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thionville 18eme siecle

1783 – Thionville - Finances et octrois

Publié le par Persin Michel

Nous avons vu dans les articles précédents que la ville avait des difficultés financières et des réticences, voir des refus, de payer l’impôt de la part de sa population.

L’acte qui suit nous montre que quatre vingt ans plus tard, la ville a toujours d’énormes difficultés financières, mais les choses ont-elles vraiment changé à cet égard ?

« Aujourd’hui 18 août 1783 à 8h du matin, l’assemblée générale des notables ayant été convoqué de la part du maire, il y a été dit que sa majesté ayant autorisé cette ville de Thionville, par un arrêt en son conseil du 30 août 1777, à percevoir pendant six années les octrois mentionnés dans sa délibération du 25 janvier de l’année précédente et cela pour satisfaire à son besoin de remboursement de l’emprunt d’une somme de 46000 livres tournois pour achever le paiement de la reconstruction de son église paroissiale [1] et acquitter en argent le logement des officiers supérieurs des corps qui sont en garnison dans la ville.

Ce terme de six années devant expirer au 1er décembre prochain sans qu’il ait été possible d’éteindre aucune partie de la somme de 46000 livres, tant à cause des charges qui subsistent suite à l’établissement des octrois que des nouvelles charges survenues comme la nécessité où s’est trouvé la ville de reconstruire à neuf les glissoirs [2] et les dégorgeoirs [3] de son moulin sur le glacis de la place, de plus la ville fait actuellement reconstruire à neuf le grand pont dormant sur le premier fossé de la place à la porte dite de Metz et cela coûtera environ 10000 livres, l’année prochaine la ville reconstruira à neuf le grand pont dormant sur le même fossé à la porte dite de Luxembourg, suite à l’adjudication qui en a été passé le 8 juillet dernier et approuvé par monsieur l’intendant le 19 du même mois.

Outre les glissoires et les dégorgeoirs de son moulin de Daspich [4] qui sont dans le plus mauvais état et beaucoup de réparations à faire aux corps de garde dans l’intérieur de la place. En conséquence, après examen sommaire des comptes de la ville, il avait été arrêté par délibération provisoire du 16 juin dernier approuvé par monseigneur l’intendant le 18 du même mois de demander la prorogation des dits octrois pour six autres années à commencer le 1er décembre prochain avec la réserve toutefois de celui sur l’entrée des moutons, brebis, boucs et béliers dont la régie générale faite depuis le 1er avril dernier qui a été majoré par le recette aux comptes pour tenir lieu de don gratuit de cette ville. Surquoi ayant été de nouveau conférée et délibérée, il a été unanimement arrêté de se pourvoir au conseil de sa majesté pour obtenir le prolongement desdits octrois.


[1] Voir à ce sujet le blog 2016 ou le Miscellanées 2016 aux archives municipales

[2] Les glissoirs sont des dispositifs charger de faire changer de niveau une matière quelconque, ici de l’eau, ais ils existaient aussi pour les sacs de farine.

[3] Les dégorgeoirs sont des moyens de laisser garder un certain niveau dans un bief en laissant s’écouler l’eau au travers de grilles ou d’un petit canal. Attention, dans un moulin à foulon comme à Beauregard, le dégorgeoir servait à laver les tissus, à les laisser « dégorger »

[4] Attention, ici Daspich ne doit pas être confondu avec le village, le moulin dit de Daspich était en fait le moulin rouge de Terville

Premièrement :

Sur les pieds fourchus, le bois de chauffage et le charbon qui entreront dans la ville pour y être consommés, soit d’achat, de rente ou pour y être vendus, même les bestiaux qui y auraient été « nourris ».

A savoir :

5 livres sur chaque bœuf ou taureau3 livres sur chaque vache ou géniss3 deniers pour chaque livre pesant de viande desdites espèces qui entreront par quartier ou en détail.

10 sols sur chaque veau

6 deniers pour chaque livre pesant de viande de veau qui entrera par quartier ou en détail.

20 sols pour chaque porc

10 seulement si l’acheteur justifie qu’il pèse au-dessous du poids de 50 livres.

10 sols pour le porc par bande.

6 deniers par livre pesant des autres pièces de lard et de viande qui se vendrons au détail.

Les mêmes droits sur les porcs en bande de lard et quartier qui entreront dans la banlieue de Thionville, attendu la grande consommation qui s’y fait.

15 sols pour chaque voiture à quatre roues de bois de chauffage ou fagots et moitié pour chaque voiture à deux roues.

30 sols pour chaque banne de charbon et 2 sols pour chaque sac.

