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Bonjour Parution du dernier article de la série sur les corporations et confréries de Thionville sous...

Publié le par Michel Persin

Bonjour

Parution du dernier article de la série sur les corporations et confréries de Thionville sous l'ancien régime. Bonne lecture

Bonjour

Parution du dernier article de la série sur les corporations et confréries de Thionville sous...

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Thionville – Confréries et corporations (Confrérie du rosaire) Fin de la série d’articles sur ce sujet

Publié le par Persin Michel

Cette confrérie du rosaire créée en mars 1666 concurrença fortement la confrérie historique de la ville qu’était la confrérie du Saint-Sacrement. Elle fut édifiée avec toutes les autorisations utiles et les protections les plus adéquates, elle connut un vrai succès. Succès assuré également par le fait qu’elle put exercer dans la chapelle Sainte-Elisabeth, ancienne chapelle de l’hospice des pauvres, située dans les bâtiments du beffroi à quelques pas de l’église paroissiale.
Comme vu dans l’article précédent, la pratique religieuse exigée des confrères est relativement simple ce qui permet à chacun de se sentir capable d’être un bon confrère. Des indulgences et pardons sont octroyés aux pratiquants assidus et l’organisation ainsi que la tenue de la confrérie est exemplaire. La confrérie a un règlement intérieur comportant 14 articles que chaque confrère doit connaître et qu’un maître se doit de faire appliquer.
Le maître est nommé le premier dimanche d’avril lors de l’assemblée générale, il est secondé par un régent qui lui est élu parmi les confrères et qui l’année suivante deviendra maître à son tour. Lors de l’élection du régent, on veille particulièrement à ce que le candidat ne puisse par un moyen quelconque favoriser son élection.
Le principe était donc fort simple :
Le premier maître nommé fut le créateur de la confrérie, on élisait un régent parmi les confrères qui l’année suivante devenait le maître et ainsi de suite pendant pratiquement un siècle. (1666-1763)
Le maître ne pouvait l’être qu’une seule année puis redevenait simple confrère.
Les cinq premiers maîtres ont été : 
  • Charles de Fey de la Garenne, major de la place de Thionville à l’initiative de la création de la confrérie.
  • François Carlier (Gaulier) qui fut aussi à l’initiative de la confrérie.
  • Annibal Hue de Saint-Rémy, lieutenant civil et criminel de Thionville
  • Jean de Fauget, seigneur de Vazeilles, lieutenant des gardes
  • François Soucelier, conseiller du roi et avocat au bailliage de la ville
Ensuite nous trouvons, un clerc juré, un avocat, un notaire et en 1686 un chirurgien qui était aussi directeur de l ‘hôpital des pauvres, puis des marchands avec parfois des avocats ou des officiers municipaux ou bailliagers, toutefois clairement à partir de 1700, la plupart des maîtres seront issus des corporations, marchands et artisans.
Les cinq derniers maîtres furent :​​​
  • Nicolas Blaise marchand (1759-1760)
  • Pierre François Lacoveille, marchand (170-1761)
  • Jean Bastien, tourneur (1761-1762)
  • Jean Pierre Soustre, chaudronnier (1762-1763)
  • Nicolas Tinus, tailleur (1763-1764)
Un autre personnage important de la confrérie était le chapelain. Chargé de recevoir les confrères, de tenir le registre de la confrérie, des dons et d’organiser toute la partie religieuse. Il se doit aussi de dire une messe tous les dimanches dans la chapelle.
Le premier chapelain fut Nicolas Thiriat, prêtre à l ‘église paroissiale Saint-Maximin. Il exerça de 1666 à son décès en 1683 et fut parfois en délicatesse avec la paroisse qui n’avait pas toujours vu d’un bon œil la création de cette confrérie faisant du tort à la paroisse elle-même et à sa confrérie associée, celle du Saint-Sacrement. 
A son décès le poste de chapelain ne fut pas pourvu pendant quatre années, la fonction fut assurée par des prêtres des environs et puis le 16 mars 1687, on fit élire par 16 confrères[1]un religieux de l’abbaye de Justemont, Jean Maurice Martinot, comme chapelain de la confrérie et à partir de cette date, le chapelain fut toujours élu par les confrères et rétribué 100 livres tournois par an pour ses services.[2]
Le chapelain était en poste de son élection à sa mort ou à sa mutation dans une autre paroisse. Il faisait aussi office de chantre et de sacristain et devait veiller au bon ordre de la chapelle, des ornements et des cérémonies.
Au final, la confrérie du rosaire fut plutôt démocratique ; le maître et le chapelain étaient élus par les confrères. Le maître pour une seule année, laissant la possibilité au plus grand nombre d’exercer cette charge honorifique. Maintenant, nous étions quand même au 18èmesiècle et les femmes ne furent jamais admises à se présenter à l’élection de maître mais elles purent être admises comme consoeurs et même à élire entre elles une maîtresse chargée de faire connaître au maître de la confrérie leurs remarques et désirs.
Pour s’inscrire à la confrérie, il suffisait d’aller voir le maître accompagné du chapelain et de se faire inscrire sur le registre de la confrérie en ayant toutefois confessé et communié juste avant.
Ëtre confrère ne comportait que fort peu de contrainte sauf pour la mort de l’un d’entre eux où il fallait alors réciter les prières adéquates et assister au convoi funèbre, deux par deux, un cierge à la main. On devait aussi assister aux messes dites par la famille et par la confrérie. Les inhumations avaient lieu au petit cimetière paroissial tout proche, dans la crypte de l’église ou au cimetière Sainte-Suzanne au quartier Saint-François.
On se devait aussi d’assister aux messes anniversaires en souvenir des défunts.
Seul huit inhumations sont signalées dans la chapelle du rosaire [3].
On y célèbre avec faste, le premier dimanche d’octobre, la victoire de Lépante [4]le 7 octobre 1571, victoire que les frères du rosaire avaient demandée avec ferveur à Dieu. Bien entendu on y célèbre aussi les autres fêtes religieuses : Pâques, Pentecôte et Toussaint.
Par-dessus tout, la confrérie a vocation à honorer, aimer et faire aimer, Marie, mère de Dieu, lien d’amour entre Jésus-Christ, son fils, et les pauvres pécheurs que sont les confrères.

