, le Procureur Général du Roy, être ordonné que dans huitaine du jour de la publication de l'arts, tous les mendiants valides et invalides de l'un ou l'autre sexe qui ne sont pas nés en cette ville, qui n'y ont pas été établis par mariage, ou qui n'ont pas été reçu bourgeois par les officiers de l'hôtel commun, ensemble les pauvres étrangers qui sans être mendiants vivent dans profession et sans travail, seront tenus de sortir de la ville, avec défense d'y entrer en aucun tems, à peine contre ceux qui resteront ou qui rentreront après le délay expiré, d'être punis comme vagabonds et gens sans aveu, dans toute la rigueur des déclarations des 12 octobre 1686, 25 juillet 1700 et 27 août 1701.

Défenses être faites aux pauvres nés dans la ville ou reconnus bourgeois qui peuvent travailler de mendier en aucun tems dans les rues et dans les églises, à peine de 2 mois de prison dans les cachots pour le première fois et être traités en cas de récidive, comme vagabonds et gens sans aveu: Et en ce qui concerne les pauvres de la ville qui ne sont pas en état de travailler, être ordonné que dans le même délay de huitaine, ils seront tenus et dans la suite ceux qui se trouveront réduit au même état, de se présenter par-devant les officiers de police, pour y faire chacun déclaration de leur Noms, Surnoms, Aage, infirmités et demeures, à peine contre ceux qui n'y auront pas satisfait et qui seront trouvés mendiants, de 2 mois de prison dans les cachots, pour les déclarations communiquées être requis ce qu'au cas appartiendra. Défenses itératives être faites à toutes personnes, à peine de 100 livres d'amende payable par corps, de recevoir dans leurs maisons aucuns pauvres étrangers, être ordonné, sous les mêmes peines, que tous cabarêtiers, hôteliers et bourgeois, qui logent des étrangers ou qui en recevrons dans la suite, seront tenus, outre les déclarations qu'ils doivent faire au bureau établi à cet effet, de les réitérer entre les mains du substitut au siège de la police et dans le tems prescrit par l'arrêt rendu pour la police générale le 10 septembre 1733, lequel au surplus sera exécuté suivant la forme et teneur, pour ce qui regarde les étrangers: être enjoint aux sergents des pauvres d'arrêter et constituer prisonniers tous les pauvres qui contreviendront à l'arrêt et aux commissaires de police de tenir la main à son entière exécution.

La dite requête signée Josse, pour le procureur général du Roy, pièces jointes à icelle: Oüy le rapport de M. Louis Comte de Grozyeux, conseiller."

Ensuite l'arrêt fait une récapitulation des décisions ci-dessus pour publication et mise en application. Signé de Brouet.

(Texte conforme à l'original)

Quatre mendiants au pont au change (Gravure de Marlet du 19ème siècle)

Quatre mendiants au pont au change (Gravure de Marlet du 19ème siècle)

Il faut savoir que la pauvreté s'est fortement accrue dans le courant du 17ème siècle. Les bourgeois et la population générale des villes de france et même de la campagne où existait des hordes de vagabonds se plaignait amèrement de cet état de fait. On créa alors des maisons de force et des hôpitaux pour les pauvres, hôpitaux qui n'avait rien de médical, simplement, ils apportaient un secours aux pauvres, souvent d'ailleurs ces secours étaient réservés aux pauvres de la ville ou des communes voisines, c'était le cas à Thionville où pendant une période, les secours étaient portés au domicile des indigents.

Globalement, la politique était à l'enfermement de ces mendiants, ainsi à Paris, il y avait au 17ème siècle, plus de 6000 personnes, dans les diverses prisons et hôpitaux qui souvent n'étaient que des "prisons"

En fait le 18 juillet 1724, on créa de nombreux hôpitaux généraux dans toutes les villes du royaume. Mais cette nouvelle organisation ne porta pas ses fruits, car malheureusement la pauvreté allait croissante et c'est la révolution de 1789 qui en rendant les hommes "égaux entre eux" mis en avant la notion de solidarité nationale. Solidarité qui avant la révolution était pratiquement réservée à l'église et à la charité.