Deuxièmement :

Sur tous les vins, bières, cidre, eaux de vie, liqueurs qui entreront dans la ville et dans sa banlieue soit pour y être consommés ou non, à l’exception de ceux qui passeront « Debout » ou qui resteront en dépôt pendant trois jours pleins, à savoir :

5 sols sur chaque hotte de vin d’achat, rouge ou blanc, du ressort du bailliage de Thionville, du pays messin et des quatre mairies du Val de Metz.

10 sols par hotte de vin de Lorraine ou de Bar, Verdun, Toul, Alsace et pays de Luxembourg

4 livres par hotte de vin de Bourgogne, Champagne, Moselle venant des pays étrangers et du Rhin, du Dauphiné, du Languedoc, de la Provence et généralement de tous ceux connus dans le pays sous la dénomination de vin étranger.

2 sols sur chaque bouteille de liqueur et autre bouteille commune

5 sols sur chaque hotte de bière, soit grosse, mêlée ou petite, indistinctement qui quoique fabriquée dans la ville ou la banlieue sera conduite en ville chez un particulier.

7 sols et 6 deniers pour chaque hotte de bière qui proviendra des fabriques située hors de la banlieue et de la ville.

5 sols pour chaque hotte de cidre.

30 sols pour chaque hotte d’eau de vie fine et 5 sols pour chaque hotte d’eau de vie commune,.

Pour tous qu’ils soient de cru ou d’achat, sans que l’on puisse compter les pots en plus des hottes de chaque pièce qui contiendra trois hottes et plus, ni que les vins d’un admoniateur ou fermier, adjudicataire ou bailliste, s’ils sont réputés vins de cru, ne seront assujettis aux droits d’octroi.

Sa majesté sera en outre très humblement suppliée d’ordonner que tous les droits d’octroi seront exigibles dans les 24 heures après l’entrée en la ville, à l’exception de ceux dont les objets seront destinés pour le service ou compte du roi, pour la consommation des malades de l’hôpital militaire, de l’hôpial des pauvres de Sainte-Elisabeth et de la communauté des pères capucins. Tous les octrois seront perçus conformément aux charges, ordres et défenses retenues par l’arrêt du conseil du 30 septemebr 1777, une copie sera jointe à la présente délibération et adressée à Monseigneur le directeur général des finances.

Fait et décidé en l’assemblée générale des notables en l’absence de messieurs les députés du bailliage qui ont été invités..

Suive les signature du maire, Petit,  et des notables

Les signatures

Les signatures

Ce problème du remboursement du prêt effectué pour la reconstruction de la nouvelle église paroissiale a été dès 1757, une crainte constante des officiers de l’hôtel de ville. Ainsi, ils alertaient les autorités dès le 3 juillet 1757 en ces termes :

« Si les nouveaux octrois mis en place pour le remboursement de cet emprunt ne sont pas continués ou que par le manque de garnison, ils se trouvaient réduit, alors la dette deviendrait « éternelle » car la ville n’au aucune autre ressource ! »

Le 11 juillet 1757 : « Ils mettaient l’accent sur la nécessité d’avoir une garnison capable d’opérer le débit des vins dont dépend le produit des octrois »

En décembre 1757, le fermage des octrois de la ville ne trouve pas preneur à cause des guerres et du manque de garnison en la ville, en conséquence, le fermage ne sera proposé que pour une année afin de voir venir.

Au 19ème siècle, les bureaux d’octrois qui se trouvaient à l’extérieur des portes [1] de la ville assuraient une bonne part des revenus de la communauté et faisait l’objet d’un règlement très précis.


[1] Au 18ème siècle les octrois se trouvaient aussi à l’extérieur des portes la ville dans des bâtiments en planches

Page de garde du règlement

Page de garde du règlement

1ère page du règlement

1ère page du règlement

Sur la photo a droite le petit bureau d'octroi en 1913

Sur la photo a droite le petit bureau d'octroi en 1913

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1703 - Les corps de métiers se rebiffent !

Publié le par Persin Michel

Dans l’article précédent nous avions vu « qu’ André Blondin est en 1703, le maître de la confrérie des boulangers de la ville de Thionville, à ce titre, il fera partie du regroupement de l’ensemble des corps de métiers de la ville pour demander à Jean Larminat, conseiller du roi, receveur des amendes et espèces du bailliage, d’aller à Paris plaider leurs causes. »

Voici la suite :

« Le 14 août 1703, devant les notaires royaux de Thionville sont réunis les maîtres de métiers des confréries de la ville :