[1]Les 16 confrères les plus « dignes » de participer à cette élection ! Que recouvrait le terme de « digne » ?

[2]La plupart des 13 chapelains qui se sont succédaient au service de la confrérie furent des prêtres de la paroisse élus par les confrères

[3]Lors de travaux dans le beffroi en 1951, on trouva un squelette sans doute inhumé là dans une partie de la chapelle du rosaire

[4]Bataille victorieuse contre les troupes turques

Chaque visite canonique faite à la paroisse de Thionville par l’évêque de Metz note l’existence de cette confrérie et de sa chapelle. Il est toujours mentionné que la chapelle est belle, bien entretenue et dotée de tous les ornements nécessaires au culte sacré. Il est souvent signalé que les registres sont bien tenus, à jour et que les rentes, dons et revenus sont suffisants. 
Effectivement dès sa création la confrérie reçoit de nombreux dons : (Exemples)

En 1668

 

En 1705

 

Dans ce document la chapelle est dite de Sainte-Elisabeth sous la tour de guet de la ville

 

Finances :
Entretenir la chapelle et faire vivre la confrérie coûtait beaucoup d’argent, mais la confrérie n’eut guère de soucis d’argent. A chaque fois qu’un habitant de la ville venait s’inscrire à la confrérie, il donnait une certaine somme en rapport avec sa fortune personnelle, cette pratique n’était pas obligatoire mais toujours respectée. De plus tous les ans chaque confrère se devait de payer sa part pour le fonctionnement de la confrérie, s’il ne payait pas dans les 30 jours, il était rayé des registres de la confrérie et n’en faisait plus partie. Pour ceux que le maître et le régent estimaient trop pauvres, on ne leur demandait aucune quote-part.
Les autres rentrées d’argent provenaient des quêtes lors des cérémonies, des dons soit en nature, soit en argent, de la location des bancs dans la chapelle et des rentes faites pour célébrer des messes en souvenir des défunts. Enfin, il y avait les fondations et dons de terres et maisons faites par les plus riches habitants de la ville [1].
Moralité :
Cette confrérie semble avoir été d’une très bonne tenue, il faut dire que chaque confrère qui y était reçu se devait d’avoir une bonne moralité. Les postulants soupçonnés d’aimer la dive bouteille ou les cabarets n’était pas reçus. Les danses publiques étaient interdites comme les mœurs légères et si un des confrères admis venait à prendre un mauvais chemin, il était exclu. Les petites dissensions pouvant survenir au sein de la confrérie étaient réglées en commun avec le maître, le régent et quelques confrères si besoin. L’amitié devait régner au sein de la communauté. Les maîtres furent toujours des habitants ayant une certaine assise sociale, toujours d’âge mûr à la moralité exemplaire.[2]
Les militaires très nombreux à Thionville représentent environ 30 % des confrères et les officiers municipaux, les hommes de lois et de santé furent très nombreux également à adhérer à la confrérie [3].
Cette participation importante des notables assurait pour les autorités royales et religieuse une sorte de garantie morale contre les griefs vrais ou faux que les autorités avaient contre les corporations et les confréries. Effectivement, ces communautés d’habitants faisaient généralement tous les ans un repas rassemblant tous leurs membres et bien entendu, il arrivait que ces repas finissent en ripailles, franches débauches et hostilités envers certaines autorités occasionnant des troubles publics. Pour cette raison les corporations et les confréries furent surveillées étroitement et noyautées afin de prévenir tout débordements. Régulièrement, elles étaient suspendues, voir interdites puis ré-autorisées souvent avec d’autres statuts ou dirigeants.
Qui plus est, ces communautés acquéraient en matière de gestion financière et en matière juridique de réelles compétences. Les plus importantes de ces communautés affichaient une certaine richesse et pesaient souvent d’un poids important dans la vie de la cité
Aussi le pouvoir central n’eut-il de cesse de mettre un terme à ces assemblés de citoyens, corporations et confréries. Ce qu’il réussit à faire au travers des parlements régionaux en 1763. 
 