On créa des bureaux de bienfaisance dans pratiquement toutes les villes, destinés à apporter de la nourriture aux pauvres, des "restaurants du coeur" bien avant l'heure !

Mais là aussi, ce fut un échec car rapidement, ces bureaux de bienfaisance furent débordés et incapables de servir tous les indigents.

A Thionville, il existait déjà un hôpital des bourgeois en 1332 qui sera appelé "hôpital des pauvres" et qui aura toujours du mal à fonctionner malgré les divers biens qu'il avait reçu souvent en franchise, des différents souverains dont dépendait la ville.

Cet hospice se situait à l'emplacement du beffroi, puis une maison fut achetée dans la rue actuelle de "l'ancien hôpital" et en 1718, on construisit au même emplacement un hospice qui resta en activité jusqu'à la révolution.

Nous verrons dans un article à venir, l'histoire plus détaillée, de cet hospice des pauvres de Thionville.

Au final, aujourd'hui la problématique reste entière et la solution encore à trouver.

 

Sur le sujet on peut consulter:

Mendiants et policiers à Paris au XVIII siècle par Christian Romon - 1982

 

 

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27 Juillet 1789 - Heurts à Thionville

Publié le par Persin Michel

Mise à sac de l'hôtel de ville de Strasbourg
Mise à sac de l'hôtel de ville de Strasbourg

Mes recherches sur l'histoire de la chapelle Saint-François continuent.

Toutefois au cours de ces recherches, j'ai trouvé aux archives de la ville *, la relation de troubles ayant eut lieu dans la ville, suite à la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 et à la mise à sac de l'hôtel de ville de Strasbourg le 20 juillet.

Premiers signes tangibles de la révolution qui essaime dans notre région.

* Fonds Braubach BB14

Heurts à Thionville:

Les magistrats de la ville ont appris avec surprise et douleur que le mercredi 22 juillet 1789, vers les 4h de relevée (1) quelques soldats de la garnison ont entré en ville de la viande achetée à des bouchers forains (non établis en ville) au-delà du pont.

Ils n'ont pas voulu payer les droits sur cette viande aux employés des fermes (2) chargés de cette perception aux portes de la ville. Ce refus fut accompagné de paroles et de gestes durs qui excitèrent la curiosité de personnes du "bas peuple" qui se joignirent aux militaires en sorte que le tumulte augmentant, les employés des fermes prirent la fuite.

Les baraques qui leur servaient à percevoir les droits sur les marchandises (octroi) furent démolies dans la journée qui suivie sans que les magistrats aient pu arrêter ces désordres.

Les jours suivants, fort de leur succès, les soldats et le "bas peuple" auraient conduit sur la place du marché plusieurs voitures de sacs de sel venant de Metz et destinées pour le pays de Luxembourg. Ils ont obligé les voituriers à les leur vendre !

Le samedi 25 juillet dans la matinée, quelques personnes de la campagne, sous prétexte que la femme d'un boulanger leur avait dit des propos grossiers ont dévasté sa boutique, emporté ses pains, répandu ses farines à terre et pour finir ont cassé les fenêtres de sa maison !

Aussi pour arrêter de plus grands maux et l'effet de menaces effrayantes, les officiers municipaux se sont hâtés le jour même, sous l'agrément de Monsieur de Bouillé (3), commandant de la Province, de mettre en armes la bourgeoisie, dont une compagnie le soir même, a monté la garde pour rétablir le calme.

Le 26 juillet à 2 heure de relevée, dans une assemblée tenue par toutes les corporations dans la grande salle du bailliage, les officiers municipaux s'y trouvant, on leur aurait demandé la cessation immédiate de l'octroi sur l'entée des "pieds fourchus"(4), ils ont cru devoir céder à la circonstance… Dans la même assemblée on leur a demandé aussi la suppression de la chambre syndicale des marchands dans laquelle les forains exposaient leurs marchandises en vente, ce qui a été accordée par les marchands et la ville …

L'on a ensuite exigé que soit relâché 3 contrebandiers ce que l'entrepreneur de tabac à accordé sans difficulté… Devant tant de demandes aussi vite accordées, certains ont été jusqu'à demander la suppression de tous les droits du roi et de la ville, ce qui leurs a été refusée.