  • André Blondin, maître de la confrérie des boulangers.
  • Jean Hein, maître du corps des cordonniers et tanneurs.
  • Jean Guillaume Huttinger, maître du corps des drapiers.
  • François Jean Thirion, maître du corps des tailleurs d’habits.
  • Nicolas Limbourg, maître du corps des marchands, merciers, huiliers et ciriers
  • Pierre Him, maître du corps des charpentiers et menuisiers.
  • Laurent Jardinier, maître du corps des maréchaux [1], serruriers, vitriers, celliers, bourreliers, cloutiers, potiers d’étain et cordiers.
  • Pierre Leyendecker, maître du corps des maçons, recouvreurs [2] et potiers de terre.
  • Nicolas Jean, maître du corps des tonneliers.
  • François Néron, maître du corps des chirurgiens.
  • Georges Florentin, maître du corps des jardiniers.
  • Jacques Gérard, maître du corps des tisserands.
  • Jean Luttin, maître perruquier.
  • Pierre Herault, maître apothicaire.
  •  

Tous bourgeois de cette ville de Thionville et composant les corps et communautés de métiers, lesquels, tous en leur nom et aux noms de tous leurs confrères ont fait et constitué, unanimement, par les présentes en la personne de Jean Larminat [3], conseiller du roi, receveur des amendes et espèces du bailliage, leur procureur.

Présent en personne et acceptant, ils lui donnent pouvoir, puissance et autorité pour se transporter expressément et incessamment de cette ville de Thionville à Paris pour s’opposer formellement de leurs parts au conseil d’état du roi, tant à l’égard de la proposition faite par monsieur le maire et les échevins de Thionville, d’imposer 5 sols sur chaque hotte de vin entrant dans la ville pour sa consommation, qu’à l’arrêt rendu en conséquence le 19 juin dernier et de désavouer les officiers de cette ville, des offres qu’ils ont fait au nom de la communauté de Thionville de prendre cet impôt de 5 sols sur les hottes de vin pour payer les gages des officiers de police

 

[1] Maréchal-ferrant

[2] Couvreurs

[3] Né en 1670 décédé en 1709, marié à Apoline Fourot. Il est un des fils de Louis Larminat (1629-1704) échevin de Thionville de 1679 à 1701

De plus, ils ne veulent pas que l’imposition de 6 sols sur chaque chariot de bois entrant en ville, soit continuée tant et si longtemps et jusqu’à ce que les dettes de l’hôtel de ville, les gages et » ustencils » soient recouvrés pendant le commandement de l’Espéroux [1] sous les ordres d’Espagnac.[2]

Pour cela, ils veulent que leur procureur reste à Paris, jusqu’à ce qu’il ait obtenu un arrêt définitif. Ils paieront le voyage d’aller, le séjour et le voyage de retour et même les journées d’absences dans sa charge à Thionville. »

[1] Gestas de L’espéroux, seigneur de Bertrange (Dans l’ouvrage de GF Teissier, on le dit commandant seulement en 1708, pourtant cet acte le désigne déjà commandant en 1703 !)

[2] Thierrat d’Espagnac, gouverneur de Thionville e 1680 à 1711

Quelques signatures en bas de l'acte

Quelques signatures en bas de l'acte

Nous n’avons pas d’acte certifiant qu’ils eurent satisfaction, mais il semble que non, car les impôts continuèrent à être prélevés. En tout état de cause, ils montrèrent aux autorités de la ville, leur détermination pour les affaires à venir, qui furent assez nombreuses, comme le prouve l’acte suivant :

« le 31 août 1719, pardevant nous, gens de justice de Thionville, Jean Damin, maire de la communauté de Thionville, Nicolas Lhoste, lieutenant et Nicolas Clerc, échevin est comparu Jacques Guillaume, doyen en ville de la mairie, lequel nous a dit s’être transporté en vertu de notre ordonnance, dans toutes les maisons des bourgeois de la ville et leur avoir fait plusieurs fois commandement de payer, chacun leur part, des deniers prêté par monsieur Marc « Laint ou Lainl ».

Ordonnance et condamnation contre la communauté de Thionville au sujet de leurs bois. Une partie des habitants refuse de payer leur cote part, nous avons donné audit doyen, acte de ces diligences à faire payer les refusants et nous ordonnons que les habitants seront appelés par le commandement dudit doyen à « quatre heures du matin » surquoi, lors de leur assemblée, il leur sera dit qu’ils seront incessamment contraint au paiement de la somme portée dans la condamnation et qu’alors chacun devra payer en sus le voyage de l’huissier, les intérêts et dépends, pour parvenir au paiement

Ledit maire, lieutenant comme le doyen ont requis un acte pour faire valoir leur actions d’autant que les habitants ne veulent pas payer, ni obéir au commandement du maire qui leur a déjà fait plusieurs fois lors des assemblées qui ont lieu devant l’église paroissiale pour délibérer des affaires de la ville.