[1]Plus on donnait en fonction de ses moyens plus les indulgences et pardons étaient importants. Les fondations pour dire des messes duraient souvent plusieurs années provenant des loyers de terres ou de maisons et étaient payées tous les ans à la même date.

[2]Au moins extérieurement, pas de journaliste s people à l’époque !

[3]Environ un tiers des effectifs

La chapelle de Sainte-Elisabeth :
Elle était donc devenue en 1666, la chapelle de la confrérie du Rosaire, mais elle était bien antérieure à la confrérie. Effectivement, Thionville avait un hôpital, plus justement un hospice, dès avant 1332[1], souvent pour ne pas dire toujours, ces hospices avaient dans leurs murs une chapelle, autant pour les soignants [2]qui étaient alors des religieux que pour le salut des malades. L’hospice de Thionville au regard de sa population devait être fort petit et comme souvent dans les hospices ou hôpitaux, la chapelle se trouvait dans la même pièce que l’hospice, au bout de la salle commune, séparée parfois par un rideau. Donc, cette chapelle fut logiquement dédiée à Sainte-Elisabeth en souvenir d’Elisabeth de Hongrie (1207-1231) mariée à Louis IV de Bavière. Après le décès de son époux en 1227,  devenue franciscaine elle fit construire un hôpital pour les pauvres.
L’hospice se trouvait approximativement où se tient aujourd’hui le beffroi. Nous savons qu’un chapelain y exerçait en 1337 et puis vers 1564, pour des raisons inconnues, l’hospice fut transféré dans la maison des bains publics de la ville où on ne recevait plus les pauvres, la maison étant trop exigüe, on leur portait la nourriture et le bois de chauffage chez eux. En 1718, on construisit à l’emplacement de cet ancien hospice un nouveau bâtiment plus important où l’on accueilli à nouveau les indigents.  
Ce nouvel hospice perdura dans cette rue appelée aujourd’hui « de l’ancien hôpital » jusqu’à la révolution avant d’être transféré dans l’ancien couvent des clarisses, aujourd’hui hôtel de ville.
La chapelle Sainte-Elisabeth resta au beffroi à son emplacement d’origine. Suite à la création en 1666 de la confrérie du Rosaire, la chapelle qui avait toujours porté le nom de Sainte-Elisabeth, prit pour les habitants le nom de la confrérie, on l’appelait donc la chapelle du Rosaire. Après 1718, on érigea dans le nouvel hospice une chapelle à qui on redonna le nom de Sainte-Elisabeth.

[1]Car à cette date Nicolas Desart et son épouse Agnès lui firent une donation d’une rente hypothécaire sur des maisons de Thionville à cet hospice

[2]Ces hospices n’étaient pas des hôpitaux, pas de médecin, pas de soins médicaux proprement dit, la science médicale de l’époque en eut été bien incapable. Non, c’était à proprement des hospices où l’on prenait soin des pauvres, leur assurant un lit, de la nourriture, un peu de chaleur et de la compassion (Parfois)

Où se trouvait exactement cette chapelle ? 

Dans les documents de l’époque, on l’a dit dans le beffroi, sous la tour de guet, à côté de la tour, enfin rien de très précis [1]. Il faudra attendre 1753 et un plan du beffroi dressé par l’armée pour connaître exactement son emplacement, c’est à dire juste à l’arrière de la tour comme indiqué ci-dessous.

 

 

[1]Il existe aux archives un croquis réalisé par Charles Abel de la situation de la chapelle, ce croquis est faux

On voit sur ce plan, une coupe de l’ancien bâtiment du beffroi, avec sa tour où trois petites maisonnettes (F) étaient appuyées servant de boutiques [1]. A côté, il y avait une porte, pour accéder à la chapelle du Rosaire (B). 
Ellipse:      Sur la façade principale qui donnait dans la rue actuelle de l’ancien hôtel de ville (anciennement rue de la prison), on trouvait une porte pour accéder au RDC de la tour, puis une petite porte avec un escalier pour accéder aux prisons du 1eret 2èmeétage, puis une petite porte basse pour accéder aux cachots du sous-sol, ensuite une porte pour accéder à la chapelle du Rosaire et enfin au bout du bâtiment un escalier avec une porte (E) plus importante donnant accès à l’hôtel de ville et au bailliage.
On remarque aussi que le chœur de la chapelle où se trouve trois autels est séparé de la nef par un dispositif léger permettant de séparer la nef et le chœur à certaine occasion. Cette disposition est caractéristique des chapelles d’hôpitaux ou d’hospice. Les malades occupant la nef qui était alors la salle commune, les autels du chœur étant alors soustrait à la vue des malades sauf pendant les offices que les malades pouvaient alors suivre de leur lit pour les plus handicapés.
Il est probable que cette disposition datait de l’origine de la chapelle Sainte-Elisabeth au sein de ce qui fut l’hospice des pauvres.
 