Ce procès verbal à été dressé pour justifier dans tous les temps la conduite des officiers municipaux de la ville.

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Voilà les prémices de la révolution à Thionville qui par ailleurs se passa plutôt tranquillement au moins jusqu'en 1792.

On remarquera l'habileté des officiers de l'hôtel de ville dont le compte-rendu peut-être interprété dans le sens que prendra l'histoire, ayant été fermes mais aussi suffisamment souples dans le traitement de ces heurts et de ces événements dont personne à ce moment là pouvait prévoir la suite.

Depuis 1768, le maire est François Petit (lieutenant de ma maîtrise des eaux et forets) . Les assemblées municipales comportent 5 membres pour les affaires courantes, les assemblées générales rassemblent 90 personnes. Les membres de l'hôtel de ville sont des bourgeois, majoritairement avocats, notaires ou titulaire d'un office. il y a aussi quelques marchands, pratiquement aucun artisan ni militaire. ils sont plutôt modérés et pragmatiques.

L'armée très présente à Thionville avec des effectifs importants est commandée par le marquis de Crenolle et en second le vicomte de Puységur.

Les officiers de l'hôtel de ville prêteront le 4 août 1790 le serment "A la nation et au roi" sans embarras particulier.

Les élections de 1790, verront Charles Nicolas Hentz devenir maire et Jacques Rolly sera procureur représentant de l'état en charge de l'ordre public. Toutefois une grande instabilité se verra à la municipalité pendant plusieurs années. Il faut convenir de la difficulté de concilier à la fois les nobles dirigeant l'armée, les bourgeois modérés et le "peuple" plus acquis aux idées nouvelles qui émergent.

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​(1) Les heures de relevée correspondent aux heures de l'après-midi, ainsi 4 heures de relevée veut dire 16h.

(2) Les employées des fermes sont les douaniers ou les employés de l'octroi qui taxait les marchandises entrant des les villes.

(3) François Claude Amour de Chariel, marquis de Bouillé né en 1739 en Auvergne, mort en 1800 à Londres. Il fut un fidèle de Louis XVI allant jusqu'à organiser sa fuite le 20 juin 1791. En 1789, il est commandant des Trois Evêchés. Il fit respecter la loi à Metz et à Nancy où il réprimera la mutinerie de 1790, prononçant 33 condamnation à mort et 41 mises aux galères.

Il est cité dans la cinquième strophe de la Marseillaise:

Français en guerriers magnanimes

Portez ou retenez vos coups

Épargnez ces tristes victimes

A regrets s'armant contre nous (bis)

Mais ces despotes sanguinaires

Mais ces complices de Bouillé

Tous ces tigres qui, sans pitié

Déchirent le sein de leur mère

27 Juillet 1789 - Heurts à Thionville

(4) Les pieds fourchus sont les animaux ayant plusieurs doigts ongulés aux pattes comme les boeufs, porcs, chèvres et boucs….

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1788 - Thionville - Val Marie (La fin de la fin...)

Publié le par Persin Michel

Pour moi, est venu le temps de prendre quelques vacances, on se retrouvera donc fin août 2014 avec au menu:

La première incursion des soldats américains dans Thionville - 1er septembre 1944

(Souvenons nous que le débarquement a eu lieu le 6 juin de la même année)

Pour terminer, une petite précision au sujet du Val Marie et de "Vonnerhof".

Après la fin de l'exploitation de la ferme de "Vonnerhof" par la famille Schweitzer, c'est la famille Richard qui exploita cette ferme jusqu'à sa vente comme bien national.

Un acte de 1788, nous explique que Jean Richard, fermier de "Vonnerhof" et son épouse Anne Alguevasse (sous réserve) ont vendu un journal 1/2 de terre situé à Volkrange à Jean Picard, laboureur à Beuvange-sous-Saint-Michel et à son épouse Anne Jouh (sous réserve) pour une somme de 288 livres tournois.