1703 - Les corps de métiers se rebiffent !

Signé par le maire, Jean Damin, l’échevin, Nicolas Lhoste, le doyen, Jacques Guillaume

Il faut savoir que les thionvillois avait la réputation de gens difficiles à manier !

NB :

En 1701, les officiers de l’hôtel de ville étaient

Le maire :

François George, seigneur de la Grange, de Meilbourg et Macquenom, colonel de la milice bourgeoise de Thionville.

Les échevins :

Jean Hilt

Louis Latouche

Martin Bonjean

Nicolas Louis

Louis Larminat. [1]

Plus tard, vers le milieu du 18ème siècle nous avons une liste succincte des corporations de Thionville, elles semblent moins nombreuses et parfois regroupées un peu différemment :

Boulangers

  • Bouchers
  • Chirurgiens
  • Maréchaux
  • Maçons, Charpentiers, recouvreurs
  • Merciers, huiliers, ciriers, rôtisseurs
  • Tailleurs d’habits
  • Tisserands

[1] Il acheta le 29 décembre 1710, la charge de subdélégué de l’intendant de Metz qui venait d’être créée. Ce problème de charge achetée ne "colle" pas avec les informations connues sur la famille Larminat, mais je verrais cela et je vous en ferai part.

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1703/1714//1728 – Thionville - Coup de pied, mariage et enterrement

Publié le par Michel Persin

Coup de pied

Monsieur le lieutenant général civil et criminel au bailliage et siège royal de Thionville

Supplie humblement, André Blondin, maître boulanger, bourgeois de cette ville, disant que le jou d’hier, treizième du présent mois, François Vesque, aussi boulanger de cette ville, étant entré dans la maison du suppliant, André Blondin, et y ayant trouvé trois ou quatre des amis et confrères dudit Blondin, il se serait d’abord joint à eux et bu avec eux trois ou quatre verres de vin. Il voulait continuer de boire, mais André Blondin s’étant aperçu qu’il avait déjà bu auparavant et qu’il pouvait dans la suite troubler la joie, il lui aurait donc refusé de lui faire donner du vin avec d’autant plus de raison qu’il en demandait avec des termes daigneux [1] et blessant l’honnêteté.

Sur ce refus, sortant de la chambre, il aurait menacé André Blondin en lui disant :

« Tu me le payeras ! »

Puis, sans provocation de la part dudit Blondin et ayant aperçu sa femme qui avait allumé une chandelle pour l’éclairer et lui ouvrir la porte de la maison pour le faire sortir, il se serait retourné sur le seuil et lui aurait allongé un grand coup de pied dans le ventre qui lui aurait fait pousser un grand cri et lui aurait donné de la fièvre la nuit et l’aurait mis en danger, d’autant qu’elle était enceinte de cinq ou six mois. Voilà ce qui oblige André Blondin à se pourvoir devant la justice.

Sur cet incident, monsieur le lieutenant général fait adjonction au procureur du roi de faire examiner l’épouse d‘André Blondin par le chirurgien juré de la ville et de la faire panser et médicamenter.

Fait le 14 janvier 170

Signé : Hue de Saint-Rémy

Le procureur du roi, fait suivre la requête pour servir ce que de raison.

Fait à Thionville le même jour

Signé: Bock

Vu la présente requête et l’action du procureur du roi, nous ordonnons qu’il sera incessamment par nous informé du cas, circonstances et dépendances à l’effet de quoi seront, les témoins qu’André Blondin voudra faire entendre assignés par devant nous ce jour 14 janvier 1703, en notre hôtel, à trois heures de relevé [2] pour déposer sur les faits amenant la plainte et j’ai promis à André Blondin de faire visiter, panser et médicamenter sa femme par le sieur Metzinger, chirurgien juré de cette ville qui en dressera son rapport.

Fait le 14 janvier 1703

Hue de Saint Rémy

 

[1] Signifie méprisant, devenu par la suite dédaigneux

[2] Soit 15h

Rapport du chirurgien juré :

Rapporté par moi, maître chirurgien juré royal pour la ville et ressort du bailliage de Thionville qu’en exécution du commandement de monsieur le lieutenant général civil et criminel du 14 janvier 1703, je me suis transporté en la maison d’André Blondin, maître boulanger de la ville pour voir et visiter la dame Fanchon Falliné [1], sa femme. Laquelle j’ai trouvé gisante au lit disant être enceinte d’environ six à sept mois [2]et sentir des douleurs à la partie moyenne de la région épigastrique et aux reins pour avoir reçu du jour d’hier à ce qu’elle dit, un coup de pied dans le bas ventre sans cependant aucune marque de contusion ou plaie. Après l’avoir touchée et visitée, lui ai trouvé le pouls un peu agité et contre le mouvement naturel causé par quelques épouvantes. Elle a dit avoir encore senti remuer son enfant le jour d’hier et depuis plus rien. Voilà sa déclaration en ma présence et en celle de sa sage femme ordinaire, dame Anne marie. Je lui ai prescrit le repos et le régime convenable. Certifié être vrai en foi de quoi j’ai signé le présent rapport pour servir et valoir à la dite dame Falliné ce que de raison.