[1]Ces petites maisons furent détruites en 1820 à cause des risques d’incendie causés par leur cheminée donnant directement sur le 1erétage du beffroi. Leur disparition permettra à la ville d’installer au sous-sol du beffroi le poids de la ville qui auparavant était sur la place du marché

Au-dessus de la chapelle, il y avait un clocher qui venait d’être refait à l’occasion de la création de la confrérie du Rosaire, on en profita pour fondre la petite cloche qui s’y trouvait afin d’en faire une plus grosse qui fut baptisée du nom de Marie-Catherine, le 16 septembre 1666 par le chapelain Nicolas Thiriat en présence de 6 parrains et de 6 marraines. Le 30 mars 1708, la cloche qui s’était fendue fut remplacée et baptisée Suzanne Agnès en présence de 2 parrains et 2 marraines seulement. 

 

 

Voilà donc détaillé le fonctionnement de la plus importante confrérie de Thionville sous l’ancien régime, mais toute chose a une fin et pour les confréries thionvilloises, cette fin viendra d’un arrêt du parlement de Metz en date du 10 mai 1763. Sous couvert de réaliser un état des différentes confréries du diocèse et de vérifier leurs autorisations, règlements, lettres patentes, comptes et autres statuts, on interdisait de fait toutes les confréries. 
Le maître de la confrérie du Rosaire associé aux anciens maîtres eurent beau faire appel de cette décision en rappelant que Louis XIV avait maintenu la ville et ses habitants dans tous leurs droits et coutumes, que la confrérie ne s’était jamais fourvoyée dans des beuveries et débordements d’aucunes sortes, rien n’y fera et le chapelain en poste alors, Michel Colesse fut obligé de remettre tous les papiers de la confrérie au curé de la paroisse.
Ce fut la fin des confréries thionvilloises. Les ornements et meubles de la chapelle furent transférés à la paroisse où l’on donna encore quelques cérémonies à son intention.
La chapelle resta en l’état quelques années puis vient l’affaire des bouchers en 1772 que je vous ai rapportée dans l’article sur la corporation des bouchers. A cette occasion on avait utilisé la chapelle alors sans affectation comme boucherie, en occultant le chœur [1], ce que la disposition de la chapelle permettait assez facilement ; Cette affaire terminée, on ne remit pas la chapelle dans son état premier, mais la ville s’en servit de débarras pour son matériel d’incendie. 
Enfin, le coup de grâce vient le 22 mai 1786 quand la ville mit la chapelle à bail par adjudication pour 9 années. Elle se réservait le chœur et la sacristie pour son matériel d’incendie et construisit alors un mur [2]pour séparer définitivement la nef du chœur. L’adjudication fut remportée par le sieur François Abel [3], marchand en la ville pour un loyer de 120 livres annuel qui se servit de la nef comme entrepôt.
Le 5 mai 1817, nous trouvons une adjudication des locaux dit du Rosaire appartenant à l’hospice de la ville et géré par la municipalité. Cette adjudication est faite pour 9 années et nous voyons alors que la chapelle initiale qui avait été divisée en 2 pièces [4]en 1786, est maintenant divisée en 4 pièces devenant 4 lots distincts adjugés séparément.
Lot N°1 :
Une pièce ayant son entrée dans la rue de l’ancien hôtel de ville (ex rue des prisons en 1753). Cette pièce est alors occupée par un certain Didion, marchand à Thionville qui va perdre l’adjudication au profit du sieur Poinsignon [5]pour 100 francs de loyer annuel.
Lot N°2 :
Une pièce qui donne sur la grande place du marché où elle a son entrée et actuellement loué à Michel Abel le fils de François Abel qui avait loué cette pièce en 1786. L’adjudication fut remportée par Jean Baptiste Herga, brasseur à La Grange pour un loyer de 300 F annuel.
Lots N°3 et 4 :
Deux pièces tenant à la maison de la veuve Bonaventure qui en a obtenu l’adjudication.
Voilà qui marque la fin définitive de cette belle chapelle du Rosaire. Le beffroi subira encore de multiples modifications qui rendront illisible aujourd’hui l’état primitif du bâtiment.
Pour résumer :
Fin des confréries de Thionville en 1763, suppression de la chapelle du Rosaire dès 1772 par la construction d’une cloison de séparation de la nef et du chœur et utilisation du choeur et de la sacristie comme remise par la ville [6].
En février 1776, Turgot supprime les corporations pour quelques mois seulement mais c’était là de sombres prémices puisqu’en mars 1791, elles furent réellement abolie par la création de la patente et qu’en juin de la même année furent abolie les corporations ouvrières. 
 

[1]Par une cloison de planches

[2]Un mur qu’elle paya, de 11 pouces d’épaisseur crépi des deux côtés et fait par le maçon Georges Corrigeux

[3]Son petit-fils deviendra un homme politique et un érudit de Thionville, habitant à Guentrange, il laissa de nombreuses notes sur l’histoire de la ville et de la lorraine en général. 

[4]La nef pour le magasin de François Abel et le chœur et la sacristie réservée par la ville.

[5]Le sieur Poinsignon s’est déclaré de suite comme ayant enchérit pour la commune.