Les témoins ont été Jean Wagner maître boulanger à Thionvile et le sieur Mautet contrôleur de la pâte, aussi de Thionville.

La famille Richard fut très présente sur Veymerange et Elange au 17/18ème siècle.

La famille Picard exploita de longues années la ferme de "Chaudebourg"

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1736 -1771 Thionville - Le Val Marie (suite et fin)

Publié le par Persin Michel

Avant d'aller plus loin dans l'historique de cette métairie de "Vonnerhof" qu'on appelle déjà "Marienthal", je voudrais donner ici quelques informations récente:

Un acte du 4 mai 1682, nous dit que Nicolas Hourt demeurant au château de Thionville, officier et admoniateur de monseigneur de Kerpen, seigneur d'Illingen (Illange) et en partie de Fontoy laisse pour 5 années à Rémy Suisse (Schweitzer) laboureur à Elange la cense de Chaudebourg (1), située au ban de Thionville et d'Elange moyennant le versement de 4 maldres de grain et 2 charrettes de foin.

Un autre acte trouvé récemment, daté du 5 décembre 1693, nous prouve qu'en fait la cense de "Vonnerhof" avait bien était donnée à bail pour une durée de 25 ans à Didier Baué (Boué) de Beuvange. Celui-ci en avait fait cession à Rémy Schweitzer en 1692.

Toutefois en 1694, Rémy Schweitzer remettra à bail à Didier Baué une partie des terres de la métairie de "Vonnerhof" située à Elange. Didier Baué avait écopé d'amendes pour destruction de bois appartement aux dames de Marienthal, c'était alors une manière de s'entraider. Plus tard le fils de Rémy Suisse ou Schweitzer connaîtra les mêmes ennuis liés aux bois du couvent de Marienthal.

Enfin le 6 mars 1736, Balthazar Schweitzer (fils de Rémy) alors remarié à Catherine Glottin va vendre à Nicolas Helminger, conseiller du roi au siège royal de la police de Thionville une pièce de vigne de 1 arpent sur la coté de Faustenberg mais pouvant être labourée et cela pour la somme de 200 livres tournois qui seront payées par un billet de promesse de demoiselle Madeleine veuve de Laurent Elminger.

Il semble que Balthazar Schweitzer soit décédé à Guentrange le 12 mars 1739.

Le contrat de bail sera résilié en 1771. La révolution va procéder à la confiscation des biens le 11 octobre 1794 puis à la vente des 3/4 de la métairie, le 22 mars 1795 (2 germinal an III) pour une somme de 255.000 livres tournois au profit des sieurs Duclout, Lafontaine et Grandthil.

Le 1/4 restant sera vendu à des fermiers d'Elange.

La propriété appartiendra à 2 maires de Thionville:

En 1830 à Jean Baptiste Péan marié à Joséphine Poulmaire.

Vers 1875 à Auguste Spire apparenté à la famille Péan.

Le domaine reviendra plus tard à la famille Wonner puis à des particuliers divers.

Un étang sera creusé en 1815 par des prisonniers russes.

La famille Schweitzer ou Suisse s'est installée à Beuvange sous Saint Michel au 17ème siècle. Elle arrivait de Suisse dans le cadre du repeuplement des villages après la guerre de Trente ans. Le premier Schweitzer identifié à Beuvange s'appelait Johan dit le Suisse. Cette famille connut une grande "prospérité" et expansion dans tous les villages aux alentours de Thionville. Il n'était pas rare que les individus se marient plusieurs fois ayant de ce fait jusqu'à 16 enfants. (Un dossier sur cette famille est consultable aux archives municipales de Thionville)

(1) Chaudebourg était une ferme située sur la colline de Guentrange donnant sur Elange non loin de la ferme du Colombier. Elle fut rasée à la guerre de 1914 car elle gênait la vue pour le tir du groupe fortifié de Guentrange. Les fermiers ont souvent été de la famille Picard.

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