Fait à Thionville le 14 janvier 1703

Signé : Metzinger

Comment souvent du fait d’un jugement rendu par d’autres instances, nous ne savons pas quelles suites seront données à cette affaire.

Mariage :

Toutefois, lors de mes recherches sur la chapelle des lépreux à Saint-François [3], je suis tombé sur un contrat de mariage où l’on retrouve une partie des protagonistes du fait divers en question. Contrat de mariage dont la teneur suit:

« Le 21 avril 1714, sont présents en personnes, d’une part, le sieur Pierre Blondin, maître boulanger de Thionville, assisté du sieur André Blondin, aussi maître boulanger de la ville, son père, est là aussi, Pierre Braillon leur bon ami, bourgeois de Thionville. D’autre part, Marie Anne Françoise Herman, jeune fille du défunt André Herman, son père qui exerçait le métier de Boulanger en cette ville et d’Eve Kées, sa mère, à présent femme au sieur François Vesque, aussi boulanger et bourgeois de la ville, qui l’assiste avec maître Richard Dupont, prêtre primissaire [4] de la paroisse de Thionville et le sieur Hubert Huberty, marchand de la ville.

Les clauses du contrat se résument en plusieurs points :

- Qu’ils se marient au sein de leur mère l’église, apostolique et romaine, le plus tôt possible.

- Que dès leur mariage, ils mettront tous leurs biens en commun.

- Le futur époux a constitué une dot de 500 livres tournois à prendre sur les biens de la succession qu’il a hérité au décès de sa mère, Françoise Falinette.

- Le père du futur époux, André Blondin, versera sous huitaine après les noces une somme de 300 livres tournois.[5]

 

[1] Ou Fallinette ou encore Falignet suivant l’humeur du scripteur

[2] Le mari André Blondin annonce lui entre cinq et six mois.

[3] L’histoire de cette chapelle devrait être éditée pour Pâques 2017

[4] De « primisarius » chargé de dire la première messe du jour.

[5] Repoussé au mois de juin prochain

- François Vesques et Eve Kées, sa deuxième femme, promettent de constituer pour dot en avancement d’héritage à ladite future épouse, Marie Anne Herman, une somme de 500 livres tournois payable le lendemain des noces.

De plus pour l’habiller convenablement, ils lui verseront 100 livres, ils lui donneront aussi des meubles, de fins draps et de fines nappes, une douzaine d’assiettes, trois plats, un pot pinte et chopines en étain fin et la batterie de cuisine, auquels ils ajouteront un bois de lit avec matelas et couverture.

Le présent contrat de mariage passé à Thionville le 21 avril 1714 et signé de tous sauf Eve Kées qui ne sait pas écrire.

Comme on peut le voir nous retrouvons là les principaux protagonistes du fait divers, je veux citer :

- André Blondin et son épouse Françoise Falinette qui avait reçu le coup de pied au bas ventre.

- François Vesque le donneur de coup de pied.

C’est à dire qu’onze ans après les faits, le fils d’André Blondin, Pierre [1], se marie avec Marie Françoise Herman qui est la fille d’Eve Kées, veuve d’André Herman, à ce jour remariée avec François Vesque, le donneur de coup de pied à la mère du futur époux.

On peut remarquer aussi que Pierre Blondin était déjà né lors de cette affaire de coup de pied et que ce n’est pas lui qui était en gestation.

La punition pour ce coup de pied n’a pas dû être trop sévère et la rancune peu tenace. A leur décharge, les intérêts à s’allier entre familles du même corps de métier [2] étaient alors très importants et l’on pouvait bien passer, sur une soirée trop arrosée.

Enterrement :

Pour en revenir à la chapelle des lépreux de Saint-François, on trouve le décès d’André Blondin, maître boulanger à Thionville, le 26 avril 1728, et son inhumation dans la chapelle de Saint-François.

Pourquoi une inhumation dans cette chapelle ?