[6]Certains auteurs datent la disparition de la chapelle du Rosaire de 1834, c’est une erreur, cette date correspond à des modifications sur les étages du beffroi et la construction d’un logement pour le garde

La révolution dans la continuité de la monarchie essaya toujours de marginaliser les corps intermédiaires ce qui provoqua un retard considérable de la France dans la mise en place d’une démocratie plus sociale et d’une culture de la négociation.[1]
Il faudra attendre la fin du 19èmesiècle pour voir l’abolition du délit de coalition en 1864 puis la reconnaissance des syndicats en tant que personnes morales en 1884. Le syndicalisme put ainsi se développer.
Aujourd’hui, les syndicats, les associations diverses et variées représentent sous une autre forme les corporations et les confréries passées. Elles constituent souvent des groupes de pression et pèsent parfois lourdement sur les décisions politiques de l’état ou des municipalités. Mais, aujourd’hui comme hier, même si elles sont aussi courtisées, elles sont, n’en doutant pas, au moins pour certaines, sous surveillance.
Par cet ensemble d’articles sur les corporations et les confréries à Thionville sous l’ancien régime, j’ai voulu faire revivre un peu la vie des thionvillois dans ces communautés, confréries et corporations, non seulement leur vie mais aussi l’organisation de la commune et l’impact de ces communautés sur la structure même de la ville.
 

[1]La révolution ne fit qu’établir un parallèle entre les ouvriers et les patrons en leur interdisant aussi tout système de regroupement ou d’entente.

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http://www.histoiredethionville.com

Publié le par Michel Persin

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Thionville – Confréries et corporations (Confréries)

Publié le par Persin Michel

Le moment est venu de faire le point sur les confréries de Thionville sous l’ancien régime. 
Comme toujours à Thionville, par manque de sources, il est difficile de passer le « plafond de verre » de la guerre de Trente ans. Donc peu d’informations nous sont parvenues sur les confréries actives à Thionville avant le 16ème siècle, mais nous avons quelques documents qui témoignent de leur existence sans guère plus de précisions.
Ainsi en 1476, deux échevins de Thionville attestent d’une vente fait au maître de la nouvelle confrérie d’une rente de 8 escallins messins sur une maison de la ville.
En 1483, deux échevins de Thionville attestent qu’un tailleur de pierre du nom de Mathis dit « Clopstein der steymetz », tailleur de pierre, a vendu à Pierson, maître de la nouvelle confrérie, une rente de 12 escallins messins sur une maison située au château de la ville.
Encore ne savons-nous pas si le terme de confrérie employé ici, n’indique pas une corporation, la distinction n’allait pas de soi.
Ce que nous savons par contre c’est que les confréries étaient toujours d’essence religieuse même affiliée à une corporation de métier. Plusieurs documents font état d’une confrérie dite du Saint-Sacrement qui était systématiquement associée et gérée par la paroisse Saint-Maximin.

Confrérie du Saint-Sacrement :

 

 

Elle fut créée le 23 janvier 1602 par Johan Menchin von Arle, greffier du conseil des nobles du duché de Luxembourg, échevin de Thionville et son épouse Elisabeth Arnoldt qui vont donner par testament une somme de 1000 « tallers  [1]» pour la placer à constitution, afin que des 2000 florins, les rentes qui en résulteront servent à habiller cinq pauvres le jour de la Sainte-Elisabeth et alors, ils prieront pour leur donateur et leur famille dans la chapelle de l’ossuaire (Saint-Michel), et de plus permettront à deux pauvres enfants de faire des études chez les jésuites de Luxembourg ou à apprendre un métier.
Le curé de Thionville est alors Adam Putz qui fera de cette confrérie une des plus importante de la ville en suscitant les donations et en la rattachant à la paroisse.
Le 20 septembre 1602, à peine créée, la confrérie verra déjà les dons afflués comme celui de 1170 florins de Luxembourg figurant au testament de Nicolas Wolff, échevin et synodal de Thionville et son épouse Anne Uttringerin.

 

 

[1]Ou Thaler, monnaie de compte sous Charles Quint appelé encore « Rixdaler » 1 Thaler = 2 florins.  Cette monnaie resta en circulation pendant 400 ans dans les pays germaniques. On la dit ancêtre du Dollar américain.

A l’origine, cette confrérie était liée au métier de tailleur de pierre comme l’indique un acte du 17 mars 1668 qui nous indique que Bernard Liff, jardinier et son épouse Elisabeth Trattert, doivent à Nicolas Louis et Nicolas Gangs, ancien et jeune maîtres du corps de métiers des tailleurs de la confrérie du Saint-Sacrement de Thionville, une somme de 50 tallers monnaie de Luxembourg sur 2 chambres de soldats situées à Thionville proche du four banal. 
Ces chambres sont propriétés du corps de métier des tailleurs depuis plus de vingt ans et l’origine de la dette vient d’un prêt fait le 6 août 1633 par le corps de métiers.
Donc cette confrérie était affiliée à la corporation des tailleurs de pierre, faut-il mettre cela en relation avec la vente faite par un tailleur de pierre d’une rente à la nouvelle confrérie en 1483 à un certain Pierson (Pierre) maître de la nouvelle confrérie ?
Et cette nouvelle confrérie était-elle déjà celle du Saint-Sacrement ?
Rien ne permet de le dire, mais il est certain que de nombreuses confréries qui étaient tombées en désuétude ou interdites à certains moments furent recrées par la suite et remises au goût du jour !
Quoi qu’il en soit, cette confrérie du Saint-Sacrement fut une des plus importante de Thionville et ne fut supplantée plus tard que par la confrérie du Rosaire. Elle n’avait pas de chapelle mais était réunie à la fabrique de la paroisse et le service se faisait dans l’église paroissiale.