Simplement en vertu du fait que la famille Herman a été à une époque propriétaire de cette chapelle. (A voir en détail dans l’ouvrage à venir sur cette chapelle)

 

[1] Pierre Blondin s’était marié le 9 novembre 1706 avec Marie Thuilier avant cette seconde noce

[2] On notera que la famille Kées était aussi une famille de meuniers bienvenue dans une famille de boulangers

Acte de décès d'André Blondin

Acte de décès d'André Blondin

NB :

- Etienne Hue de Saint-Rémy, lieutenant général civil et criminel, au bailliage de Thionville époux d’Agnès Bock.

- Jean Mathias Bock, procureur du roi au bailliage De Thionville, subdélégué de l’intendant de Metz, seigneur foncier de Volkrange, célibataire.

André Blondin est en 1703, le maître de la confrérie des boulangers de la ville de Thionville, à ce titre, il fera partie du regroupement de l’ensemble des corps de métiers de la ville pour demander à Jean Larminat, conseiller du roi, receveur des amendes et espèces du bailliage, d’aller à Paris plaider leurs causes. (Nous verrons cela dans un article à venir)

Signature d'André Blondin comme maître de la confrérie des Boulangers

Signature d'André Blondin comme maître de la confrérie des Boulangers

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1704/1783 - THIONVILLE - Trois documents originaux

Publié le par Persin Michel

1704 - Le transfert d’une prisonnière à Metz
1705 - La vente des seigneuries
 1783 - Le libraire licencieux 

1704 - Transfert d’une prisonnière de Thionville à Metz

Un acte du 11 août 1704, nous donne un aperçu de la manière dont se faisait le transfert d’une prisonnière de Thionville à Metz pour son procès.

«Le 11 du mois d’août 1704, par devant nous Estienne Hue de Saint-Rémy, escuyer, conseiller du roi et lieutenant criminel au bailliage et siège royal  de Thionville, étant en la chambre criminelle est comparu le procureur du roi qui a dit qu’il a fait afficher et apposer à la porte de cet auditoire, qu’il sera aujourd’hui procédé au bail au rabais de la conduite d’Anne Arnous, prisonnière en la prison de notre conciergerie de Thionville, pour être menée sous bonne et sûre garde en la conciergerie du parlement de Metz, pour son procès requérant sa comparution.

Nous avons donné acte au procureur du roi de sa requête et avons ordonné qu’il soit présentement procédé à l’attribution du bail au rabais et avons fait lire à haute et intelligible voix ladite affiche par le sieur Barthel, huissier de service.

Après quoi, l’huissier a mis la conduite de ladite Anne Arnous à la conciergerie du parlement de Metz pour son procès aux enchères qui suivent :

Bail mis à prix à 50 livres

Collignon propose 45 livres

Chabot propose 42 livres

Niclou propose 40 livres

Collignon propose 38  livres et 10 sols

Chabot propose 37 livres

Collignon propose 36 livres

Personne ne venant rabaisser le bail, celui-ci est alloué au sieur Collignon qui devra donc mener ladite prisonnière, Anne Arnous, à son procès au parlement de Metz et la remettre en la conciergerie du parlement en assurant une bonne et sûr garde. La dite prisonnière lui sera remise en main propre et le tout noté sur le registre.

NB : Il est intéressant de constater qu’il y a plus de 300 ans, le transfert de prisonnier de Thionville à Metz était sous-traité à des particuliers, moyennant finances et garanties données par le particulier ayant remporté l’offre.

1705 – La vente des seigneuries de la prévôté de Thionville

« Le 14 mars 1705, examen par le lieutenant général et les conseillers du bailliage au siège royal de la ville, de la remontrance fait par le procureur du roi audit bailliage disant que l’édit de sa majesté ayant ordonné la vente et l’aliénation à titre d’inféodation et de propriété « incommuable » des justices et seigneuries des paroisses ordinaires du royaume, la plupart de celle de la prévôté de Thionville ayant été adjugées à différents acquéreurs et lesquels au lieu de se faire recevoir et installer en possession et jouissance par les officiers de sa majesté ainsi qu’il est dit au contrat de vente de messieurs les commissaires généraux et conformément à l’édit du roi du mois de juillet 1704 concernant les justices seigneuriales et quoi que ces règlements qui ne peuvent être ignorés par les acquéreurs, lesdits acquéreurs se sont mis en possession eux même ou par un sergent non commissionné.