La confrérie de Saint Joseph, Saint François et Saint Cyprien :

(Dite aussi des trépassés)

 

 

Créée en 1615, peut être dans la chapelle Saint-François, elle périclita pour des raisons inconnues. Refondée en 1648, elle disparue une nouvelle fois après 1694 où on la voit payer 26 livres tournois et 20 sols à la confrérie du Rosaire pour se servir des ornements de leur chapelle pour ses propres fêtes [1]. C’est François Delhaye [2], brasseur et Jean Bheme marchand de Thionville, qui refondèrent la confrérie dans l’église paroissiale en 1727. Liée à la bonne mort et aux mourants, elle avait pour buts de payer les enterrements pour les pauvres, le pain béni, les cierges pour les cérémonies et le paiement des porteurs pour amener les corps au cimetière Sainte-Suzanne, au dehors des remparts. Les inhumations des pauvres de la paroisse se faisaient alors au cimetière Sainte-Suzanne qui jouxtait la chapelle des lépreux ou de Saint-François. Nous savons que le premier maître après sa refondation de 1727 fut François Delhaye et l’année suivante ce fut Jean Bheme puis Guillaume Merlinger. Nous savons aussi que la statue de bois de Saint-Joseph appartenant à la confrérie avait été payée par Anne Ham [3]et Jean Well.

[1]Cet état de fait semble lié à des problèmes avec leur lieu de culte, peut-être la chapelle Saint-François a-t-elle été endommagée par le siège de 1643 dont les opérations militaires se sont principalement faites  de ce côté de la ville

[2]Voir mon ouvrage « Histoire de l’ancienne chapelle des lépreux » - 2017 encore disponible au syndicat d’initiative de la ville ou chez moi.

[3]Anne Ham était de la famille de l’épouse de François Delhaye.

En 1727, à sa refondation la confrérie avait 44 confrères, puis 123 membres en 1740, ensuite sa fréquentation baissa inexorablement, malgré une tentative de relance en accordant des indulgences aux donateurs et membres. La confrérie n’était pas viable financièrement, elle n’avait qu’un seul contrat de rente, trop peu de membres et des frais importants pour les inhumations des pauvres nombreux à Thionville. De plus elle n’eut jamais les autorisations de l’évêché. La construction de la nouvelle église de la ville inaugurée en 1760, associé à un regain des inhumations dans les caveaux sous l’église marquèrent la fin définitive de cette confrérie.

La confrérie de Saint-André et Saint-Nicolas :

Crée en 1615, par le corps de métiers des jardiniers, elle n’eut que peu de succès.
Un acte la concernant daté du 15 décembre 1707, nous donne un effectif de 4 membres seulement : Louis Fromentin, Pierre Marchand, Pierre Lefevre et Dimanche Surlot.
Toutes ces petites confréries créées par des métiers manuels aux membres peu instruits et sous représentés, n’eurent bien souvent pas de lettres patentes de création, pas d’aval de la paroisse, ni de la ville et donc aucun avenir !

La confrérie de Saint-Roch, Saint-Sébastien et Saint-Antoine :

Créée en 1630, toutefois sans statut, sans règlement et sans lettres patentes ni autorisation. Elle possédait un autel (chapelle collatérale) dans l’église paroissiale. A l’origine elle était liée aux épidémies de peste ou autres fièvres qui sévissaient sporadiquement dans la région. Elle a pu aussi être liée à une compagnie bourgeoise d’archers en l’honneur de Saint-Sébastien. (Ci-dessous)

 

Ces membres étaient nombreux, bourgeois de Thionville, ils se firent remarquer de mauvaise manière et la confrérie fut interdite le 27 août 1733 par le parlement de Metz, pour les raisons suivantes :
« Elle avait dégénéré en compagnie bourgeoise, s’assemblant sous les ordres du maître échevin qui prenait alors le titre de colonel des suppliants et en tirait un profit.
Lors de ses assemblées bruyantes avec port d’armes sur les foires, elle faisait tirer à blanc moyennant finance, le tout sans lettres patentes du souverain. 
Les membres se rendaient entre eux les recettes et dépenses de la confrérie, sans participation du curé, ni des synodaux. » 
Aussi le parlement de Metz sur réquisition du procureur du roi, fit défense aux bourgeois et habitants de Thionville de s’attrouper sous prétexte de ladite confrérie, comme aussi d’y prendre les armes en aucun temps sauf s’ils y ont été expressément commandé par le gouverneur, le lieutenant du roi ou autre officier autorisé. Défense leur ai faite aussi de recevoir des deniers sur les foires ou d’aucune personne sous peine d’être poursuivis suivant la rigueur des ordonnances. Il ordonne à la police de la ville de veiller à ces interdictions.
Le problème qui se posa fut que cette confrérie avait en compte des rentes et des donations faites par des personnes pieuses pour dire des messes pour leurs défunts. L’évêque incita donc la confrérie désormais interdite à donner ses contrats et rentes à la fabrique de la ville à charge pour elle de faire les services prévus. 
Ce qui fut fait et approuvé par la chambre épiscopale de Metz. 
Toutefois cette confrérie étant très ancienne et relativement importante, on rédigea des statuts et règlements et on officialisa sa réédification, ce qui fut fait le 21 novembre 1733 soit quelques mois après son interdiction.
Malgré tout, cette affaire avait terni durablement la confrérie qui n’eut plus d’autel dédié dans l’église paroissiale [1]mais dut se contenter d’un autel uniquement dédié à Saint-Sébastien, associé avec celui de la Sainte-Croix. De Saint-Roch et Saint-Antoine, on ne parla plus et la confrérie disparue ainsi discrètement, ayant donné ses biens à la fabrique elle ne parvint plus à se reconstituer une clientèle suffisante. 