Ils ont créé des maires et des gens de justice au mépris de l’édit du roi aussi il est requis du procureur du roi de faire réprimer pareils entreprises et que les possessions prises par les acquéreurs de Koenisgmacker, Terville, Elange, Boulange, Gandrange, Volkrange, Beuvange et d’autres lieux soient déclarés nulles avec défense aux maires et gens de justice créés par les dits acquéreurs d’exercer aucune fonction de leur office à peine de faux, les sergents qui les ont mis en possession sans aucune commission seront condamnés chacun à trois livres d’amende avec défense de ne plus récidiver sauf aux acquéreurs qui doivent se pourvoir pour leur installation et réception des maires et gens de justice ainsi qu’il est ordonné et que le jugement qui interviendra soit signifié aux acquéreurs et aux maires et gens de justice afin de s’y conformer.

Nous membres du bailliage en égard à la remontrance du procureur du roi et y faisant droit, nous avons déclaré et déclarons kes possessions prises par les acquéreurs des justices et seigneuries des paroisses de Koenisgmacker, Terville, Elange, Boulange, Gandrange, Volkrange, Beuvange et autres lieux dépendants du bailliage de Thionville, nulles, défendons aux maires et gens de justice de ces lieux d’exercer leurs offices sous peine de faux et d’arbitraire . De même nous condamnons les sergents ayant mis en possession les acquéreurs sans la mission de le faire d’une amende de trois livres et de défense de récidiver sous peine d’interdiction. Nous demandons aux acquéreurs de se pourvoir et ordonnons aux acquéreurs et gens de justice d’attendre d’être signifiés du jugement d’acquisition qui sera rendu ».

Ce texte est en deux parties, la première est une remontrance faite par les officiers royaux au bailliage de Thionville expliquant que certains acquéreurs de seigneurie dépendant dudit bailliage, ont une fois acté leur achat, nommés leur maire et leurs échevins, leur sergent et bangardes sans en référer aux officiers royaux et sans leur autorisation. Or l’administration royale avait prévu un contrôle sur ces acquisitions en terme de paiement effectif du montant de la seigneurie acquise et un contrôle sur les nominations du maire et des gens de justice. N ‘oublions pas que certaines seigneuries avait été acquises par deux seigneurs [1], qui nommaient chacun leur maire et gens de justice au sein du même village avec les inconvénients pouvant en découler.

La deuxième partie n’est que la confirmation de la remontrance par les membres du bailliage qui de toutes les façons n’avaient pas le pouvoir d’aller contre les officiers royaux.

On demanda donc aux gens de justice ainsi nommés de ne pas exercer leur fonction et aux acquéreurs de se pourvoir en justice pour demander la validation par les officiers royaux de leur acquisition avant de pouvoir créer et nommer leur maire, leurs échevins, sergent et autres. En fait le roi et son administration mettaient les choses au point et l’église au milieu du village.

Le roi avait vendu ses seigneuries mais restait le maître et les futurs seigneurs qui pour la plupart étaient d’anciens militaires, petits nobles ou plus simplement des bourgeois, commerçants de la ville comprirent vite quelle était leur place. Beaucoup qui s’étaient  endettés pour ce titre de seigneur déchantèrent bien vite, les rentes, droits et cens divers n’étaient souvent pas payés par des paysans pauvres ou par des laboureurs plus riches, mais chicaneurs et procéduriers. La mésentente était fréquente entre les co-seigneurs et le morcellement des propriétés lors des successions n’arrangeait rien. De ce fait, beaucoup de seigneuries furent revendues plusieurs fois en quelques dizaines d’années [2].

La vente des seigneuries du royaume avait atteint son but, renflouer les caisses royales mais fut souvent un marché de dupe pour les acquéreurs.

Ci-dessous, la déclaration de l’achat de la seigneurie de Terville-Elange par le sieur Jean de la Martinière de Thionville [1] pour une somme de 12760 livres et pour un rapport annuel théorique [2] de 500 livres, en cens, rentes et droits seigneuriaux divers, soit à minima 25 ans pour amortir l’achat. En 1722, la seigneurie sera vendue à Marie Anne Léopold de Neuhof, veuve de André Brandenbourg de Breyfeillac, comte de Trévoux et ses deux enfants la revendront en 1763, à Benoît Nicolas Wolter de Neurbourg, déjà seigneur de Cattenom, pour la somme de 18714 livres qui lui seront remboursé par le roi qui avait entre temps repris les domaines.[3]

Donc, entre 1704 et 1770, la seigneurie de Terville/Elange ne s’est valorisée que de 5954 livres soit d’environ 100 livres par année !

 


[1] Il est commissaire garde du parc d’artillerie de Thionville

[2] Théorique car de nombreux droits et cens n’étaient pas payés ou avec énormément de retard à cause des mauvaises récoltes, des guerres et des épidémies.