La confrérie de Saint-Hubert :

 

Très en vogue dans les Ardennes
Elle fut créée en 1665 à l’initiative du curé et régent de Thionville, Mathias Hollinger avec l’aide d’officier de l’hôtel de ville. Elle n’avait pas de lettres patentes, ni d’autorisation de l’évêché et seulement deux contrats de rente. Elle eut en 1669, une autorisation de l’évêque de Metz de se maintenir mais sans lettres patentes Elle recevait donc des membres indûment et élisait un maître sans y être autorisée. 
Aussi en 1735, Philippe Henrion, marchand à Thionville, alors maître de la confrérie, effectua des démarches pour obtenir les autorisations nécessaires. A cet effet, un inventaire des biens de la confrérie fut effectué et elle n’était guère riche :
  • Une statue de Saint-Hubert en bois
  • 1 cornet en argent
  • 1 drap de Damas vert
  • 2 aulnes garnies de franges d’or
  • 1 bannière
  • 1 plat de quête en étain
  • 1 clochette de ¾ de livre
Peu de membres, peu d’argent, absence d’autorisation officielle, pas de règlement ni de statut tout était réuni pour que la vie de cette confrérie soit difficile.
La confrérie Saint-Urbain :

 

Créée d’ancienneté par les vignerons de Guentrange, on en retrouve la trace dans des documents du 8 août et 9 décembre 1694 (AMT BB3 41V 44R)
Elle a fait récemment [2]l’objet d’une étude complète par Paul Médoc, président actuel de la confrérie.
 

[1]Certaines confréries, pas toutes, avaient un autel collatéral dans l’église paroissiale qui leur était dédié. Ainsi la visite canonique du 11 septembre 1721 précise qu’il y avait dans l’église (ancienne église Saint-Maximin) 5 autels ou chapelles collatéraux :  Sainte Croix – Sainte-Trinité – Saint Jean Baptiste – Sainte-Vierge – Saint-Sébastien. La dédicace de ces autels pouvait variée un peu au cours des années, ainsi la visite canonique du 2 mars 1751 ne cite plus que 4 autels collatéraux : Saint-Jean – Sainte-Croix – Sainte- Vierge et Sainte-Elisabeth. Dans la nouvelle église Saint-Maximin (celle d’aujourd’hui) la visite du 25 septembre 1763 cite les autels suivants : Sainte-Vierge – Sainte-Anne – Sainte Croix et Saint-Jean

[2]Décembre 2017 – Revue « Azur et Or » encore disponible à la vente ou aux archives municipales

Vous y retrouverez tous les renseignements sur cette très ancienne confrérie typique d’une confrérie dite de corporation, c’est à dire affiliée à un corps de métier, en l’occurrence les vignerons de Guentrange.
De toutes ces confréries créées avant le rattachement de Thionville à la France, seule la plus ancienne, la confrérie du Saint-Sacrement qu’on avait réuni à la fabrique de la paroisse et qui bénéficiait de toutes les autorisations, règlement et statut, connut une grande popularité, attirant des dons, rentes et membres.
Pour les nouvelles autorités françaises qui dirigeaient la ville depuis 1643 c’était une confrérie issue de « l’ancien monde » celui de la prévôté luxembourgeoise où se retrouvait la plupart des bourgeois de la ville avec la paroisse Saint-Maximin, elle aussi, encore sous l’autorité du diocèse de Trêves. Toutefois, la confrérie était bien gérée par la fabrique avec un livre de compte à jour et les différentes visites canoniques qui eurent lieu au 18èmesiècle nous montre une confrérie du Saint-Sacrement bien vivante et solidement associée à la paroisse.
La plupart des corporations de métiers de la ville y était associées car peu de corporations avait assez de membres, étaient assez riches et organisées pour créer et faire vivre une confrérie spécifique à leur métier comme cela avait sans doute été le cas au moyen-âge où les contraintes administratives étaient moins lourdes et la foi plus enracinée.
Le cas de la confrérie de Saint-Thiebault est particulier, ce n’était pas une confrérie mais une corporation qui regroupait plusieurs métiers, les maçons, les charpentiers, les couvreurs, les potiers de terre.