[3] Voir « Terville, Histoires retrouvées » par Michel Persin 2013


[1] Un seigneur haut-justicier et un seigneur foncier comme à Volkrange avec l’incident qui en avait découlé lors de la fête du village.en

[2] Ainsi entre 1705 et 1789, la seigneurie de Veymerange eut plus de cinq seigneurs différents

 

Déclaration de l'achat de la seigneurie de Terville/Elange (ADM)

Déclaration de l'achat de la seigneurie de Terville/Elange (ADM)

Le libraire licencieux

« Aujourd’hui 8 avril 1783, nous Jacques Barthélémy Blouet, conseiller du roi, lieutenant générale civil et criminel au bailliage de Thionville ainsi que de la police de la ville, en procédant à l’assistance  de la réquisition de maître Antoine Collar, procureur du roi au siège de Thionville, et procédant à l’apposition des scellés chez le défunt Louis Bonin, libraire et bourgeois de Thionville, nous sommes descendu dans une cave attenante à la maison du sieur Bonin ou nous avons trouvé un coffre de chêne dans lequel il y avait des livres prohibé, c’est la raison pour laquelle nous avons fait transporter le coffre dans notre hôtel du bailliage pour en faire l’examen détaillé et en dressé l’inventaire .

Le 4 juin 1783, nous avons procédé à l’inventaire des biens du sieur Bonin, libraire de son état afin d’établir sa succession, inventaire fait sous la requête de maître Jean Joseph Delavallée, avocat au parlement de ce siège. Afin d ‘établir un inventaire le plus justement estimé, nous avons fait appel au sieur Pierre Bertrand, libraire de Thionville qui a prêté le serment qu’il s’acquitterait fidèlement de sa mission.

Nous nous sommes transporté au grenier de la maison du sieur Bonin défunt et avons commencé l’inventaire  des livres :

L’histoire de Clarisse en 4  volumes estimés à 4 sols.

La partie de chasse d’Henri IV en 4 volumes estimés à 12 sols.

(Suivent une liste de plusieurs dizaines de livres avec leur estimation)

Le 25 juin 1783, après avoir fait faire l’inventaire des livres de la boutique, nous avons fait celui du coffre avec les livres prohibés et nous en avons établi l’inventaire suivant :

10 exemplaires du livre « le système de la nature »

8 exemplaires du livre « Le mal et la liberté » de Jean Jacques Rousseau

3 exemplaires du livre « la belle allemande »

12 exemplaires du livre « Les amours de ……. »

8 exemplaires du livre « La confession du comte de *** » 1742 par Charles Pinot Duclos

4 exemplaires du livre « Le parnasse libertin »

18 exemplaires du livre « Le carillon de Cytère »

31 exemplaires du livre « Candide » de Voltaire.

36 exemplaires du livre « L’homme aux quarante écus » par Voltaire.

114 exemplaires du livre « La nouvelle Messaline » Nouvelles érotiques 1737

105 exemplaires du livre « la tourière des carmélites »

74 exemplaires du livre « Recueil de pièces galantes »

67 exemplaires du livre « Apologie de la fine galanterie »

88 exemplaires du livre « Les cinq jouissance à mourir »

7 exemplaires du livre « La putain errante » de l’Arétin

43 exemplaires du livre «L’histoire de la demoisselle B »

72 exemplaires du livre « La légende Joyeuse » de maistre Pierre Faifeu

5 exemplaires du livre « L’honnête philosophe 

NB: Beaucoup de ses livres sont pour le moins "Erotiques" les autres contestent Dieu, l'église et la morale, toutes choses fort peu appréciées par la royauté au 18ème siècle

L’inventaire terminé, nous avons mis notre cachet sur le coffre dans l’attente de la décision à prendre à son égard.

Le 24 juin 1783, le procureur du roi donne l’ordre qui suit :

« Je requiers que les livres prohibés mentionnés au procès verbal d’inventaire soit porté à la conciergerie du bailliage pour y être lacérés par l’huissier de service puis jetés au feu. »

L’ordre est exécuté le 29 juillet 1783.

Ci-dessous un exemple de livre prohibé que l'on peut encore trouver chez les bouquinistes

Le « Système de la nature » est un livre écrit en 1770, sous le pseudonyme de Jean Baptiste de Mirabaud, par le baron d’Holbach, Paul Henri Thiry (1723 à 1789) Le livre nie l’existence d’une âme et donc celle d’un Dieu. Pour lui, seul le cerveau est aux commandes et détermine la vie.

Le « Système de la nature » est un livre écrit en 1770, sous le pseudonyme de Jean Baptiste de Mirabaud, par le baron d’Holbach, Paul Henri Thiry (1723 à 1789) Le livre nie l’existence d’une âme et donc celle d’un Dieu. Pour lui, seul le cerveau est aux commandes et détermine la vie.

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