La confrérie du Rosaire :

 

Les nouvelles autorités françaises décidèrent donc de créer une confrérie strictement religieuse à laquelle toutes les corporations de la ville et tous les bourgeois et militaires pourraient adhérer. La population avait changé, les notables également, les postes clés à l’hôtel de ville et à la paroisse avaient changé de mains.
Même si à Thionville le protestantisme n’était pas une menace pour la religion catholique, les moeurs dans cette ville de garnison semblaient bien relâchés, les filles de la campagne venaient y chercher une occasion de sortir de leur condition et ne trouvaient souvent que la prostitution. 
En un mot, le moment avait semblé propice pour édifier cette nouvelle confrérie. A cette époque, les confréries dites du rosaire, dédiée à la vierge, étaient à la mode, il s’en créait beaucoup. Elles n’étaient pas liées à une corporation de métier, elles n’étaient que religieuse et vouées à la vierge Marie toujours très populaire. De plus elles consistaient à prier le chapelet (le rosaire) en groupe ou seul dans un lieu dédié, un autel ou une chapelle, ou même seul chez soi, donc facile à pratiquer et puis elles avaient l’attrait de la nouveauté.
Donc le 21 mars 1666, le sieur Dufay de la Garenne [1], major de la place avec Jean François Freidrich [2], échevin de la ville, conseiller au bailliage de Thionville et receveur des finances, associé à François Caulier, garde des magasins et receveur des domaines de Thionville 
 

[1]Charles Dufay de la Garenne major de la place, mort à Thionville le 4 avril 1684 à 80 ans.

[2]Ou Jean Nicolas Freidrich, voir mon article sur les corporations 3èmepartie qui donne des précisions ;

 

firent requête avec d’autres bourgeois de la ville au Révérend Père provincial des Jacobins (dominicains) [1]pour lui signaler qu’ils avaient obtenu du vicaire général de l’évêché la permission d’établir à Thionville une confrérie du Rosaire
Qui plus est, qu’ils avaient obtenu de l’hospice de Thionville, donc de la ville, la
permission d’installer la nouvelle confrérie dans la chapelle de l’ancien hospice de la ville (Beffroi), chapelle alors dédié à Sainte-Elisabeth.
L’autorisation officielle leur fut donnée le 2 avril 1666 par Claude de Breuillart de Coursan, vicaire général de l’évêché. La confrérie à l’initiative des notables de la ville, avec son règlement, ses statuts, son autorisation de l’évêché et sa chapelle dédiée pouvait prendre un départ prometteur, il le fut !
Pourtant, elle n’eut guère l’assentiment du clergé Thionvillois qui mettra en avant plusieurs griefs à son encontre :
  • La chapelle est petite, elle ne peut contenir que 60 à 80 personnes et les jours de fête la foule qui veut assister à la messe se répand sur la place du marché et dans les rues adjacentes occasionnant des perturbations dans la ville.
  • Les curés et vicaires de la paroisse sont distraits de leur devoir envers l’église paroissiale, de plus les paroissiens donnent plus à la confrérie qu’à la paroisse.
Aussi le clergé de la ville va demander le rattachement de la confrérie à la fabrique comme pour celle du Saint-Sacrement afin d’en avoir les commandes et les bénéfices. 
Mais l’évêque les déboutera en juin 1698, la fabrique ne gardera que la confrérie su Saint-Sacrement qui est en relative désaffection au profit de celle du Rosaire.
Cette confrérie et sa chapelle sont décrites dans chaque visite canonique de l’évêque de Metz comme richement pourvue et bien administrée.
Les obligations pour les membres de la confrérie étaient de réciter au moins une fois par semaine, un chapelet ou rosaire, les chapelets autorisés étaient ceux comportant 5, 10 ou 15 dizaines, en méditant sur les 15 mystères de la rédemption.
(Ci-dessous un chapelet à 5 dizaines, en nacre dans son étui, daté du milieu du 19èmesiècle provenant de la paroisse de Veymerange)

 

 


[1]L’autorisation d’édification des confréries du Rosaire était sous l’égide des dominicains qui en étaient à l’origine et en avaient été de fervents zélateurs.

Il était préconisé que la récitation se fasse au maximum en commun et en public et principalement aux fêtes de la Vierge avec procession le 1erdimanche de chaque mois
La procession se devait d’être plus solennelle le 1erdimanche d’octobre et à la fête de la Vierge Marie. 
Voilà notre confrérie du Rosaire bien née, instituée dans la chapelle Sainte-Elisabeth de l’ancien hospice des pauvres de la ville dans le bâtiment du beffroi.
Ce fut la dernière confrérie créée à Thionville. Elle ne disparaîtra, comme les autres, qu’avec l’arrêt du parlement de Metz du 10 mai 1763, interdisant de fait les confréries religieuses sous l’ancien régime. Toutefois quelques temps plus tard, la confrérie du Rosaire sera encore tolérée dans l’église paroissiale quelques années avant la révolution. 
Nous verrons dans le prochain article plus précisément la vie de cette ultime confrérie, sa disparition et le devenir de sa chapelle dans le beffroi de la ville.
Sources :
Notaires Thionvillois : Helminger et Fourot et Lanio ADM 3E7538 3E7539 3E7600-7606
Décembre 2017 – Revue « Azur et Or » encore disponible à la vente ou aux archives municipales
Notes de l’abbé Braubach aux archives municipales de Thionville
Thèse de Marie Claude Dubois « la confrérie du Rosaire » 1997- Besançon- Université de Franche-Comté

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